
La tension ne retombe pas en zone anglophone depuis l'arrestation, le
5 janvier dernier, au Nigeria, de
Sissuku Ayuk Tambe, l'un des leaders
du mouvement sécessionniste anglophone.
Depuis l'arrestation de
Sissuku Ayuk Tambe et de 46 de ses partisans, chaque nuit, des
fusillades entre soldats camerounais et des présumés séparatistes sèment
la peur et la panique au sein de la population.
A Bamenda, les
populations redoutent le pire, surtout ce 5 février, date limite de
l'ultimatum que les séparatistes anglophones ont fixé au gouvernement
camerounais pour donner des preuves de vie de leurs leaders incarcérés à
Yaoundé depuis leur extradition du Nigeria en janvier.
La peur au ventre
Des
balles ont crépité durant toute la nuit de samedi à dimanche, au
centre-ville de Bamenda, la capitale de la région du Nord-Ouest, fief
des leaders du mouvement sécessionniste.
Des affrontements ont
opposé les forces de sécurité camerounaises aux présumés séparatistes
anglophones, durant la nuit, sur les grands carrefours de Bamenda
occupés par les soldats, a appris BBC Afrique.
Le bilan de ces
affrontements entre les forces de défense et les assaillants présumés
séparatistes anglophones n'est pas encore officiellement connu.

Des sources indépendantes affirment, sans trop de précisions, que des centaines de personnes auraient été interpellées.
Dans
cette atmosphère tendue, les habitants de Bamenda passent les nuits la
peur au ventre. Ils entendent des coups de feu tirés depuis de nombreux
endroits.
Des tracts en circulation depuis la semaine dernière
menacent quiconque n'observera pas ce lundi la "journée ville morte" en
zone anglophone.
Sur les réseaux sociaux, le secrétaire à la
communication du gouvernement d'Ambazonie, un Etat virtuel que les
séparatistes anglophones entendent créer, demande au gouvernement
camerounais des preuves de vie des leaders interpellés au Nigeria et
extradés au Cameroun.
"Si ce lundi 5 février, nous n'avons pas
une preuve de vie de nos leaders, nous allons vivre ce qui s'était passé
au Rwanda dans les zones anglophones", peut-on lire dans les messages.
Menaces
Face à ces menaces, de nombreux habitants de Bamenda se sont ravitaillés en vivres au courant du weekend.
Depuis
novembre 2017, la crise sociopolitique dans les régions anglophones du
Cameroun a pris un nouveau tournant, avec de multiples attaques qui ont
coûté la vie à une vingtaine de soldats camerounais et à plus d'une
trentaine de présumés séparatistes radicaux.
Ces derniers revendiquent l'autonomie du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, deux régions situées dans la zone anglophone du Cameroun.
Par Frédéric Takang, Bamenda, BBC Afrique