Les députés chinois ont plébiscité dimanche une réforme de la Constitution abolissant la limite
de deux mandats.
De notre correspondant à Pékin
Le faux suspense est levé:
Xi Jinping a obtenu dimanche la possibilité de rester président à vie.
Sans surprise, les députés chinois, par 2958 voix pour, deux contre et
trois abstentions, ont plébiscité un changement dans la Constitution
abolissant la limite de deux mandats de cinq ans. À 64 ans, le dirigeant
chinois le plus puissant depuis Mao Tsé-toung pourra donc se maintenir
au sommet de l'Etat bien au-delà du terme prévu de 2023.
L'amendement fait aussi entrer «la Pensée de Xi Jinping» dans la Constitution.
Le numéro un chinois était déjà parvenu à la faire inscrire dans la
charte du Parti communiste chinois (PCC) en octobre dernier, ce qui lui a
donné un statut équivalent à celui de Mao. Le vote de ce dimanche
introduit par ailleurs une référence au «rôle dirigeant» du Parti dans
l'article premier de la Constitution. De quoi permettre au maître de
Pékin, qui mène déjà la répression la plus sévère depuis des décennies à
l'encontre de toute voix critique du régime, de resserrer encore
davantage l'étau sur le pays contre toute tentative de dissidence.
En
ne désignant pas d'héritier lors du Congrès du PCC en octobre dernier,
Xi Jinping avait déjà envoyé le message clair qu'il ne comptait pas
quitter le pouvoir de sitôt. Mais la réforme de la Constitution,
annoncée le 25 février, a pris tous les observateurs de court. Elle a
suscité dans un premier temps une vague de commentaires ironiques ou
critiques sur les réseaux sociaux qui ont été rapidement effacés par la
censure.
La limite de deux mandats présidentiels avait été imposée par l'ancien dirigeant Deng Xiaoping en 1982,
afin d'éviter le retour d'un dictateur à la Mao, qui laissa le pays
exsangue à sa mort en 1976. Les deux prédécesseurs de Xi Jinping, Jiang
Zemin et Hu Jintao, avaient quitté le sommet de l'Etat au bout de 10
ans, permettant ainsi une transition en douceur.
Les députés ayant
été soigneusement sélectionnés pour leur fidélité envers le régime,
seules quelques personnalités ont osé s'élever publiquement contre cette
réforme. Certains observateurs craignent notamment, qu'en l'absence de
contre-pouvoir, Xi Jinping, objet d'un culte de la personnalité
grandissant, soit davantage susceptible de commettre de graves erreurs,
comme Mao avant lui. Alors que «l'empereur rouge» a promis de faire de
la Chine une superpuissance dotée d'une armée de «première classe», des
experts anticipent qu'il pourrait se montrer encore plus ferme dans ses
revendications territoriales, notamment envers Taïwan.