Personne n'aimerait certainement se trouver à la place où le couple
Mebe Ngo'o se retrouve
aujourd'hui. On aurait dit que ce couple subit
depuis pratiquement une semaine les effets d'une malédiction qui a
décidé de s'abattre sur eux de la manière la plus violente.Tenez,après
l'époux, qui a rejoint il y'a seulement trois jours la prison centrale
de Kondengui avec au passage une séquence d'humiliation marquée par des
descentes musclées dans ses domiciles de Nkolfong par Zoetele et de
Koweït City,voici venu le tour de l'épouse de rejoindre également son
époux dans cette géhenne vivante qu'est la prison centrale de Kondengui.
Si l'ancien tout puissant MINDEF a eu le "bonheur " d'arriver à
Kondengui tard la nuit,évitant de ce fait les regards de ces milliers
de pensionnaires qui se confondent aux gueux, Bernadette,
malheureusement aura été confrontée à la dure réalité de subir la
douleur qui réside dans cette autre humiliation qu'il ya à arriver en
plein jour dans ce pénitencier. C'est le moment où tout le personnel
pénitencier est encore présent et surtout le moment où la plupart des
détenus n'ayant pas encore rejoint leurs quartiers traînent encore dans
la cour administrative appelée ici cour d'honneur.
C'est donc
aux environs de 17 heures que Bernadette Mebe Ngo'o,vêtue d'une robe en
bazin de couleur jaune et d'un foulard violet, frôle l'entrée de la
prison centrale de Kondengui. Elle est conduite dans le bureau du
régisseur qui,après un bref entretien la fera accompagner dans le petit
bureau qui jouxte le sien et qui abrite les services du greffe de la
prison afin de procéder à sa nouvelle identification qui l'accompagnera
durant tout le temps qu'elle y passera dans ce lieu.
Une fois
terminée cette phase,l'on fait venir une jeune infirmière gardienne de
prison pour lui prélever ses paramètres à consigner dans son bulletin de
santé .C'est à ce moment précisément que Bernadette s'effondre en
larmes.En fait,elle venait de se rendre compte qu'elle faisait l'objet
d'un véritable festin de regard et de chuchotements aussi bien de la
part des gardiens de prison que des détenus qui traînaient par là. Elle
n'empêchera pas ses larmes de ruisseller malgré le mouchoir que va lui
tendre à plusieurs reprises la jeune infirmière occupée à l'entretenir .
Aux environs de 18 heures, deux gardiens de prison viennent lui
faire signe de les suivre à la grande cour de la prison afin qu'elle
aille prendre ses quartiers.Mais au lieu de prendre la route du quartier
feminin, les gardes la conduiront plutôt dans la salle réservée à
l'atelier de couture collée au quartier 13 ou était logé Marafa Hamidou
Yaya avant sa mutation pour le SED.
La raison de cet arrêt
momentanné est toute simple.Le quartier 5 qui est un quartier
exclusivement réservé aux détenues femmes est saturé. Ce quartier
compte 07 locaux.L'effectif total ici tourne autour de 300
pensionnaires femmes,ce qui oblige la plupart à dormir dans la petite
cour intérieure dudit quartier sur des nattes et des tissus.Sur les 07
locaux que compte ce quartier, 05 sont considérés comme le Kosovo
c'est-à-dire réservés au tout venant et les deux autres réservés à
celles des détenues jouissant soit d'un certain confort financier ou
d'un statut social reconnu. Dans les 05 premiers locaux ,on retrouve
parfois 30 à 40 femmes qui dorment dans un seul local avec deux qui
partagent le même petit matelas d'une place,d'où la forte recrudescence
du lesbianisme ici.Les deux autres locaux 6 et 7 dits VIP, eux
contiennent 14 personnes par local .
C'est donc cette raison qui
amène les autorités pénitentiaires à marquer un arrêt avec Bernadette
Mebe Ngo'o dans la grande salle de couture en attendant de lui frayer
une place dans cette petite jungle du quartier 5.
30 minutes plus
tard ,c'est-à-dire aux environs de 18h30, une place a pu être trouvée
au local VIP 6 du quartier 5.On à fait muter une jeune dame dans un
autre local pour céder la place à Bernadette , sauf qu'elle ne sait pas
encore ce qui lui attend.Elle n'était là qu'au début de ses surprises.
Le temps pour elle de prendre sa valisette et de suivre les gardes qui
l'accompagnent,elle longe le mur du quartier spécial 14,collé au
quartier 5, ou est détenu son prisonnier d'époux et se retrouve
désormais devant le petit portail qui donne au quartier 5 dit quartier
feminin et appelé par les détenus de kondengui "Le Ngass", c'est alors
que quelque chose de traumatisant va se produire pour elle.
En
fait,toutes les prisonnières du quartier 5 étaient sorties de leurs
locaux et avaient pour certaines des couvercles de marmites ,des
cuillères, des babouches ,pour d'autres des balais et autres ustensiles
de cuisines et en choeur, à la vue de Bernadette ,vont se mettre à crier
de façon hystérique : " Voleuse ! Voleuse ! Voleuse ! ! "
Alors
que les gardes, débordés essayent de les en dissuader par des
menaces,nos détenues femmes comme envoûtées s'adonnent de plus belle à
cet exercice , et cette fois là, on pouvait entendre des :" Houhouhou
voleuse ! Houhouhou voleuse! Houhouhou voleuse!"
Ces cris
moqueurs des autres femmes auront été si forts que le signal va être
donné au mirador central pour déclencher l'alarme. Quelque temps après
,sans que le calme ne soit véritablement revenu, les gardes réussiront à
se frayer un passage dans cette petite cour intérieure du quartier 5
pour aller installer Bernadette Mebe Ngo'o dans le local 6 tout en lui
demandant de garder sa maîtrise mais trop tard.
Se croyant dans
un mauvais rêve qui n'en finissait pas,elle va encore s'effondre en
larmes cette fois là, en poussant des grands cris effroyables! Lassés de
la consoler,les pauvres gardes finiront par solliciter l'intervention
du régisseur pour venir calmer la nouvelle pensionnaire.Exercice qui ne
sera pas aisé jusque tard dans la nuit!
Par David Eboutou