![Le Premier ministre britannique Boris Johnson devant le 10 Downing Street à Londres le 3 octobre 2019
[ISABEL INFANTES / AFP/Archives] Le Premier ministre britannique Boris Johnson devant le 10 Downing Street à Londres le 3 octobre 2019 [ISABEL INFANTES / AFP/Archives]](https://static.cnews.fr/sites/default/files/styles/image_640_360/public/5ee00d25697a682fe211fde948d22d8f60137c54.jpg?itok=_yweKM3E)
Le sort du Brexit va se jouer cette
semaine, avec d'ultimes et laborieuses tractations entre le
Royaume-Uni
et l'Union européenne pour tenter de parvenir à un accord de divorce, à
17 jours de la sortie prévue du bloc européen.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson mettra
l'accent sur sa volonté de réaliser le Brexit le 31 octobre en
présentant lundi son programme de politique nationale lors du
traditionnel discours de la reine Elizabeth II, qui marque l'ouverture
d'une nouvelle session parlementaire.
Mais Londres et l'UE se sont montrés prudents dimanche sur leurs
chances de divorcer à l'amiable, des négociations intensives à Bruxelles
durant le week-end n'ayant pas permis d'enregistrer de percée sur la
question clé de la frontière irlandaise après le Brexit.
«Il reste beaucoup de travail à faire» pour sortir de l'impasse, a
estimé dimanche Michel Barnier, négociateur de l'UE sur le Brexit.
Constat identique chez Boris Johnson. Il a estimé qu'un
accord de Brexit était toujours possible - un scénario qui a sa
préférence même s'il est prêt à sortir son pays de l'UE sans accord -,
mais qu'il restait toujours «un travail considérable à accomplir pour y
parvenir».
«L'horloge tourne»
Un diplomate européen a confirmé à l'AFP qu'il n'y avait «pas encore
de percée», suggérant que Londres devrait lâcher du lest: «si le
gouvernement britannique veut une solution, il doit agir vite. L'horloge
tourne».
Des discussions techniques se poursuivront lundi, mais il reste très peu de temps aux deux camps pour réussir.
![Le négociateur de l'UE Michel Barnier arrive à la Commission européenne à Bruxelles le 11 octobre 2019 [Kenzo TRIBOUILLARD / AFP]](https://static.cnews.fr/sites/default/files/styles/image_630/public/43e5ba3bcc5c42cdcd73981a3fb9381faa838133.jpg)
Le négociateur de l'UE Michel Barnier arrive à la Commission européenne à Bruxelles le 11 octobre 2019
[Kenzo TRIBOUILLARD / AFP]
Les dirigeants européens se réuniront jeudi et vendredi pour un
sommet à Bruxelles, présenté comme celui de la dernière chance pour
éviter une sortie de l'UE sans accord aux conséquences douloureuses, ou
un troisième report prolongeant l'incertitude sur le chemin que prendra
le Royaume-Uni après 46 ans dans le giron européen.
Dans l'idéal, les 27 voudraient avoir une proposition complète sur laquelle voter d'ici là.
Londres et Bruxelles ne parviennent pas à s'entendre sur la manière
d'éviter, après le Brexit, un retour à une frontière physique entre la
province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, qui
restera membre de l'UE, et d'ainsi préserver la paix sur l'île, qui a
connu plusieurs décennies de violences.
Depuis que son plan de Brexit présenté début octobre a été rejeté par
les Européens, Boris Johnson a présenté de nouvelles propositions à son
homologue irlandais Leo Varadkar jeudi.
Mais peu de détails ont filtré sur la manière concrète dont Londres
et Bruxelles comptaient surmonter les points de désaccord persistants,
notamment sur la manière d'éviter la mise en place de contrôles
douaniers et le droit de regard donné aux autorités nord-irlandaises
dans le mécanisme.
Selon des informations de presse, Londres a proposé que l'Irlande du
Nord forme une union douanière avec la Grande-Bretagne tout en
appartenant à une sorte de zone douanière avec l'UE. Inacceptable pour
l'UE comme pour l'allié nord-irlandais du gouvernement minoritaire
britannique, le parti unioniste DUP.
Convaincre le Parlement
S'il parvient à conclure un accord, Boris Johnson aura encore la
lourde tâche de convaincre le Parlement, très divisé sur le Brexit,
entre partisans du maintien de liens étroits avec l'UE et zélateurs
d'une coupure nette.
Les députés, qui avaient rejeté trois fois l'accord négocié par
l'ex-Première ministre Theresa May, siégeront lors d'une séance
extraordinaire le 19 octobre, potentiellement décisive pour le Brexit,
pour la première fois un samedi depuis la guerre des Malouines en 1982.
«Comparé au Parlement britannique, un sphinx égyptien est un livre
ouvert», a commenté le président sortant de la Commission européenne,
Jean-Claude Juncker.
Faute d'accord d'ici samedi, une loi adoptée en septembre impose à
Boris Johnson de demander un report de trois mois. Le dirigeant l'exclut
catégoriquement, après déjà deux reports du Brexit depuis qu'il a été
voté par référendum en juin 2016. Il n'a cependant jamais dit comment il
pourrait s'y soustraire.
Cette demande de report devra être approuvée à l'unanimité des autres
Etats membres, une requête qu'il serait judicieux d'accepter si elle
était soumise, a estime M. Juncker.
La profondeur de la crise politique est telle au Royaume-Uni que des
élections générales anticipes apparaissent inéluctables dans les
prochains mois.
Par
AFP