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L'aggravation des
relations entre l'Iran et les USA pourrait provoquer un conflit au
Moyen-Orient.
Washington renforce son contingent dans la région et invite ses citoyens présents dans les pays arabes à faire preuve de vigilance. Le gouvernement iranien appelle la population à la résistance. Cela accroît l'incertitude sur les marchés pétroliers.
Washington renforce son contingent dans la région et invite ses citoyens présents dans les pays arabes à faire preuve de vigilance. Le gouvernement iranien appelle la population à la résistance. Cela accroît l'incertitude sur les marchés pétroliers.
Le
15 mai, le département d'État américain a ordonné d'évacuer son
personnel diplomatique non-essentiel de l'ambassade de Bagdad et du
consulat d'Erbil (Kurdistan irakien), rappelle le quotidien Kommersant.
La cause n'est pas précisée, mais dimanche déjà le département d'État
américain préconisait aux Américains de ne pas se rendre en Irak à cause
de la «tension accrue» dans le pays. Les ambassades américaines au
Liban, en Irak et aux Émirats arabes unis (EAU) ont également averti les
citoyens américains du renforcement de la tension dans la région.
En
début de semaine dernière, les représentants du Commandement central
des forces armées américaines (CENTCOM) ont déclaré que l'Iran préparait
potentiellement une attaque contre le contingent américain au
Moyen-Orient. Au même moment, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo
annulait sa visite en Allemagne pour se rendre à Bagdad. D'après lui,
ce voyage avait pour objectif d'informer les responsables irakiens du
«flux croissant de menaces» émanant d'Iran.
Début mai, le conseiller du Président américain à la sécurité
nationale John Bolton a annoncé l'envoi dans le golfe Persique d'un
groupe aéronaval autour du porte-avions USS Abraham Lincoln. Les médias
américains, se référant aux services de renseignement, rapportaient
alors une menace émanant des forces iraniennes et pro-iraniennes pour
les soldats américains en Syrie, en Irak et dans le golfe Persique.
D'après les médias, c'est l'Iran qui est soupçonné par les USA de
l'attaque de dimanche visant des cargos dans la zone économique
exclusive des EAU, qui a entraîné un sursaut du prix du baril. Cette
diversion a été suivie mardi par une attaque de drones contre des
stations de pompage de pétrole en Arabie saoudite. L'attentat a été
revendiqué par le mouvement houthi Ansar Allah, accusé de relations avec
l'Iran.
Les sanctions américaines contre les importateurs de pétrole iranien ajoutent à l'incertitude qui règne actuellement sur le marché. D'après le Président iranien Rohani, la situation dans laquelle les Iraniens se sont retrouvés est encore pire qu'à l'époque de la guerre Iran-Irak de 1980-1988 — l'une des périodes les plus difficiles dans l'histoire du pays.
Ce
15 mai, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a prédit dans son
rapport mensuel une chute de la production pétrolière iranienne à cause
des sanctions américaines au niveau le plus bas depuis la guerre
Iran-Irak.
Techniquement, c'est déjà le cas. Selon l'Opep, en avril, la
production en Iran a diminué jusqu'à 2,55 millions de barils par jour,
ce qui est le chiffre annualisé le plus bas depuis 1989. L'AIE estime
les exportations pétrolières iraniennes en avril à 1,3 million de barils
par jour, soit deux fois moins par rapport à 2018. En 2014, quand
l'embargo pétrolier contre l'Iran était soutenu non seulement par les
États-Unis, mais également par les pays de l'UE, la production
pétrolière iranienne était largement plus élevée qu'aujourd'hui —
environ 3,1 millions barils par jour.
Toutefois, les informations sur la production et les exportations sont recueillies à partir de sources secondaires, alors que l'Iran a cessé de fournir à l'Opep des informations sur sa production depuis le dernier trimestre 2018, après l'entrée en vigueur des sanctions américaines. Étant donné que l'une des principales méthodes de l'Iran pour contourner les sanctions consiste à échanger son pétrole contre celui d'un autre pays du Golfe (en général de l'Irak, dont les ports délivrent de faux documents pour le fret), les informations secondaires peuvent être sous-estimées. Ainsi, en avril, la production iranienne a baissé de 164.000 barils par jour, alors que celle de l'Irak a augmenté de 113.000 barils par jour.
