Le scandale lié aux fuites dans la presse concernant la décision d'autoriser une participation de Huawei au réseau 5G au Royaume-Uni ébranle depuis plus d'une semaine le gouvernement britannique.
La
Première ministre Theresa May a limogé mercredi 1er mai son ministre de
la Défense en raison de son implication dans les fuites concernant la
décision britannique d'autoriser une participation de l'équipementier
chinois Huawei au réseau 5G.
"La Première ministre a demandé ce
soir à Gavin Williamson de quitter le gouvernement, après avoir perdu
confiance dans sa capacité à assumer les fonctions de ministre de la
Défense et de membre de son cabinet", a indiqué dans un communiqué
Downing Street, précisant que la cheffe du gouvernement avait été
"informée de (la) conduite" du ministre à l'issue d'une enquête sur ces
fuites.
Dans une lettre envoyée à son ministre, Theresa May écrit
avoir des "preuves irréfutables" de sa responsabilité, ajoutant qu'il
n'y a "aucune autre version crédible des événements pour expliquer cette
fuite". La dirigeante conservatrice a qualifié l'affaire d'"extrêmement
grave et de profondément décevante".
Dans une lettre à Theresa
May publiée sur son compte Twitter, M. Williamson "nie vigoureusement"
toute responsabilité. Il a affirmé à SkyNews que son limogeage était une
"décision prise pour des raisons politiques". M. Williamson, 42 ans,
est remplacé par la ministre au Développement international,
l'eurosceptique Penny Mordaunt, a également annoncé Downing Street. Mme
Mordaunt, 46 ans, devient la première femme à obtenir ce poste
stratégique.
Réserves de plusieurs poids lourds du gouvernement
Le
scandale lié aux fuites dans la presse concernant la décision
d'autoriser une participation de l'équipementier chinois Huawei au
réseau 5G au Royaume-Uni ébranle depuis plus d'une semaine le
gouvernement britannique.
Tout avait commencé avec l'annonce, dans le quotidien The Telegraph,
de la décision prise par Theresa May d'autoriser le groupe chinois à
participer de manière limitée au déploiement de la 5G, malgré les
avertissements des États-Unis qui soupçonnent le fabricant d'espionnage
pour le compte de Pékin. Huawei ne serait pas impliqué dans le coeur du
réseau mais sur des infrastructures moins sensibles, comme les antennes,
selon le choix qu'aurait fait Mme May, en dépit des réserves de
plusieurs poids lourds du gouvernement.
Ce feu vert aurait été
donné lors d'une réunion du Conseil de sécurité nationale (National
Security Council, NSC), composé de ministres et de hauts responsables de
la sécurité, et présidé par Theresa May. Les participants de cette
réunion sont tenus à un devoir de confidentialité selon le "Official
Secrets Act".
La fuite, alors que la décision officielle du
gouvernement est attendue d'ici le mois de juin, a conduit le secrétaire
du cabinet Mark Sedwill, le plus haut fonctionnaire du Royaume-Uni, à
écrire aux personnes présentes à la réunion pour leur demander si elles
en étaient ou non responsables. Il a étendu sa requête à l'ensemble des
conseillers des ministres et à tous les fonctionnaires ayant eu accès à
l'information.
Affaire "épouvantable"
Cette affaire
survient alors que les membres du gouvernement britannique soignent leur
image pour se positionner en tant que successeur potentiel à Theresa
May, très affaiblie dans son camp par sa gestion du dossier du Brexit,
et qui a d'ores et déjà annoncé qu'elle démissionnerait dès qu'un accord
de divorce avec l'UE serait approuvé au parlement.
Le ministre
des Affaires étrangères Jeremy Hunt, considéré comme l'un des favoris
dans la course pour remplacer Theresa May, avait été le premier à nier
toute responsabilité dans cette affaire qu'il a qualifiée
d'"épouvantable". Il avait rapidement été imité par plusieurs de ses
collègues, dont Gavin Williamson lui-même.
M. Williamson avait été
nommé en novembre 2017 à la Défense, remplaçant à ce poste Michael
Fallon, lui-même emporté par un scandale de harcèlement sexuel. Son
arrivée à l'un des postes les plus stratégiques du gouvernement avait
fait grincer des dents jusque dans les rangs de son parti, certains élus
doutant de son expertise sur les question militaires.
En février,
sa volonté affichée de déployer un porte-avion dans le Pacifique avait
provoqué la colère de Pékin, contraignant son homologue des Finances à
annuler une visite en Chine.
Challenges.fr Avec AFP