
Tordre le coup aux idées reçues qui polluent le débat sur l’immigration.
C’est l’objectif de la trentaine
de parlementaires français qui ont
rendu leur audit sur la politique d'immigration française mercredi. Les
économistes interrogés dans ce cadre sont formels: les immigrés
rapportent plus qu’ils ne coûtent à l’économie française. Décryptage à
partir de quatre idées reçues.
1) La France accueille «la misère du monde» :
FAUX - Pour démonter cette idée reçue,
l’économiste Mouhoub El Mouhoub s’appuie sur le taux d’expatriation, qui
mesure la part des expatriés d’un pays par rapport à sa population. Et
il montre que plus un pays est pauvre, plus son taux d’expatriation est
bas, c’est à dire que peu de ses citoyens migrent vers l’étranger. Lle
coût d’une migration est en fait si élevé que seuls les plus aisés
peuvent se le permettre.
De même, à l'échelle d’un pays, ce sont les plus qualifiés qui
émigrent. Et la part de migrants qualifiés est même croissante note le
rapport, qui révèle par exemple que les migrants d’origine subsaharienne
ont en moyenne un niveau d’instruction supérieur aux personnes vivant
en France métropolitaine. Ce qui peut par contre avoir des conséquences
dramatiques dans les pays d’origine, comme la fuite des cerveaux. Ainsi,
plus de 80% des personnes qualifiées d'Haïti quittent leur pays
d'origine.
2) Les immigrés coûtent cher parce qu’ils reçoivent plus d’aides sociales :
FAUX - Il est vrai que les immigrés ont un taux de
chômage plus élevé que la moyenne. Et ceux qui travaillent ont un
salaire moins élevé que celui des natifs. Les allocations chômage
versées aux immigrés sont donc plus importantes que les sommes cotisées
par ces derniers. Mais l’économiste Lionel Ragot rappelle les immigrés
sont majoritairement des actifs, entre 25 et 50 ans. Ils sont donc très
nombreux à cotiser pour la retraite,
alors qu'ils sont très peu à percevoir une pension. Par ailleurs, ils
font peu valoir leur droit en matière de santé alors qu'ils y cotisent
également. Or les dépenses sociales pour la santé et les retraites
représentent des montants bien plus importants que les prestations liées
au chômage en France. Au final, «la contribution aux budgets publics
des immigrés est donc positive» et s’élève à 12 milliards d’euros. Soit
2.250 euros par personne immigrée, contre 1.500 euros pour les natifs.
3) Les immigrés prennent les emplois des natifs :
FAUX – Même s’ils sont actifs pour la plupart, les immigrés ne privent pas les natifs en occupant un emploi.
En effet le volume d’emploi n’est pas figé et toute arrivée de
population immigrée, qui sont de nouveaux consommateurs, créé
automatiquement de nouveaux emplois. Par ailleurs, les migrants sont
plus nombreux à accepter des professions délaissées par les natifs.
L’arrivée d'immigrés peut par contre tirer les salaires vers le bas à
court terme, de l’ordre de 0,04 à 0,18% par tranche de 50.000 personnes arrivées.
4) L’immigration choisie est meilleure pour l’économie que l'immigration non sélective :
VRAI ET FAUX – A cause du vieillissement de la
population, il y aura de moins en moins d’actifs par rapport aux nombre
de retraités en France. A l’horizon 2050, le financement des retraites
devrait coûter 3% de PIB supplémentaire par raport aux dépenses
actuelles, comme l'a calculé le COR (Conseil d’orientation des
retraites) avec une immigration similaire à celle d’aujourd’hui.
Lionel Ragot a calculé l’influence de différentes stratégies
d’immigration sur ce ratio.Sans plus aucune immigration, il faudrait
4,3% de PIB supplémentaire par rapport à aujourd’hui pour financer la
protection sociale, soit 1,3% de plus qu'en maintenant la même politique
migraotire. A l’inverse, il faudrait 0,6% de PIB de moins
qu’aujourd’hui si l’on choisit d'autoriser une immigration plus
importante (de l’ordre de 100.000 personnes par an). Et même 1,2% de PIB
en moins si ces 100.000 personnes sont «choisies» pour leur haut niveau
de formation: elles cotiseraient en effet davantage grâce à leurs hauts
salaires. L’immigration choisie est donc positive à court terme.
Mais, à long terme, l’immigration choisie est plus coûteuse que
l’immigration non sélective. En effet, les immigrés formés «ont une
espérance de vie plus élevée et vont toucher une retraite et bénéficier de prestations maladie plus importantes», précise le rapport.
Par 20minutes.fr