
Le gouvernement togolais vient d'annoncer son intention de mener des
consultations avec les forces
politiques du pays, dans le cadre de la
crise politique qui secoue le Togo depuis le 19 août dernier. Une
initiative que les partis politiques réunis au sein de la coalition ont
vite fait de boycotter arguant que le gouvernement ne peut être «juge et
partie».
Les consultations initiées par les autorités pour trouver une issue à
la crise politique qui secoue le pays depuis août dernier n'ont
manifestement aucune chance d'aboutir. Invités par le gouvernement ce
mardi 12 décembre à Lomé, les quatorze partis politiques réunis au sein
d'une coalition ont décidé de refuser la main tendue du gouvernement en
expliquant que le pouvoir ne peut être à la fois «juge et partie».
«C'est
une manœuvre de diversion. Au sein de la coalition, nous sommes très
vigilants, nous nous sommes concertés sur une réponse commune. Le
gouvernement est disqualifié pour mener des consultations », a déclaré à l'AFP Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordonnatrice de la coalition de l'opposition, avant d'ajouter que «ceux
qui doivent nous appeler pour des consultations, ce sont les
médiateurs. Le régime est l'un des protagonistes de la crise et pour la
régler, les médiateurs ont offert de réunir autour d'une table les deux
protagonistes que nous sommes ».
Adjamagbo-Johnson a
également indiqué que seuls cinq partis -sur quatorze- ont invités par
le gouvernement, faisant référence aux médiations menées ces dernières
semaines par les présidents ghanéen Nana Akufo-Addo et guinéen Alpha
Condé, président en exercice de l'Union africaine (UA).
Ainsi,
même si elle s'est radicalisée ces dernières années face à la répression
militaire, l'opposition au pouvoir de Gnassigbé se dit prête pour le
dialogue, mais ne voudrait pas de consultations, si celles-ci ne se
déroulent sous la houlette d'une médiation internationale. «La crise actuelle est une crise profonde. Il faut que le régime en prenne toute la mesure »,
a indiqué Brigitte Adjamagbo-Johnson, également secrétaire général de
la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), un des partis
invités au dialogue initié par le gouvernement.
Le gouvernement persiste et signe
Le niet
de la coalition principale de l'opposition ne semble pas avoir empêché
le pouvoir de mener son initiative de dialogue à huis clos à la
primature. Ce même mardi, les délégations de l'Union des forces de
changement (UFC) de Gilchrist Olympio -ancien homme fort de
l'opposition- et de l'Union pour la République (UNIR, le parti au
pouvoir) ont été reçues par le gouvernement. Des sources à la primature
indiquent que d'autres partis politiques de l'opposition n'appartenant
pas à la coalition seront également consultés, ainsi que d'anciens
Premiers ministres. Le but de la manœuvre est de recueillir des «suggestions» sur le «format et les modalités»
du prochain dialogue, avait indiqué la semaine dernière le ministre de
la Fonction publique et porte-parole du gouvernement, Gilbert Bawara.
Depuis
environ cinq mois, l'opposition togolaise est dans la rue presque
chaque semaine pour manifester contre le pouvoir en place. Elle réclame
entre autres le vote de la diaspora et surtout le retour à la
Constitution de 1992. Cette dernière est censée empêcher ipso facto une nouvelle candidature de Faure Gnassingbé en 2020 et obliger ce dernier à quitter le pouvoir.
De
son côté, le gouvernement, en opérant des réformes à sa manière, a
prévu un référendum dans les jours à venir. Une annonce qui devrait
engendrer un durcissement de la position des partis de l'opposition qui
réclame aujourd'hui le départ du président Faure Gnassigbé.
Source:afrique.latribune.fr