
Le public togolais
réclamait sa réaction, c’est désormais chose faite! Dans une interview
accordée au
magazine français So foot, le capitaine des Éperviers
Emmanuel Sheyi Adébayor s’est enfin prononcé sur la situation politique
actuelle du Togo.
Lire ci-dessous l’intégralité de l’entretien:
Enfance difficile
« Ma
mère vendait des viandes à la frontière entre le Togo et le Ghana et
mon papa était monnayeur. Il changeait les devises. Il gagnait cinq
centimes mais ça lui permettait de s’occuper un peu. Mon enfance n’a pas
été terrible, mais ce n’est pas cette période qui compte, c’est ce que
tu deviens qui est important.
Grâce aux difficultés je suis devenu un ce que je suis aujourd’hui. Quand les gens me critiquent lorsque je rate une occasion dans un match important, je leur dis: « Si vous aviez eu mon enfance, vous comprendriez que ce n’est pas aussi important que de survivre ». Ça a été dur jusqu’à ce que j’intègre le centre de formation de Metz. Quand je rentrais au pays, il m’arrivait de me prendre la tête avec ma famille pour cette histoire de toilettes. Je leur disais: « Je ne peux pas revenir d’Europe pour aller faire mes affaires à la plage » .
Du
coup, j’utilisais les toilettes des amis d’à côté. puis j’ai commencé à
gagner un petit salaire, à devenir vraiment un homme. J’ai dû prendre
dès mes 15 ans des décisions importantes pour ma famille, je leur disais
quoi faire à la maison. Il a même fallu que je tape du poing sur la
table parce que dans la famille africaine, dès qu’il y a de l’argent,
tout le monde fait ce qu’il veut. Personne ne veut travailler, mais tout
le monde veut être le patron. J’ai même été obligé d’aller en guerre
contre mon grand frère, ma grande sœur ou ma mère afin de réaliser ce
que je voulais faire’
Le déballage sur sa famille sur les réseaux sociaux
« Un
soulagement. Encore meilleur que ma célébration de but contre Arsenal à
l’Etihad, parce que ça c’est le boulot. le foot, dans trois-quatre ans
c’est fini. Par contre, le nom de famille reste, ainsi que la personne.
j’ai gardé ça pendant des années. Combien de fois j’ai eu l’idée de me
suicider… Je suis dégoûté d’en être passé par là, mais je suis soulagé
de l’avoir fait parce que si je dois partir, s’il m’arrivait quelque
chose comme ce qui s’est passé à Cabinda, je touche du bois, tout le
monde connait mon histoire désormais. Aujourd’hui, il parait que la
femme et les enfants de Marc Vivien-Foé sont obligés de mendier pour
manger. On disait qu’il était bien avec sa famille, mais à ce qu’on m’a
raconté, c’étaient des conneries. Aujourd’hui, la réalité est là et Foé
n’est plus là pour témoigner. Si maintenant, on dit qu’Adebayor était
bien avec sa famille, il faudra dire que ce n’est pas vrai ».
Arsène Wenger
« Toujours
très correct. Ce n’est pas un pote, mais c’est un bon coach. Il y a
juste mon départ qui a tout faussé. Moi je ne voulais pas quitter
arsenal, on était tout le temps en Champions League et City ne la jouait
pas encore. Mais Wenger m’a dit que je ne faisais plus partie de ses
plans. ça m’a marqué car il n’y avait que Van Persie qui ne m’aimait
pas, et c’est réciproque d’ailleurs, mais sur le terrain, on s’entendait
comme des pros.
Une carrière politique?
« Jamais.
Avec les cellules terroristes, tu ne peux pas être à l’aise. Tu ne peux
pas conduire des décapotables, et tu ne peux pas aller voir des amis.
En tant que footballeur, je suis libre, je teins mes cheveux ou ma barbe
quand j’en ai envie. les gens me disent: « Manu, t’es un ambassadeur« .
Et puis quoi encore ? Je suis un footballeur, et quand j’arrêterai, je
prendrai mes enfants pour leur expliquer comment grandir. En ce moment,
le Togo est secoué car ils disent que le président doit partir. certains
jeunes sont morts pendant des manifs. Pourquoi ? Si demain, une autre
personne devient président, il va aller voir les familles ? Non. Pense
d’abord à ramener quelque chose à ton pays.
Les
Togolais me demandent mon opinion, ils me disent de prendre la parole.
mais vous voulez que je parle de quoi? J’y connais quoi en politique ?
En quoi ça me concerne une nouvelle Constitution ? Je ne la connais même
pas et ça ne m’intéresse pas. Si le président part, les gens qui n’ont
pas de boulot en trouveront-ils plus facilement ? Pas sûr. On a
l’exemple de la Libye avec Kadhafi. On a vu ce pays avec et sans lui.
les Libyens sont en train de regretter ! La diaspora togolaise de Paris
qui parle des marches, prenez l’avion et allez au pays si vous voulez
marcher! »
Source: togoweb.net