
À ce vendredi qui
clôt le quatrième mois du début du mouvement populaire en Algérie, la
situation
de blocage politique demeure intacte. Cependant, l’économie du pays rentre de plus en plus dans un état de fragilité aggravée. La loi de finances 2020 s’avère cruciale pour l’avenir du pays. Que décideront les Algériens?
de blocage politique demeure intacte. Cependant, l’économie du pays rentre de plus en plus dans un état de fragilité aggravée. La loi de finances 2020 s’avère cruciale pour l’avenir du pays. Que décideront les Algériens?
Alors
que le mouvement populaire du 22 février, en Algérie, tarde à trouver
un terrain d’entente avec le pouvoir pour enclencher une sortie de la crise politique, la situation économique,
quant à elle, continue de se dégrader inexorablement. Depuis la chute
des prix du pétrole en 2014, les réserves de change du pays, à titre
d’exemples, sont passées d’environ 179 milliards de dollars à la fin de la même année, à environ 80 milliards en décembre 2018, selon les notes de conjoncture de la Banque d’Algérie
correspondant aux mêmes périodes. Acculé par les difficultés
financières, le gouvernent d’Ahmed Ouyahia avait lancé une opération
d’assouplissement monétaire en novembre 2017, pour palier à la situation
de déficit budgétaire. Compte tenu de la baisse des volumes
d’exportation d’hydrocarbures conjuguée à la non amélioration des prix,
cette situation serait appelée à s’aggraver à brève échéance. Pour la
plupart des experts économiques algériens, l’année 2021 serait une
échéance charnière pour le pays.
Dans
cette optique, la loi de finances de 2020 sera décisive pour l’économie
algérienne, car elle constitue la dernière fenêtre de tir dont dispose
le gouvernement, avant l’année fatidique, pour enclencher les réformes
structurelles et les mesures d’urgence à même de redresser la situation.
Or, ce débat est totalement absent de la scène politique algérienne,
alors qu’il ne reste que six mois avant la fin de l’année. Plus grave
encore, si un projet de loi de finances inadapté à la situation actuelle
venait à être adopté par le parlement, il mettra le prochain Président
de la République et son gouvernement dans une situation où la marge de
manœuvre dont ils disposeront sera réduite.
Néanmoins,
deux personnalités politiques, de par leur formation économique,
attirent l’attention des Algériens sur les dangers qui guettent le pays
si des mesures d’urgences n’étaient pas prises rapidement.
Pour Ahmed Benbitour, ex-Premier ministre, il est nécessaire d’introduire une nouvelle vision de la gouvernance
et d’accélérer le rythme des réformes, dans le but de diversifier
l’économie et de créer des emplois. Selon lui, 15 pôles régionaux
d’investissement et de développement seront nécessaires pour propulser
l’économie du pays, en misant sur des secteurs clés comme l’énergie et
les nouvelles technologies de l’information.
Si les deux hommes sont d’accord que ce sont ces questions qui
devraient structurer le débat public en Algérie, invitant tous les
responsables politiques à s’exprimer d’une manière claire. Reste
cependant la question de la loi de finances 2020, dont les moyens
d’équilibrer le budget ne sont pas encore débattus. À ceci s’ajoute la
question de la récupération de l’argent volé qui est une priorité
absolue pour M.Benouari. Alors que M.Benbitour avait déclaré récemment qu’elle ne l’était pas, et que c’est plutôt la réforme de la gouvernance qui constituait pour lui la priorité.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.
Les exemples tunisien et égyptien, où comment l’économie a ruiné la révolution
Dans un entretien à la chaîne qatarie Al Jazeera, l’ex-Président tunisien Moncef Marzouki a affirmé que «ce qui a tué la révolution en Tunisie c’est la durée de trois ans qu’a pris la transition politique». «Nous avions perdu beaucoup de temps dans les questions politiques en négligeant les questions économiques et sociales».
Dans le même sens, tout en affirmant que «c’est
ça qui a facilité la tâche à la contre-révolution pour reprendre le
pouvoir en Tunisie», M.Marzouki a conseillé aux Algériens de ne pas
refaire la même erreur «et à faire en sorte que la transition soit la
plus courte possible».
Le même cas a été observé en Égypte. Les Égyptiens sont sortis par
millions dans les rues pour demander le départ du défunt ex-Président
Mohamed Morsi, pas pour des raisons politiques ou idéologiques, mais
pour des raisons économiques et sociales.Que veulent les partis et les personnalités politiques algériens
La quasi-totalité des débats se concentrent sur la transition politique et la préparation des élections. De droite comme de gauche, en plus des islamistes, les partis politiques n’abordent pratiquement pas la question économique. Certains parmi eux, à l’exemple du FFS, du RCD, du PT, du PST, de l’UCP, du MDS, du PLD ainsi que des responsables de Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH), ont signé une déclaration commune appelant à une transition politique et rejetant catégoriquement de participer à un quelconque processus électoral. L’idée de l’élection d’une assemblée constituante a également été avancée comme passage obligé pour la refondation du système politique du pays, avant toute échéance élective. Cependant, aucune durée n’a été fixée pour cette transition.
Selon l’ex-ministre du Trésor et président du parti Nida El Watan Ali Benouari,
dans une déclaration à Sputnik, «si des réformes structurelles ne sont
pas engagées immédiatement, le prochain Président algérien quittera le
pouvoir au bout d’une année, sous le poids de la crise économique».
Selon lui, «il est impératif d’introduire des mesures pour réduire le
budget de fonctionnement de l’État et des subventions, en plus d’une
dévaluation mesurée de la monnaie nationale». À ceci, selon lui, devrait
s’ajouter «la privatisation de certaines entreprises publiques,
l’augmentation des droits de douane, de la TVA et des impôts, notamment
pour une certaine frange de la société, et la réévaluation des accords
d’association avec l’Union européenne et de libre-échange avec les pays
arabes».Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.
Par sputnik