
Les autorités ivoiriennes ont décidé de verser une prime de départ de 15
millions de francs CFA à
chaque militaire qui se porte candidat pour
une retraite anticipée. Le but de la manœuvre est de réduire les
effectifs de l'armée d'au moins 1 000 soldats pour rajeunir les troupes
et de rationaliser une armée coûteuse.
L'Etat ivoirien envisage d'encourager le départ à la retraite
anticipée d'un millier de militaires avant la fin de l'année 2017. Cette
décision vient accompagner celle du Conseil des ministres du 6 décembre
dernier qui avait évoqué dans le cadre de la réforme de l'armée, le
départ à la retraite de 991 militaires le 31 décembre prochain.
Ainsi
apprend-on de sources officielles, les militaires qui se sont inscrits à
ce programme de départ volontaire bénéficieront d'une indemnité de 15
millions de francs CFA soit un peu plus de 23 000 euros. Ce pécule de
départ, qui vise à inciter les militaires désireux de quitter l'armée à
sauter le pas, devrait aussi permettre à l'armée de réaliser des
économies sur le plus long terme en versement de soldes.
D'après
le porte-parole du gouvernement Bruno Koné, cette vague de militaires
bénéficiera aussi des honneurs militaires à son départ. «Une cérémonie sera organisée en leur honneur», a-t-il souligné, indiquant aussi qu'une fois partis ces «éléments»
seront ensuite rayés des effectifs des Forces armées de Côte d'Ivoire
et seront admis à faire valoir leur droit à la pension de retraite à
partir du 1er janvier 2018. D'après Koné, ces départs ne sont ni une
chasse aux sorcières ni un règlement de compte, liés aux derniers
soubresauts dans l'armée.
Il faut noter que sur les 991
militaires qui devront partir à la retraite anticipée, 634 sont au grade
de sous-officier, 354 des fantassins 3 sont des officiers. Ils sont
issus aussi bien des Forces nouvelles (anciens rebelles) que des
ex-Forces de défense et de sécurité (FDS), et sont dans l'ensemble,
avancés en âge et de santé fragile.
«L'idée, c'était de trouver une porte de sortie pour ceux qui, parmi les soldats, n'avaient plus cette envie d'être au sein de l'armée et se recentrer sur la formation et la discipline de ceux qui souhaitent encore demeurer militaires ivoiriens», a estimé le chercheur ivoirien Arthur Banga.
Rajeunir les troupes et rationaliser l'armée
Le
départ financé de ce millier de soldats à la retraite n'est que le
début d'un vaste processus de restructuration de l'armée ivoirienne. Ce
dernier entre dans le cadre de la loi de programmation militaire pour
les années 2016 à 2020, adoptée par le gouvernement ivoirien. Ainsi, sur
la période 2016-2020, plus de 2 254 milliards de francs CFA seront
dépensés, à raison d'environ 800 milliards par an pour financer la mise à
la retraite de quelque 4 400 soldats sur les quatre prochaines années.
Pour les autorités du pays, ce plan a pour but de rationaliser l'armée et de rajeunir les troupes. «La distribution de l'armée ivoirienne est en décalage avec les standards acceptés dans les armées modernes», a déclaré Bruno Kone.
En
effet, selon les sources du ministère de la Défense, l'armée ivoirienne
compte 70% de sous-officiers, alors que ce ratio devrait être de 25%.
Il s'agit d'une augmentation des effectifs due à l'intégration massive
d'anciens rebelles à l'armée régulière en 2011. Dégraisser une armée
pléthorique et encombrante, et donc coûteuse est une nécessité, selon
les experts. «Il s'agit de redynamiser l'outil de défense,
d'améliorer les conditions de vie et de travail des soldats. Que l'on
ait une armée professionnelle qui peut se projeter pour des opérations
de sécurisation tant en interne qu'à l'extérieur», explique Lassina Diarra, spécialiste des questions de défense à l'Université Felix Houphouët-Boigny.
Après
avoir été secouée plusieurs fois par des mutineries, le temps est
peut-être venu pour le renforcement de la professionnalisation de
l'armée ivoirienne.
Source: afrique.latribune.fr