Une semaine après la fusillade perpétrée dans un lycée de
Parkland, en Floride, où 17 personnes ont perdu la vie, les partisans du
port d'armes aux États-Unis reprennent la parole.
Cinq jours. C'est la période durant laquelle la NRA, le très influent lobby des armuriers aux États-Unis, n'a pas tweeté après la fusillade dans un lycée de Parkland
(Floride) qui a coûté la vie à 17 personnes. Habituellement très active
sur les réseaux sociaux, l'organisation de défense du port d'armes a
gardé le silence avant de reprendre son travail de lobbying. Une
technique utilisée après chaque fusillade de masse comme à Las Vegas en
octobre dernier ou à Orlando, également en Floride, en 2016. Suite aux
événements de Las Vegas, l'organisation n'avait ainsi pas tweeté durant
29 jours puis a repris ses interventions télévisuelles par le biais de
ses défenseurs, pour continuer d'influencer le débat public.
Retour sur les plateaux télévisuels
Dana
Loesch, porte-parole de la NRA a participé mercredi soir au débat
organisé par CNN sur la question de la régulation des armes dans le
pays. Ancienne démocrate, Dana Loesch, 39 ans, est devenue un des
personnages les plus médiatiques du mouvement conservateur américain.
Elle a fait ses marques à Breitbart News en tant qu'analyste
politique et elle milite désormais activement pour la NRA. Face à elle,
des élèves, parents et professeurs du lycée de Parkland ainsi que des
sénateurs locaux. Esquivant les questions sur la restriction de l'accès
aux armes, elle a préféré se concentrer sur la santé mentale du tueur de
Floride, Nikolas Cruz. "Je ne crois pas que ce monstre dément n’aurait
jamais dû se procurer une arme à feu", a-t-elle martelé. Tout en
insistant sur la ligne politique habituelle de la NRA : une opposition
formelle à tout relèvement de l'âge légal pour acheter une arme. Nikolas
Cruz, auteur de la fusillade de Parkland avait pu acquérir à 18 ans un
fusil semi-automatique.
Marco Rubio, ancien candidat à la primaire
républicaine de 2016, était, lui aussi, sur le devant de la scène pour
défendre le port d'armes. Le sénateur républicain de Floride s'est fait
interpeller par un lycéen pour avoir reçu plus de 3 millions de dollars
de la NRA depuis le début de sa carrière soit 3% du total de dons qu'il a
récolté. Durant le débat, il a été vivement pris à partie afin qu'il
renonce à ses donations, sans succès. Ses réponses ont été à plusieurs
reprises huées par le public, notamment lorsqu'il a affirmé son refus
d'envisager une interdiction des fusils d'assaut.
Des campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux
Les
partisans du port d'armes s'activent aussi sur les réseaux sociaux pour
continuer à diffuser leurs idées. Les étudiants mobilisés suite à la
tuerie font l'objet de théories conspirationnistes de la part de membres
de l’"alt-right". Sur des sites extrémistes comme Infowars ou the
Gateway Pundit, on dénonce des lycéens "utilisés comme outils politiques
par l'extrême gauche pour faire avancer sa rhétorique
anti-conservatrice et anti-armes". Deux leaders médiatiques du mouvement
des lycéens, David Hogg et Emma Gonzalez ont été particulièrement visés
par ces attaques. Le site Infowars les accuse d’avoir été "coachés" par
CNN afin de jouer les "acteurs de crise" au service d’une plus grande
régulation des armes. David Hogg a jugé ces accusations "incroyables" et
"absolument troublantes". "Je ne suis pas un acteur de crise, je suis
quelqu'un qui a dû assister à tout cela, et qui subit tout cela", a-t-il
déclaré à CNN.
Cameron Kasky, jeune lycéen à l’origine du hashtag
abondamment repris sur Twitter #NeverAgain (#PlusJamais), a suspendu
son compte Facebook suite à plusieurs "menaces de mort", comme il l'a
expliqué, de la part de "fans de la NRA". Ces derniers s’organisent sur
Twitter pour discréditer le mouvement des lycéens. Les hashtags
#CrisisActors (ActeursdeCrise) et #ParklandHoax (#ParklandCanular) ont
été créés afin de propager des rumeurs de manipulation concernant la
fusillade.
(JDD avec AFP)