Un des principaux candidats à la présidentielle du 15 septembre est sous les verrous. Nabil Karoui homme d'affaires et de medias - il dirige une des principales chaines privées du pays Nessma TV - a été arrêté ce vendredi 23 août alors qu'il était en déplacement à l'extérieur de la capitale.
Sous le coup d'une procédure depuis 2016, l'homme avait été inculpé
au début de l'été pour « blanchiment d'argent » avec son frère. Mais il
avait été laissé en liberté. D'où la stupéfaction de ses proches. Ses
avocats dénoncent « une mascarade » et une procédure qui viole à la fois le code de procédure pénale et la Constitution tunisienne.
Quand
l'homme d'affaires a été inculpé, il a été laissé en liberté. Les
seules réserves posées par le juge d'instruction concernaient une
interdiction de voyager et le gel de ses avoirs financiers. Sur ces deux
derniers points, ses avocats ont fait appel.
Et c'est pour cela
que la chambre de mise en accusation s'est réunie ce vendredi. Mais
contre toute attente, elle a délivré un mandat de dépôt alors qu'elle
n'avait pas été saisie sur ce point.
L'appel des avocats s'est en quelque sorte retourné contre leur client. « Une aberration juridique » pour Kamel Ben Messaoud, le président du collectif qui défend Nabil Karoui. « La chambre d'accusation a outrepassé ses pouvoirs », explique-t-il.
La
défense du candidat déposera donc un pourvoi en cassation sans
attendre, dès lundi. Elle dénonce une arrestation politique liée à la
popularité de leur client.
Il n’y a aucun doute que la
décision a été politique, parce qu’une telle aberration ne peut être
commise par un juge impartial. C’est un juge qui est au service du
pouvoir exécutif.
Me Kamel Ben Messaoud, avocat de Nabil Karoui
En attendant d'autres développements, la candidature de
Nabil Karoui reste valable, précise de son côté l'ISIE, l'Instance
supérieure des élections. Valable tant qu'une décision de justice ne la
compromet pas. La liste définitive des candidats doit être proclamée le
31 août.