Le chef de l'État ivoirien s'est exprimé vendredi à Abidjan sur la
crise au Zimbabwe. Alassane
Ouattara estime qu'il est temps que le
président Robert Mugabe, confronté à un coup de force de son armée, «
cède son fauteuil à une nouvelle génération ».
Les chefs d’État africains n’ont pas la même appréciation
de la crise au Zimbabwe. Il y a deux jours, Alpha Condé, président en
exercice de l’Union africaine (UA), dénoncait un « coup d’État »
et demandait aux militaires de « mettre un terme immédiat à leur
action ». Une position qu’il a réaffirmé dans une interview accordée
jeudi au journal Le Monde.
Son homologue ivoirien pense visiblement différemment. « Il
faut que le président Mugabe puisse quitter ses fonctions dans la
dignité. C’est le message que j’ai transmis au président de l’Union
africaine [le Guinéen Alpha Condé, NDLR]. »
Le monde a changé et ce qui se passe au Zimbabwe interpelle tous les hommes politiques et pas seulement les chefs d’État africains
« Le président Mugabe est une personnalité qui a consacré
une bonne partie de sa vie à son pays et à la libération de son pays de
la colonisation », a déclaré Alassane Ouattara, en marge d’une cérémonie
à Abidjan. Mais pour lui, le chef de l’État zimbabwéen, âgé de 93 ans, a
certes été « l’objet de respect et même d’adulation de beaucoup
d’Africains et de jeunes Africains, mais le monde a changé et ce qui se
passe au Zimbabwe interpelle tous les hommes politiques et pas seulement
les chefs d’État africains »
« Evidemment à son âge et compte tenu de la durée de ses
fonctions, tout le monde est conscient qu’il est temps qu’il cède son
fauteuil à une nouvelle génération », a poursuivi le président ivoirien.
A Harare, la situation est encore floue. Robert Mugabe, qui a
fait sa première apparition publique depuis le coup de force ce
vendredi matin lors d’une remise de diplômes, reste, sur le papier du
moins, président du Zimbabwe. Il a cependant été placée en résidence
surveillée avec son épouse Grace par les militaires, dans la nuit de
mardi 14 à mercredi 15 novembre.
Emmerson Mnangagwa, l’ancien vice-président zimbabwéen dont l’éviction a provoqué le coup de force est pour sa part rentré jeudi au Zimbabwe.
« La partie est finie »
Le chef des anciens combattants de la guerre d’indépendance
du Zimbabwe, Christopher Mutsvangwa, a aussi exhorté Robert Mugabe à
quitter le pouvoir vendredi lors d’une conférence de presse. « Nous
lançons un avertissement ferme à Mugabe et à sa femme (Grace): la partie
est finie. (…) Les généraux ont fait un travail fantastique, c’est
fini, les jeux sont faits », a-t-il martelé. « Mugabe doit démissionner
(…) selon les termes fixés par les gars en uniforme ».
Il a aussi appelé la population à se mobiliser en masse dans
les rues samedi. « Nous voulons rétablir notre fierté, demain est le
moment de le faire (…), nous pouvons finir le travail commencé par
l’armée », a-t-il déclaré.
Par Jeune Afrique