![Les chercheurs ont étudié la réponse immunitaire de plus de 90 cas confirmés (dont 65 par tests virologiques).[SAM PANTHAKY / AFP]](https://static.cnews.fr/sites/default/files/styles/image_640_360/public/000_1v4279_5f0c81e1aea2b.jpg?itok=2QdDXp5t)
L'immunité basée sur les anticorps, acquise après avoir guéri du
Covid-19, disparaîtrait la plupart du
temps en quelques mois, selon une
nouvelle étude. Un résultat qui risque de compliquer la mise au point
d'un vaccin efficace à long terme.
«Ce travail confirme que les réponses en anticorps protecteurs chez les personnes infectées par le SARS-CoV-2 (...)
semblent décliner rapidement», souligne ce lundi 11 juillet le Dr
Stephen Griffin, professeur agrégé à l'École de médecine de l'université
de Leeds (Royaume-Uni).
«Les vaccins en cours de développement devront soit générer une
protection plus forte et plus durable par rapport aux infections
naturelles, soit être administrés régulièrement», ajoute ce médecin qui
n'a pas participé à l'étude. «Si l'infection vous donne des niveaux
d'anticorps qui diminuent en deux à trois mois, le vaccin fera
potentiellement la même chose», et «une seule injection ne sera
peut-être pas suffisante», indique la Dr Katie Doores, principale
auteure de l'étude, dans le Guardian.
L'étude du prestigieux King's College de Londres,
qui n'a pas encore fait l'objet d'un évaluation par des pairs, a été
mise en ligne sur le site medrxiv. Les chercheurs ont étudié la réponse
immunitaire de plus de 90 cas confirmés (dont 65 par tests virologiques)
et montrent que les niveaux des anticorps neutralisants, capables de
détruire le virus, atteignent un pic en moyenne trois semaines environ
après l'apparition des symptômes, puis déclinent rapidement.
Une réponse immunitaire inégale
D'après les analyses sanguines, même les individus présentant de
légers symptômes ont eu une réponse immunitaire au virus, mais
généralement moindre que dans les formes plus sévères. Seuls 16,7% des
sujets avaient encore de forts niveaux d'anticorps neutralisant 65 jours
après le début des symptômes. L'étude tend aussi à battre en brèche la
politique basée sur l'immunité collective, supposée protéger tout le
monde, une fois qu'un pourcentage élevé de la population a acquis une
immunité, après avoir été infecté.
Les spécialistes font toutefois remarquer que l'immunité ne repose
pas que sur les anticorps, l'organisme produisant également des cellules
immunitaires (B et T) qui jouent un rôle dans la défense. «Même si vous
vous retrouvez sans anticorps circulants détectables, cela ne signifie
pas nécessairement que vous n'avez pas d'immunité protectrice parce que
vous avez probablement des cellules mémoire immunitaires qui peuvent
rapidement entrer en action pour démarrer une nouvelle réponse
immunitaire si vous rencontrez à nouveau le virus. Il est donc possible
que vous contractiez une infection plus bénigne», avance la professeure
d'immunologie virale Mala Maini, consultante à l'University College de
Londres.
En attendant d'en savoir plus, «même ceux qui ont un test d'anticorps
positif - en particulier ceux qui ne peuvent pas expliquer où ils
peuvent avoir été exposés - devraient continuer à faire preuve de
prudence, de distanciation sociale et d'utiliser un masque approprié»
avertit James Gill, professeur honoraire de clinique à la Warwick
Medical School.
Par
CNEWS avec AFP