
Yves Michel Fotso reviendra-t-il au Cameroun ? L’ancien administrateur directeur général (Adg) de
la Cameroon Airlines
Corporation (Camair), a selon des sources proches du dossier, assuré
l’Etat de son retour au pays, au terme d’une période maximale comprise
entre 45 et 60 jours. Un délai qui correspond au temps évalué par
l’hôpital américain de Paris (nous y reviendrons), comme étant
nécessaire pour le soigner.
Bénéficiaire d’une évacuation
sanitaire qui lui a permis de quitter le Cameroun dans la nuit de
dimanche au lundi 19 août 2019, l’ancien patron de la Camair
séjournerait donc depuis lors au Maroc. Pour autant, le royaume
chérifien est-il un lieu de transit ou le point de chute de Yves Michel
Fotso ? Difficile d’y répondre. Seule certitude cependant, le dossier
médical de l’ex-Adg de la Camair avait été étudié par l’hôpital
américain de Paris où il était attendu jusqu’à cinq jours avant son
départ présumé Yves pour le Maroc.
Avant cette évacuation
sanitaire, Yves Michel Fotso a séjourné pendant plus d’un mois à
l’hôpital de la Caisse à Yaoundé. Si l’évacuation sanitaire d’Yves
Michel Fotso fait autant jaser, c’est en partie en raison de la question
: qui a payé ? L’on sait que l’Etat n’a sorti aucun franc pour celui
qu’il accuse d’avoir détourné la somme de 32,4 milliards FCFA dans le
cadre de l'achat foireux de l'avion présidentiel. L’on sait aussi que
l’ex-patron de la Camair a dit ne disposer de ressources financières en
raison du blocage de ses comptes bancaires.
Selon notre source,
cette évacuation sanitaire a été financée principalement par le produit
de la pression qu’a exercé les pouvoirs publics en particulier sur deux
débiteurs de Yves Michel Fotso. Le premier est un parlementaire qui lui a
versé une avance d’environ un demi milliard de FCfa. Le second est une
institution publique qui s’est acquittée de sa dette à hauteur de
plusieurs millions de FCfa.
Frappé par deux condamnations à la
réclusion à perpétuité confirmées par la Cour suprême, l’évacuation
sanitaire de Yves Michel le place dans la posture de privilégié. De
fait, plusieurs autres détenus (dans le cadre de l’Opération épervier)
ont sollicité en vain cette mansuétude présidentielle. C’est le cas
notamment de Marafa Hamidou Yaya cité dans le même dossier. Des
personnalités comme Henri Engoulou et Jérôme Mendouga sont quant à elles
décédées en prison.
SÉRIEUSES GARANTIES
«Il semble
évident que Yves Michel Fotso ou ses proches, ou du moins quelqu’un
d’assez influent et crédible a dû donner de sérieuses garanties pour que
cette évacuation soit autorisée. Mais de quelles garnties s’agit-il ?
on ne peut le savoir. On peut aussi imaginer que les relations entre le
milliardaire Victor Fotso, le père de ce dernier, et Paul Biya ont
également beaucoup pesé dans la balance. Faut pas oublier que le
patriarche Fotso Victor est non seulement un soutien important de Paul
Biya dans la région de l’Ouest, mais aussi un des plus grands mécènes du
Rdpc dans le pays. Tout cela a dû compter», analyse un érudit du sérail
camerounais.
Quoiqu’il en soit, dans une certaine mesure, le
précédent Essimi Menye n’a pas fini de semer le doute dans les esprits
de certains quant à un retour de Yves Michel Fotso au Cameroun. L’on se
souvient que l’ancien ministre des Finances qui était dans l’étau des
ennuis judiciares avait bénéficié d’une évacuation sanitaire après un
séjour à l’hopital de la Caisse de Yaoundé. Celui qui est par ailleurs
ancien ministre de l’Agriculture et du Developpement rural (Minader) en a
profité pour se volatiliser. Yves Michel Fotso va-t-il prendre une
trajectoire similaire ? L’histoire nous le dira.
Par Douworé Ousmane (L'Oeil du sahel)