Un kamikaze à vélo s'est fait exploser lundi 5 mars tuant trois personnes à la sortie de Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno. Un attentat suicide parmi des centaines d'autres. Depuis le début de l'insurrection du groupe islamiste en 2009, près de 27 000 personnes ont trouvé la mort dans ce conflit rien qu'au Nigeria. Quelle est la place des femmes dans ce conflit ? Un tout petit nombre a participé aux violences par choix. Certaines combattent l’insurrection, font partie des équipes de secours ou participent aux initiatives lancées en faveur de la réconciliation, mais la très grande majorité demeure des victimes.
Elles sont aujourd'hui plus d'un million dans les camps de
déplacés. Un père, un fils, un époux tué ou parti rejoindre les rangs de
l'insurrection de Boko Haram.
Dans l'extrême nord-est du Nigeria, les femmes et les filles sont
victimes d'un combat qu'elles n'ont - à quelques rares exceptions près -
jamais rejoint. Enlèvements de masse dans les villages, viols dans les
champs, mariages forcés avec de jeunes jihadistes. Depuis la
radicalisation du mouvement à la mort du leader Mohammed Yussuf en
juillet 2009, la condition des femmes n'a cessé de s'y dégrader.
L'enlèvement des lycéennes de Chibok,
en avril 2014, n'a rien arrangé. La mobilisation médiatique suscitée
par le sort des lycéennes et la baisse des combattants volontaires ont
poussé Boko Haram à se servir des femmes comme kamikazes.
Selon un décompte de la chercheuse britannique Elisabeth Pearson, fin
2017, 454 femmes et filles ont été envoyées, ou arrêtées avec une
ceinture d'explosifs autour de la taille, dans 232 incidents. Sur les
212 dont l'âge était connu, 133 étaient des adolescentes.
Avec les opérations militaires et le travail des volontaires, des
femmes sont parfois secourues. D'autres parviennent à s'échapper des
cantonnements de Boko Haram. Mais toutes écopent souvent d'une double
peine : celle de la stigmatisation à leur retour dans la communauté.