Dans
l'impossibilité d'augmenter les fournitures pétrolières, Téhéran est
particulièrement intéressé par la hausse du cours pétrolier.
L'augmentation du baril de 1 dollar accroît théoriquement ses revenus
pétroliers de 1,3 million de dollars par jour. Par exemple, l'attaque
contre les cargos saoudiens dans les eaux émiraties ce 13 mai a fait
monter le prix du baril d'environ 2 dollars, jusqu'à 72,5 dollars, avant
de chuter jusqu'à 70,5 dollars malgré l'attaque contre l'oléoduc en
Arabie saoudite.
L'Europe et la Russie craignent toutes les deux le scénario militaire.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.
Les sanctions américaines contre les importateurs de pétrole iranien ajoutent à l'incertitude qui règne actuellement sur le marché. D'après le Président iranien Rohani, la situation dans laquelle les Iraniens se sont retrouvés est encore pire qu'à l'époque de la guerre Iran-Irak de 1980-1988 — l'une des périodes les plus difficiles dans l'histoire du pays.
«Pendant la guerre nous n'avions pas de
problèmes avec nos banques, ni avec la vente de pétrole, les
importations et les exportations», dit-il. Alors que l'ayatollah
Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique, appelle à mener une
dure politique de «résistance» basée sur la recherche de solutions pour
contourner les sanctions, renforcer les forces armées et promouvoir les
intérêts iraniens dans la région.
Toutefois, les informations sur la production et les exportations sont recueillies à partir de sources secondaires, alors que l'Iran a cessé de fournir à l'Opep des informations sur sa production depuis le dernier trimestre 2018, après l'entrée en vigueur des sanctions américaines. Étant donné que l'une des principales méthodes de l'Iran pour contourner les sanctions consiste à échanger son pétrole contre celui d'un autre pays du Golfe (en général de l'Irak, dont les ports délivrent de faux documents pour le fret), les informations secondaires peuvent être sous-estimées. Ainsi, en avril, la production iranienne a baissé de 164.000 barils par jour, alors que celle de l'Irak a augmenté de 113.000 barils par jour.
«Je ne pense pas que l'Iran ait pu oser une
diversion contre les cargos juste pour influer sur le prix du baril.
C'est un coup à se faire attaquer», analyse Vladimir Sajine de
l'Institut d'études orientales affilié à l'Académie des sciences de
Russie. Mais il n'exclut pas qu'en Iran «certaines forces pourraient
théoriquement se décider à aggraver la situation». Et les États-Unis
joueraient en faveur de ces forces.
L'expert rappelle qu'en avril l'Iran a inscrit le CENTCOM sur la
liste des organisations terroristes en réponse à la décision similaire
de Washington visant le Corps des gardiens de la révolution islamique
(CGRI).
«En fait, les Iraniens ont rendu légitime la
lutte contre les militaires américains, qui sont désormais des
terroristes à leurs yeux. Washington a lui-même provoqué l'escalade dans
la région, tout comme dans l'ensemble la tension de la situation autour
de l'Iran. Tout a commencé il y a un an quand les États-Unis se sont
retirés de l'accord nucléaire — le Plan d'action global commun. Depuis,
la situation n'a fait qu'empirer. Il n'y aura pas de grande guerre entre
les USA et l'Iran. Mais cela ne signifie pas qu'un incident accidentel
n'entraînera pas une escalade du conflit», estime Vladimir Sajine.
«Un événement accidentel pourrait entraîner un
conflit, même si aucune partie n'y aspire», a déclaré en début de
semaine le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt.
C'est également l'avis du Président autrichien Alexander Van der Bellen.
«Si les Américains durcissaient leur pression sur l'Iran, il y aurait
un grand risque d'apparition d'une nouvelle crise comparable à celle de
l'Irak. Personne, en UE, ne le souhaite», a-t-il déclaré à l'issue de
son entretien avec Vladimir Poutine à Sotchi. Le Président autrichien a
également qualifié les nouvelles sanctions américaines contre l'Iran de
«provocatrices».
Le chef de l'État russe, pour sa part, a exprimé son regret
concernant la «destruction» du Plan d'action. Moscou n'exclut pas que
l'escalade autour de l'Iran ne fera que s'intensifier.Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.
Par sputnik