LE SCAN ÉCO - En 2017, l'Inde a ravi à la France sa sixième place au classement des pays par
«Un pas à la fois me suffit». Suivant le célèbre adage du
Mahatma Gandhi, l'Inde dépasse doucement et sûrement les places fortes
de l'échiquier économique de la planète. Et l'année dernière, c'est la
France, sixième puissance mondiale jusqu'alors, qui a été poliment
laissée sur le carreau avec ses 2582 milliards de dollars de produit
intérieur brut (PIB), contre 2597 milliards au pays de Narendra Modi,
selon les dernières données de la Banque mondiale.
Le Royaume-Uni (2622 milliards de dollars de PIB en 2017) est désormais
le prochain pays dans le viseur de son ancienne possession coloniale.
Depuis une dizaine d'années, l'Inde tire les bénéfices de ses atouts
bien connus: par la maîtrise de l'anglais de sa population, elle attire
des délocalisations porteuses de valeur ajoutée, notamment dans le
secteur des services, avec des transferts d'entreprises du numérique. Si
ses infrastructures souvent indigentes rendent difficile le
développement industriel, le pays a acquis une réelle compétence dans
les technologies de l'information, avec des dizaines de millions
d'ingénieurs diplômés... Sa croissance démographique forte (la population indienne devrait dépasser la population chinoise en 2028) augure de solides capacités de développement et de grands marchés de consommation.
Un indicateur parmi d'autres
Toutefois,
si le calcul du produit intérieur brut donne une idée fidèle de
l'activité économique d'un pays et de son influence sur l'économie
mondiale, avec ses 1,324 milliard d'habitants, l'Inde ne peut prétendre
avoir rejoint la richesse française et surtout son niveau de vie. Le
produit par habitant n'y culmine encore qu'à 7055,6 dollars annuels,
contre 42.778,9 dollars en France. Un écart certes vertigineux, pourtant
la France n'a pas particulièrement à s'enorgueillir de cette
statistique: elle se situe au 28ème rang, loin derrière de nombreux
micro-États et pétromonarchies, et juste devant l'Italie (39.817,2$) et
l'Espagne (38.090,9$).
L'indice
de Développement Humain (IDH) va plus loin et prend en compte, en plus
du PIB par habitant, l'espérance de vie et le niveau d'éducation des
jeunes générations. Là encore, la différence est flagrante, la France se
classe 21ème sur 188, dans le groupe des pays au développement humain
«très élevé», quand l'Inde est encore au 131ème rang avec un
développement «moyen».
Une évolution rapide qui doit nous faire réfléchir
Pourquoi
cette question du PIB global doit-elle néanmoins nous faire réfléchir?
Tout simplement parce que les choses vont très vite: en 2009, alors que
Nicolas Sarkozy était président de la République depuis déjà deux ans,
le produit intérieur brut de l'Inde était de 1324 milliards de dollars,
un peu moins de la moitié de celui de la France (2690 milliards). Peu de
temps avant, en 2006, c'était la Chine qui nous avait doublés.
Rappelons enfin qu'en 2004, le PIB de l'empire du Milieu était au niveau
de celui de... l'Italie.
Et
ce n'est pas fini. Selon certaines anticipations, la France pourrait
être rétrogradée au neuvième rang mondial d'ici seulement une quinzaine
d'années. Et en 2050, elle ne fera plus partie du top 10 mondial, selon le cabinet PwC.