
Des dizaines de détenus séparatistes anglophones ou membres de
l'opposition ont été torturés par les
forces de sécurité après avoir été extraits d'une prison de Yaoundé à l'issue d'une mutinerie en juillet, a affirmé mardi Human Rights Watch (HRW).
forces de sécurité après avoir été extraits d'une prison de Yaoundé à l'issue d'une mutinerie en juillet, a affirmé mardi Human Rights Watch (HRW).
Le 22 juillet, des détenus de la prison centrale de Yaoundé s'étaient
mutinés pour protester contre leurs conditions de détention,
épouvantables selon eux, la surpopulation carcérale et les longues
détentions sans procès pour les anglophones, provoquant des dégâts et
des incendies dans certains locaux ainsi que des violences entre
prisonniers.
Le gouvernement camerounais avait annoncé le 3 août que 244 détenus
avaient été interpellés, leurs avocats assurant qu'une partie d'entre
eux avaient été emmenés au Secrétariat d'Etat à la Défense (SED), le
siège de la gendarmerie dans la capitale camerounaise. Ils affirmaient
également que les prisonniers transférés au SED y étaient torturés.
"Les autorités camerounaises ont détenu plus d'une centaine de
personnes au secret et torturé nombre d'entre elles" entre le 23 juillet
et le 4 août, assure HRW. "Les détenus ont été transférés vers (...) le
SED" au lendemain de l'"émeute à la prison centrale de Yaoundé le 22
juillet pour protester contre la surpopulation, les conditions de vie
désastreuses et les retards dans le traitement des dossiers devant les
tribunaux", poursuit l'ONG dans un communiqué.
HRW se base sur les témoignages de 14 détenus et plusieurs avocats.
"On nous battait deux fois par jour avec des matraques en bois et des
machettes", précise un prisonnier de 29 ans.
Selon l'organisation, nombre de ces détenus étaient soupçonnés par
les autorités "de faire partie de groupes séparatistes armés opérant
dans les régions anglophones du Cameroun ou de les soutenir". "Parmi les
autres détenus figuraient des membres et des partisans du Mouvement
pour le Renaissance du Cameroun (MRC)", l'un des principaux partis de
l'opposition.
Les deux provinces anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest sont le
théâtre depuis fin 2016 d'une contestation qui a dégénéré en
affrontements armés entre séparatistes et forces de sécurité, qui ont
fait, selon HRW, plus de 2.000 morts à ce jour.
Le SED a été dénoncé à plusieurs reprises par des ONG de défense des
droits humain pour la pratique de la torture envers des détenus.
Réagissant aux accusations de mauvais traitement et torture formulées
par les avocats, le ministre camerounais de la Communication, Emmanuel
Sadi, avait déclaré le 3 août que les détenus faisaient l'objet de
"procédures légales dans le strict respect des lois de la République",
assurant que plusieurs d'entre eux avaient été retrouvés en possession
d'armes blanches.
Par VOA Afrique