Le président du Parlement catalan a décidé mardi de repousser la session d'investiture de l'indépendantiste Carles Puigdemont, interdite par la Cour constitutionnelle, tout en assurant qu'il avait tous les droits d'être investi.
Reculer pour mieux sauter. Le président du Parlement catalan
a décidé d'ajourner mardi 30 janvier la session d'investiture à la
présidence de la Catalogne du chef de file indépendantiste Carles
Puigdemont, interdite par la Cour constitutionnelle. "La séance plénière d'aujourd'hui (...) est reportée", a déclaré sans préciser de date Roger Torrent.
Il a expliqué que cet ajournement avait pour but de défendre la tenue d'un débat d'investiture avec "toutes les garanties" pour Carles Puigdemont,
autrement dit, sans risque d'arrestation. Ce dernier, installé à
Bruxelles, échappe depuis trois mois aux poursuites de la justice
espagnole.
Auparavant, le président du Parlement catalan s'est lancé dans une diatribe contre la Cour constitutionnelle, estimant que le président destitué de la Catalogne avait "tous les droits" de se présenter. Il est à ce stade le seul candidat à la direction de la région de 7,5 millions d'habitants.
"Ni
la vice-présidente du gouvernement (espagnol) ni le Tribunal
constitutionnel ne décideront qui doit être le président" de Catalogne, a
martelé Roger Torrent, en accusant la Cour de "violer les droits de
millions de catalans" qui ont voté pour lui.
Risques judiciaires d'une investiture de Puigdemont
La
Cour constitutionelle a souligné dans un arrêt rendu samedi
l'impossibilité d'organiser une telle investiture sans autorisation
judiciaire préalable. Elle a également écarté la validité d'une
investiture à distance du séparatiste Carles Puigdemont, qui serait
immédiatement arrêté s'il rentrait en Espagne, comme avant lui son ancien vice-président Oriol Junqueras.
Composée
de membres nommés essentiellement par la majorité conservatrice qui
dominait la chambre des députés à Madrid jusqu'en 2015, la Cour est
régulièrement accusée de partialité par les séparatistes, surtout depuis
qu'elle a annulé en 2010 une partie du statut conférant une autonomie
élargie à la Catalogne, l'une des racines de l'actuel conflit.
Ce
nouveau conflit judiciaire intervient trois mois après la déclaration
d'indépendance unilatérale votée au parlement le 27 octobre 2017, point
d'orgue d'une crise politique sans précédent en Espagne. La crise avait
démarré avec l'organisation d'un référendum d'autodétermination
interdit, le 1er octobre 2017, marqué par des violences policières.
France 24 Avec AFP