
A Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), la séduction, la drague, passe aussi par la langue. Et le français a la cote. Reportage.
Les Kinois sont réputés séducteurs, charmeurs. Pour certains comme
Ali, quand il faut aborder une fille, la langue ne compte pas beaucoup,
c’est le cœur. « Je préfère draguer en lingala. Si je drague en
lingala, je me sens à l’aise. Je me sens bien. Je sors des mots qui
sortent de mon cœur, je ne vais pas chercher très loin », dit-il.
Mais dans le milieu des jeunes Kinois d’aujourd’hui, le cœur seul ne
suffit pas. Il y a aussi la langue, la langue française et tout ce
qu’elle charrie comme arsenal de séduction. « En français, tu as la
facilité de décliner ta romance envers la fille, d’employer tous les
mots que tu as étudiés à l’école et puis dans des romans. Tu as, en
fait, la facilité de t’exprimer à l’aise », estime Eric, 19 ans.
Jeannot, rencontré sur le boulevard du 30-Juin, dans la commune de La
Gombe, s’appuie également sur la langue française, parce qu’il s’agit,
d’après lui, de conquête et il faut mettre toutes les chances de son
côté. « En français, on est prêt à faire sortir toute la poésie qu’on a apprise à l’école, dit le jeune homme. On
libère tout ce que l’on a pour convaincre, parce que là c’est comme si
vous partez pour convaincre son cœur, parce qu’il faut marquer le cœur. »
Mais il y a aussi cette autre façon de parler : un mélange du
français et du lingala, qui fait que dans une même phrase peuvent se
côtoyer allègrement plusieurs mots de ces deux langues.