Benalla assure avoir eu des échanges réguliers avec Macron depuis cet été
L'ancien
chargé de mission de l'Élysée assure à Mediapart avoir parlé avec le
président notamment via la messagerie cryptée Telegram.
Alexandre Benalla a affirmé dimanche à Mediapart
avoir continué à échanger régulièrement avec Emmanuel Macron, via la
messagerie Telegram, depuis son licenciement de l'Elysée, précisant
avoir conservé la preuve de ces échanges sur son téléphone portable.
La présidence avait assuré ne plus entretenir aucun contact avec l'ancien chargé de mission depuis son licenciement cet été après sa mise en cause pour des violences le 1er mai.
"Ça va être très dur de le démentir parce que tous ces échanges sont
sur mon téléphone portable", déclare-t-il. "Nous échangeons sur des
thématiques diverses. C'est souvent sur le mode 'comment tu vois les
choses ?'. Cela peut aussi bien concerner les gilets jaunes, des
considérations sur untel ou sur untel ou sur des questions de sécurité",
des échanges du type qu'il avait déjà avec le chef de l'État quand il
était son homme de confiance à l'Élysée.
Des échanges avec d'autres membres de la présidence
Il
ajoute échanger aussi de manière régulière avec d'autres membres de la
présidence, comme il l'avait déjà affirmé ces derniers jours dans un
courrier adressé à l'Élysée.
Ces échanges ont eu lieu jusqu'aux récentes révélations de Mediapart
sur son utilisation d'un passeport diplomatique pour des voyages
d'affaires en Afrique. "Là, le lien est coupé ", selon lui. Après ces
révélations, le ministère des Affaires étrangères a saisi le procureur
de la République qui a ouvert une enquête pour "usage sans droit" de passeports diplomatiques.
Le principal intéressé critique néanmoins cette réaction très
tardive, en insistant sur le fait que si l'État le souhaitait, il
suffisait de désactiver les passeports par le Quai d'Orsay.
"Il veut protéger le président"
Sur
note antenne, Fabrice Arfi, le journaliste de Mediapart à l'origine des
révélations, raconte son échange avec l'ancien chargé de mission de
l'Élysée:
“Je n’ai pas du tout eu l’impression qu’il voulait nuire au
président. Paradoxalement, j'ai plutôt eu l’impression de quelqu’un qui,
d’un côté, se défend, répète beaucoup qu’il n’a que 27 ans, qu’on lui
en met beaucoup sur ses seules épaules, mais qu’il veut plutôt protéger
le président de l’entourage qu’il considère néfaste”, assure Fabrice
Arfi.
Le journaliste du pôle investigation précise qu'il a par ailleurs
tenté de contacter l'Élysée pour avoir des explications, sans succès:
“La balle est désormais dans le camp de la présidence de la
République, que nous avons évidemment contacté (...) et qui n’a pas
réagi, alors qu’elle est plutôt prompte à réagir” habituellement, selon
lui.
Edwy Plenel, le directeur de la rédaction de Mediapart considère donc
à notre antenne qu'il s'agit "de plus en plus d'une affaire d'état".