La Turquie a affirmé avoir détruit une installation syrienne où
se trouvent des armes
chimiques. 4 000 migrants ont tenté d'entrer en
Grèce.
La situation se tend encore un peu plus entre Ankara et Damas. Samedi
29 février, les forces turques ont frappé la Syrie et affirmé avoir
détruit une « installation d'armes chimiques » dans la région d'Alep.
Pour l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, un ONG), ce
serait plutôt un aéroport militaire qui aurait été ciblé. Ces nouvelles
frappes interviennent alors que l'armée de Bachar el-Assad a mené des
bombardements provoquant la mort de 33 militaires turcs jeudi 27 février. Vendredi, un autre soldat truc a été tué.
« Ôtez-vous de notre chemin »
Face à cette situation très
tendue, Ankara s'efforce depuis de rallier la communauté internationale.
Pour faire pression sur l'Europe, elle a mis à exécution sa menace de
laisser passer les migrants qui voudraient se rendre en Europe,
notamment par la Grèce. La police grecque s'efforçait samedi de
repousser avec des grenades lacrymogènes près de 4 000 migrants qui
tentaient de franchir depuis la Turquie, dont certains jetaient des
pierres en direction des forces de l'ordre, ont constaté des
journalistes de l'Agence France-Presse. Ces échauffourées se déroulaient
au poste-frontière turc de Pazarkule (Kastanies côté grec). Des
milliers de migrants ont passé la nuit à la frontière, se regroupant
autour de braseros.
Cette escalade entre Ankara et Damas a aussi
tendu les rapports entre la Turquie et la Russie, l'un des principaux
soutiens du régime syrien. Vendredi, Recep Tayyip Erdogan et son
homologue russe Vladimir Poutine ont eu un entretien téléphonique lors
duquel le président turc aurait déclaré : « J'ai dit à M. Poutine : "Que
faites-vous là-bas ? Si vous voulez établir une base, allez-y, mais
ôtez-vous de notre chemin. Laissez-nous seul à seul avec le régime
(syrien)" », a-t-il dit lors d'un discours samedi.
Se retirer d'Idleb
Russes
et Turcs ont émis le souhait d'une « réduction des tensions » en Syrie
lors de rencontres entre hauts responsables des deux pays ces derniers
jours, a néanmoins affirmé samedi le ministère russe des Affaires
étrangères. Les responsables des deux pays ont également dit vouloir
« protéger les civils à l'intérieur et à l'extérieur de la zone de
désescalade (d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie) et fournir une
aide humanitaire d'urgence à tous ceux qui en ont besoin », selon la
même source.
Ces dernières semaines, le président Erdogan a
plusieurs fois sommé les forces syriennes de se retirer de certaines
zones à Idleb d'ici la fin février, menaçant sinon de l'y contraindre
par la force. En théorie, ce délai arrive à expiration samedi à minuit.
Le régime syrien, appuyé par Moscou, mène depuis décembre une offensive
pour reprendre la province d'Idleb, ultime bastion rebelle et
djihadiste. Les combats et bombardements ont provoqué une catastrophe
humanitaire, faisant près d'un million de déplacés. Le conflit en Syrie a
fait plus de 380 000 morts depuis 2011.
Par AFP et Lepoint