Après trois ans d’exil, l’opposant congolais est rentré à Lubumbashi, lundi 20 mai. Un retour inimaginable sous Joseph Kabila et signe de la détente observée dans le paysage politique depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi. Comment Moïse Katumbi va-t-il se positionner ? Quel rôle va-t-il jouer dans l’opposition ? Notre envoyée spéciale s’est entretenue avec lui.
Malgré son retour en RDC,
Moïse Katumbi l’assure : il ne convoite aucun poste au gouvernement et
sa place est bel et bien dans l’opposition. Une opposition « républicaine », mais « stricte ». Il se pose ainsi en « sentinelle du peuple congolais ».
« Ce
qui est important pour moi, c’est que le nouveau président puisse
changer ce pays. Est-ce qu’il va oublier le peuple ? Je ne crois pas, affirme-t-il.
Nous, nous sommes de l’opposition, nous allons l’aider à changer le
pays. Mais nous allons condamner là où il faut condamner. Nous serons
une opposition exigeante. »
Un message qui s’adresse également au tout nouveau Premier ministre nommé lundi, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, qu’il a bien connu du temps où il était gouverneur de l’ex-Katanga. « C’est quelqu’un de bien, c’est un grand bosseur, estime-t-il. J’espère qu’il va écouter la population, l’aider aussi à sortir de la médiocrité. »
Quel avenir pour Lamuka ?
À
peine rentré d’exil, et comme il l’avait fait à l’automne 2015 peu
avant sa disgrâce, Moïse Katumbi met aussi en garde les autorités du
pays contre toute velléité de modifier la Constitution. « Ils
veulent toucher à la Constitution, aller au suffrage indirect pour la
présidentielle. Nous ne serons jamais d’accord avec ça, prévient-il. La population congolaise veille à ça, et nous tous de l’opposition nous n’accepterons jamais ça. »
Comment compte-t-il s’y prendre sans disposer d’une majorité au Parlement ? « Le vrai Parlement c’est la population congolaise, répond Moïse Katumbi. Et ce ne sont pas des députés nommés qui vont nous faire peur. »
Et
quel avenir pour la coalition Lamuka, dont il fait partie ? Aucun des
leaders de cette coalition n’était présent lundi pour l’accueillir à
Lubumbashi, même si plusieurs se sont fait représenter, dont Martin
Fayulu.
Mais depuis quelques semaines leur positions divergent.
Tandis que Moïse Katumbi plaide pour une opposition contructive, Martin
Fayulu continue lui de revendiquer la victoire et de réclamer le départ
de Félix Tshisekedi au nom de la vérité des urnes. Visiblement, tout le
monde n’a pas la même vision des objectifs défendus par cette coalition.
"Je ne suis pas la Cour constitutionnelle : le passé est le passé, allons de l'avant" Moïse Katumbi