
«La problématique des avoirs extérieurs de la CEMAC et des transferts internationaux». Tel
est le premier thème qui a ponctué la 10ème
réunion annuelle de concertation, entre la COBAC, le régulateur du
secteur bancaire dans les six pays de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon,
Tchad, Guinée équatoriale, et République centrafricaine), et les
responsables des établissements de crédits en activité dans cet espace
communautaire, organisée le 27 juin 2018 à Yaoundé.
Abordant cette thématique, souligne le communiqué officiel ayant sanctionné les travaux de la capitale camerounaise, «le
directeur général des études, finances et relations internationales de
la BEAC, a relevé que la position extérieure nette des pays membres de
la CEMAC continue de pâtir des pratiques peu orthodoxes des
établissements de crédit».
A en croire ce responsable de la Banque centrale, «pour la plupart, ces établissements s’inscrivent en marge de la réglementation applicable», en s’illustrant par des «manquements qui entachent les opérations de transferts», et brillent par le «non-rapatriement des recettes d’importation par le canal de la Banque centrale».
Pour
rappel, au sortir du Sommet de crise des chefs d’Etats de la Cemac de
décembre 2016, à Yaoundé, les chefs d’Etat des pays membres avaient
prescrit la prise de mesures urgentes visant à arrêter la baisse
drastique des réserves de change, qui exposait à une dévaluation du
franc Cfa usité dans cette communauté. Aussi, la BEAC avait-elle
entrepris d’être plus rigoureuse sur les conditions des transferts
internationaux des fonds par les banques, au grand dam des opérateurs
économiques, qui étaient alors montés au créneau ; notamment au
Cameroun, où le principal importateur de poissons se plaignait de ne
plus pouvoir payer ses fournisseurs à l’étranger, afin d’approvisionner
le marché local.
Interpellé
sur la question le 21 mars 2018, au sortir de la première session du
Comité de politique monétaire de la BEAC, pour l’année 2018, le
gouverneur de cette banque centrale, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli,
s’était voulu plutôt rassurant. «Notre zone monétaire dispose de
normes sur le transfert de fonds. Le respect de ces normes n’est pas un
obstacle à l’activité économique. Par le passé, il y avait un certain
laxisme. Les normes n’étaient pas appliquées avec rigidité. Aujourd’hui,
nous avons des équipes qui étudient les dossiers de transferts, et
aucun dossier n’est rejeté sans notification des motifs de ce rejet par
la Banque centrale.»
Afin
d’inverser la tendance des banques à ignorer la réglementation en
matière de transferts internationaux, la rencontre du 27 juin 2018 à
Yaoundé a donné l’occasion aux banquiers et au régulateur de l’activité
bancaire, d’échanger sur les délais de traitement des opérations de
transfert et de rapatriement des fonds, les motifs de rejet des
opérations liées aux comptes en devises des résidents, la définition de
la notion des avoirs injustifiés, le besoin de formation et
d’accompagnement des établissements par la Banque centrale, ainsi que le
principe de création d’un guichet unique.
Brice R. Mbodiam
Par Investir au Cameroun