L’endettement des
Etats-Unis ne cesse d’augmenter, ce qui suscite l’anxiété du principal
pays
détenteur de bons du Trésor américain, la Chine. A celle-ci se sont
joints des analystes américains. Qu’est qui explique cette inquiétude
et dans quelle situation pourrait se trouver le dollar américain en
2018?
Le
dollar va mal. C'est le plus grand détenteur étranger de bons du Trésor
américain, la Chine, qui l'affirme. Les autorités chinoises,
selon CNBC,
pourraient donc prendre la décision d'arrêter d'acheter des obligations
émises par l'Etat américain, à cause d'un manque de confiance dans sa
solvabilité. Cette tendance est confirmée par la décision de l'agence de
notation chinoise, China's Dagong Global Credit Rating Co, qui vient
d'abaisser
la note de la dette souveraine américaine de A- à BBB+.
Qu'est-ce qui a fait prendre cette décision, lourde de conséquences,
aux autorités chinoises? Quelle relation a-t-elle avec la politique de
dédollarisation que veut mener ce pays? Et, dans cette perspective, dans
quelle situation pourrait se trouver la devise américaine en 2018?
Pourquoi la Chine ne croit-elle plus au dollar américain?
La Chine possède un stock de réserves de change en dollar d'environ
3.100 milliards de dollars, dont, en octobre 2017, 1.189 milliards en
bons du Trésor.
Malgré
ces montants astronomiques que la Chine détient en dollar,
l'abaissement de A — à BBB+ de la note de la dette souveraine américaine
par l'agence de notation chinoise, dont le siège est à Pékin, indique
une perte de confiance de la Chine dans la capacité des Etats-Unis à
rembourser leur dette.
«Les lacunes de l'écologie politique américaine
actuelle compliquent l'administration efficace du gouvernement fédéral,
de sorte que le développement économique national déraille», a estimé
l'agence, dans un communiqué
cité par Reuters,
ajoutant que «les réductions d'impôt massives réduisent directement les
sources de remboursement de la dette du gouvernement fédéral, donc
affaiblissent davantage la base du remboursement de la dette du
gouvernement».
Dans ce même communiqué, Dagong met directement en cause la décision
du Président américain, acceptée par le congrès, de relever le plafond
de la dette fédérale, se situant déjà à 20.000 milliards de dollars, de
1.400 milliards de dollars. L'agence a averti que la dépendance
croissante des États-Unis à l'égard de la dette pour stimuler le
développement nuirait à leur solvabilité. Pour elle, si cette politique
d'endettement fédéral se poursuit, le ratio recettes fiscales / dette
publique continuera à se dégrader pour atteindre un niveau de 14,2% en
2018 et 2019, et de 12,1% en 2022, «La solvabilité virtuelle du
gouvernement fédéral serait susceptible de devenir le détonateur de la
prochaine crise financière», a affirmé l'agence de notation chinoise.
Bien que la Chine ait aussi pris cette décision pour des raisons politiques, vu
la guerre commerciale que l'administration
Trump s'apprête à lui imposer
et sa volonté de s'émanciper de la sphère dollar en développant un
marché d'échange international alternatif dans sa devise nationale, le
yuan, il y a un autre fait extrêmement important qui montre que Pékin ne
serait pas la seule à penser qu'il ne vaut pas le peine d'investir dans
la devise américaine. Les deux plus importants acheteurs de la dette
américaine, la Chine et le Japon, sont actuellement devancés par
la Réserve Fédérale américaine,
devenue le plus gros acheteur de bons du Trésor américain, c'est-à-dire
qu'elle est celle qui joue le rôle le plus important pour maintenir la
confiance dans le dollar, que les autres investisseurs lâchent de plus
en plus.
Cette situation du dollar américain a permis au yuan de remporter sa plus grande victoire en devenant une
monnaie de référence mondiale.
Depuis octobre 2016, la devise chinoise est officiellement partie
intégrante de l'unité de compte du Fonds monétaire international,
autrement appelée droits de tirage spéciaux (DTS), où elle a rejoint
l'euro et le dollar américain mais également la livre britannique et le
yen Cela est à ajouter aux échanges avec les pays producteurs de
pétrole, comme l'Iran et le Venezuela, que la Chine effectue dans sa
monnaie nationale.
Alors, vu la tendance actuelle, quel pourrait être l'avenir du dollar en 2018?
L'année 2018 sera-t-elle une année charnière pour le dollar?
Selon des analystes américains, l'avenir de la monnaie américaine est inquiétant.
Commentant la situation instable des bourses américaines,
vu la conjoncture actuelle marquée par l'endettement américain,
Jeremy Grantham,
stratège en chef des investissements pour le Fond GMO à Boston, connu
pour avoir prévu la chute des marchés boursiers de 2000 et de 2008, a
déclaré que « cela ne pouvait pas durer et qu'on allait finir par se «
la prendre » quelque part entre maintenant et plus tard » — le plus tard
voulant dire « jusqu'à fin 2019 ».
James Stack,
historien du marché et président du fond InvesTech Research, a averti
les marchés financiers, qu'il juge surévalués et déconnectés de la
réalité, que vu la situation de l'économie américaine:
«S'il y a des certitudes, l'une sera que cette
partie finira par prendre fin». «Une correction serait saine. Plus on la
retarde, plus grand est le risque que cela finisse mal. Beaucoup de
gens vont avoir mal. Et quand ça finira, ça finira mal, et avec une
grande volatilité» a-t-il ajouté.
Les avis de ces deux premiers experts sont appuyés par un troisième
de poids. L'économiste Jan Hatzius, de la célèbre banque
d'investissement Goldman Sachs, qui pense que l'évolution des cours de
la devise américaine durant l'année 2018 ne se fera qu'à la baisse.
«Nous pensons toujours que le dollar sera
probablement mou, du moins vis-à-vis des principales devises,
probablement aussi face aux économies émergentes»,
a-t-il déclaré à CBNC.
En
mentionnant les économies émergentes, Jan Hatzius faisait certainement
allusion à la Chine, la Russie, le Brésil et l'Inde, tous membres de
l'Organisation de Coopération de Shanghaï (
OCS),
qui promeuvent la mise en place d'un système financier international
alternatif, à laquelle l'Iran et le Venezuela adhèrent avec enthousiasme
et qui repose sur un ensemble de devises, principalement le yuan
chinois. Si cette tendance s'accélérait, 2018 pourrait être l'année du
début de la fin du dollar.
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Source:fr.sputniknews.com