Le climat diplomatique entre Washington et Yaoundé est sombre. Les
relations déjà pluvieuses
risquent devenir orageuses. Après la visite du
sous secrétaire d’État américain aux Affaires Africaines Tibor Nagy au
Cameroun et son audience avec le président Paul Biya, la Maison Blanche
va encore durcir sa position pour faire fléchir le régime.
Selon le journal Le Monde, les États-Unis envisagent prendre des
sanctions financières contre certaines personnalités du régime qui
seront interdites de séjour sur le sol américain. En plus, leurs avoirs
seraient gelés. Le Département d’État américain aurait déjà établi une
liste de 27 personnalités du régime Biya contre lesquelles ces sanctions
seront appliquées.
Par ailleurs, l’Union Européenne qui a fait une sortie pour critiquer
la gestion de la crise anglophone par les autorités camerounaises,
serait sur la même longueur d’onde que l’Union européenne. La France qui
a souvent servi de parapluie à Paul Biya ne pourra pas continuer à le
protéger.
Paul Biya est acculé. Les pays occidentaux veulent le contraindre à
organiser un dialogue inclusif pour stopper la guerre. Une rencontre
pourrait être organisée pour entamer les négociations entre le régime de
Yaoundé et les sécessionnistes sur un terrain neutre.
Il convient de rappeler que les États-Unis ont mis un terme à
plusieurs programmes d’aide militaire et sécuritaire au Cameroun en
invoquant des accusations de “graves violations des droits humains” de
la part des forces de l’ordre camerounaises. “Après examen attentif” de
“notre relation de sécurité avec le Cameroun”, “le gouvernement
américain a mis fin à certaines de nos coopérations”, avait déclaré un
responsable du département d’Etat américain.
“Nous ne prenons pas ces mesures à la légère, mais nous ne nous
déroberons pas s’il fallait diminuer encore davantage notre aide à la
lumière de l’évolution de la situation”, avait-t-il prévenu. Washington
est donc prêt à serrer encore plus la corde pour étouffer un régime dont
les caisses sont au rouge, et qui doit se battre sur plusieurs fronts
sécuritaires.
Successivement, les États-Unis ont arrêté la formation des soldats
camerounais, la livraison des pièces détachées pour les avions de
transport militaire C-130 appartenant à la flotte camerounaise, ainsi
que la livraison de quatre bateaux de patrouille, de neuf véhicules
blindés et d’un système radar. Washington a aussi retiré a sa
proposition faite à d’être candidat à un programme américain de
formation de ses forces camerounaises de défense .
L’ensemble de l’aide supprimée par les Etats-Unis représentait un
montant de plus de 17 millions de dollars. Les effets se font déjà
ressentir sur le terrain où Boko Haram reprend le poil de la bête. Les
sanctions financières envisagées contre les personnalités, vont encore
plus affaiblir un régime…affaibli par la pauvreté, le chômage des
jeunes, les sécessionnistes, les marches de la diaspora, Maurice Kamto
et ses sympathisants.
J. RÉMY NGONO