![Le président brésilien Jair Bolsonaro est soupçonné de corruption par la commission d'enquête du Sénat. [EVARISTO SA / AFP] Le président brésilien Jair Bolsonaro est soupçonné de corruption par la commission d'enquête du Sénat.](https://static.cnews.fr/sites/default/files/styles/image_640_360/public/000_9pu4hm-taille1200_616eae30e0d76.jpg?itok=QF0iOmSJ)
Ce document, de plus de 1.000 pages et composé de 16 chapitres, devait initialement être présenté hier, mais sa divulgation a été repoussée d’un jour à la demande des sénateurs pour des débats de dernière minute. Il doit donc être lu ce mercredi par le rapporteur Renan Calheiros.
Selon la presse brésilienne, qui a eu accès à une partie du dossier, la commission préconise l’inculpation de 70 personnes pour des délits et crimes commis dans le cadre de la crise du Covid-19. Parmi ces 70 personnes figure Jair Bolsonaro, faisant l'objet de pas moins de onze chefs d’accusation, dont charlatanisme, incitation au crime, utilisation irrégulière de fonds publics, génocide des populations indigènes, et crime contre l'humanité. Plusieurs des ministres de son gouvernement et ses trois fils doivent également être incriminés dans ce rapport.
Ces semaines d’audition, retransmises en direct à la télévision, ont permis de souligner les «omissions» du gouvernement lors de la crise, qui a mené à la mort de plus de 600.000 Brésiliens. Les sénateurs ont notamment abordé l’épisode dramatique des pénuries d’oxygène à Manaus, au cœur de l’Amazonie, laissant des dizaines de patients mourir d’asphyxie aux portes des hôpitaux.
de nombreux scandales liés au covid
Les sénateurs ont également mis au jour des scandales de corruption dans l’acquisition des vaccins anti-covid. Jair Bolsonaro est en effet soupçonné d’avoir fermé les yeux sur une affaire de vaccins surfacturés, ce qui lui vaut déjà une enquête du parquet. Le gouvernement est aussi accusé de faire la promotion de «traitements précoces» contre le coronavirus, notamment de l’hydroxychloroquine. Mais le plus gros scandale déterré par la commission reste celui concernant Prevent Senior, une mutuelle santé soupçonnée d'avoir mené des expériences clandestines avec ces traitements à l'insu de ses patients et d'avoir minimisé les chiffres de décès du Covid-19.
La commission d’enquête sénatoriale n’a cependant pas les compétences pour engager des poursuites judiciaires à l’encontre du président ni de toutes les personnes incriminées dans le rapport. Le document sera néanmoins transmis aux autorités compétentes, notamment le parquet et la Cour pénale internationale, qui décideront des suites à donner.
Pas de destitution en vue
Malgré tous ces scandales, une procédure d’impeachment (destitution), réclamée depuis plusieurs mois par des milliers de manifestants, a relativement peu de chance d’aboutir. Interrogé par BBC Brésil, le politologue brésilien Antonio Lavareda explique que l’alliance entre Bolsonaro et le président de la Chambre des représentants (seule institution capable de lancer la procédure) pourrait empêcher sa destitution, ainsi que le nombre insuffisant de votes parmi les membres du Congrès pour soutenir un processus de destitution au Sénat.
Si la publication de ce rapport ne permet pas de lancer une telle procédure, elle pourra tout de même coûter cher à Jair Bolsonaro dans les urnes, alors que sa cote de popularité continue de baisser. Les derniers chiffres de l’institut de sondages brésilien Datafolha créditent le candidat d’extrême droite de 26% des voix au premier tour de l’élection présidentielle, qui aura lieu dans un an, contre 44% pour l’ancien président de gauche Lula Da Silva, qui n'est pas encore candidat officiel.