Juan Guaido a entamé samedi 16 mars une grande
tournée dans tout le pays. A commencer par
Valencia, dans l’État de Carabobo, où il a été reçu par des milliers de partisans. Le but de cette tournée est de mobiliser un maximum de Vénézuéliens en vue d’une grande marche à Caracas qu’il compte diriger vers le palais présidentiel et y réclamer son bureau de président.
Valencia, dans l’État de Carabobo, où il a été reçu par des milliers de partisans. Le but de cette tournée est de mobiliser un maximum de Vénézuéliens en vue d’une grande marche à Caracas qu’il compte diriger vers le palais présidentiel et y réclamer son bureau de président.
Avec notre correspondant à Caracas,Benjamin Delille
Menacer
de marcher sur le palais présidentiel est un pari risqué pour
l'opposition car le palais de Miraflores est devenu la forteresse de
Nicolas Maduro. Le quartier est totalement bouclé par les militaires. Il
est aussi truffé de colectivos, ces gangs armés par le
gouvernement qui n’hésitent pas à tirer à balles réelles. Une grande
manifestation de l’opposition vers Miraflores a donc de grandes chances
de déraper et de finir en violences.
Le risque, c’est de voir se répéter le scénario du 23 février dernier.
Juan Guaidó avait promis que l’aide humanitaire entrerait quoi qu’il
arrive au Venezuela grâce à des milliers de volontaires. Mais ils se
sont heurtés à un mur : l’armée a bloqué la frontière et les
affrontements ont été particulièrement violents, faisant plusieurs
morts. L’échec de l’opposition a été de croire que les soldats
désobéiraient aux ordres pour laisser passer l’aide.
Malgré cela,
il semble que Juan Guaido répète aujourd’hui la même stratégie. Seule
nouveauté : cette tournée à travers le pays, qui va lui permettre de
jauger une nouvelle fois sa popularité. Et pourquoi pas de convaincre
une fois pour toutes les soldats qu’il a l’appui d’une majorité de la
population.
Assemblées populaires
Dans
le même temps, les députés de l’opposition ont organisé des assemblées
populaires partout au Venezuela pour maintenir la population informée.
Illustration sur la place de Los Palos Grandes à Caracas, avec une
assemblée de voisins et d'habitants du quartier.
Marcel Rouaix est
responsable jeunesse du parti Primero Justicia. Il explique que ce
rassemblement est dans la continuité de la tournée de Juan Guaido. « Le
but c’est d’aller informer la population, que le plus de monde possible
sache ce qu’il passe, qu’on reste organisés et qu’on est prêts pour le
changement qui arrive », explique-t-il.
À cause de l’immense coupure d’électricité
qui a frappé le Venezuela la semaine dernière, l’accès à internet est
toujours très difficile. Et pour des Vénézuéliens comme Alicia, ces
assemblées sont l’unique manière de s’informer. « Mon wifi s’est arrêté, il ne marche toujours pas, je n’ai plus internet, déplore-t-elle. Ici ils expliquent ce qu’il va se passer. Et ça me paraît important pour savoir où on en est. »
Au
micro, le député Juan Andres Mejia répète la feuille de route de
l’opposition : mobiliser le plus de monde possible pour une grande
marche à Caracas vers le palais présidentiel. Un pari dangereux car la
zone est truffée de militaires et de milices acquise à Nicolas Maduro.
Mais ça ne fait pas peur à Ivan, 27 ans : « Je
préfère affronter ces hommes armés, affronter cette dictature. Car ce
qui me fait vraiment peur c’est de vivre dans une situation qui
m’obligera, soit à m’exiler, soit à continuer de vivre en dictature. »
Pour
l’instant la date de cette marche n’a pas été annoncée. L’opposition
veut prendre le temps de convaincre un maximum de policiers ou de
militaires de les rejoindre afin que l’opération ne finisse pas en bain
de sang.
Nicolas Maduro rassemble ses partisans
Les
partisans de Nicolas Maduro ne l’entendent pas de cette oreille. Ils ont
marché samedi vers le palais présidentiel pour soutenir le gouvernement
après ce qu’ils estiment être un sabotage électrique. Une foule toute
de rouge vêtue, composée de partisans du président Nicolas Maduro qui
assurent être majoritaires face à l’opposition.
Selon Ricardo, 75 ans, les mobilisations convoquées par Juan Guaido et son équipe sont de plus en plus vides, « parce
que les gens commencent à comprendre qu’ils ne vont nulle part. Ils
n’ont pas de programme, ils n’ont pas d’idéologie. Ils ne disent pas ce
qu’ils veulent offrir au peuple. Ils offrent ce que tout le monde peut
offrir, un joli mot : la liberté. Mais quelle liberté ? Celle de mourir
de faim ? »
Au sujet de la tournée entamée par Juan Guaido,
Ricardo n’est pas inquiet. Il ne croit pas l’opposant capable de prendre
le palais présidentiel de force. « Il peut dire ce qu’il veut, mais
ici la réalité, c’est que celui qui gouverne, c’est Nicolas Maduro
Moros. Et il ne gouverne pas seul, il gouverne avec un peuple qui le
soutient. »
Selon Antonio, 26 ans, Juan Guaido peut organiser
toutes les manifestations qu’il veut, traverser le pays s’il le
souhaite, mais il y a une limite à ne pas dépasser. « Ici il y a un processus constitutionnel. Tu ne peux pas juste venir et dire "Je suis président". Il faut être élu par le peuple et le peuple a choisi le président qui occupe actuellement le palais : Nicolas Maduro. Et il n’y a pas de raison de refaire une autre élection. »
Quoi qu’il en soit, tous sont prêts à revenir dans la rue pour empêcher l’opposition de se rapprocher du palais présidentiel.
Par RFI