La Cour suprême du Kenya a validé ce lundi 20 novembre deux recours
demandant l'invalidation de
l'élection présidentielle du 26 octobre. Le
juge David Maraga, annonçant le verdict des six magistrats de la Cour, a
indiqué qu'elle avait rejeté les deux recours en annulation en les
jugeant non fondés.
Une fois encore, la plus haute juridiction kényane, qui
avait pris la décision historique sur le continent d’invalider
l’élection du 8 août, déjà remportée par le président sortant, avait la
lourde tâche de dire si la présidentielle d’octobre a été conduite en
conformité avec la Constitution de 2010. Ce 20 novembre, la Cour suprême
a finalement validé la réélection ce deuxième scrutin organisé après
l’annulation de l’élection d’août et remporté avec 98% des voix par
Uhuru Kenyatta en l’absence de son rival Raila Odinga qui l’a boycotté.
Pendant deux jours, la Cour a examiné en les fusionnant deux
recours, déposés par un homme d’affaires et ancien député proche de
l’opposition, John Harun Mwau, et par deux responsables d’ONG, Njonjo
Mue et Khelef Khalifa.
Elle a écouté leurs avocats arguer que la Commission
électorale (IEBC) aurait dû procéder à une nouvelle sélection de
candidats après l’annulation de la première élection, et mettre en cause
le manque d’indépendance de cet organe, incapable à leurs yeux de
garantir un scrutin libre et équitable.
Ils ont en outre rappelé les propos du président de l’IEBC
en personne, Wafula Chebukati, qui avait avoué, une semaine avant le
scrutin, s’estimer incapable de garantir l’équité de l’élection et avait
dénoncé des interférences politiques. Il avait ensuite affirmé que les
conditions étaient réunies pour l’organiser.
Si la Cour suprême valide l’élection d’Uhuru Kenyatta,
celui-ci sera investi le 28 novembre. Sinon, une troisième élection
devra être organisée dans les 60 jours.
Dans les faits, la Cour suprême devait confirmer la
réélection du président sortant. Mais sa victoire ternie par une faible
participation de 39% devrait le contraindre à ouvrir un dialogue avec la
coalition d’opposition Nasa de Raila Odinga, 72 ans et trois fois
candidat malheureux à la présidence en 1997, 2007 et 2013.
Regain de tension
La crise politique a été marquée par des violences qui ont
fait au moins 52 morts depuis le 8 août, pour la plupart dans la
répression brutale des manifestations de l’opposition par la police.
Dans l’attente du jugement de la Cour suprême, la tension est encore montée d’un cran dans le pays. Trois
personnes ont été tuées par balle le 17 novembre dans les
manifestations de partisans de l’opposition venus accueillir Raila
Odinga. Ce dernier était de retour d’une visite de 10 jours aux Etats-Unis.
Par ailleurs, ce 19 novembre, des échauffourées ont éclaté entre police et habitants d’un bidonville de Nairobi, Mathare, après la découverte de quatre cadavres gisant sur la chaussée dans leur sang.
Raila Odinga avait refusé de participer à l’élection d’octobre
au motif que les conditions d’un scrutin équitable n’étaient pas
réunies selon lui, et ses partisans avaient empêché la tenue du scrutin
dans quatre comtés de l’ouest sur les 47 que compte le pays.
Devant la Cour suprême, les avocats d’Uhuru Kenyatta ont
dénoncé ces violences orchestrées selon eux par l’opposition pour
délégitimer le scrutin.
Source: Jeune Afrique