La Corée du Nord a envoyé au Sud sa liste des participants
aux premiers entretiens entre les deux
États rivaux en plus de deux
ans. Ces discussions sont prévues mardi et devraient porter sur la
participation de Pyongyang aux jeux Olympiques d'hiver.
"Nous viendrons à la Maison de la paix de Panmunjom le 9 janvier."
C'est par ce fax, qui sonne comme un début de roman d'espionnage, que la
Corée du Nord a accepté vendredi l'offre de dialogue formulée par son
voisin du Sud. Voilà plus de deux ans que les frères ennemis ne
s'étaient pas parlé directement. Ils se retrouveront donc mardi non loin
de la frontière entre les deux pays.
Cette rencontre
annonce-t-elle un dégel entre les deux Corées? Il ne faut sans doute pas
surestimer les résultats de ces pourparlers. Ils devraient
essentiellement porter sur la participation – presque déjà acquise –
d'une délégation nord-coréenne aux Jeux olympiques d'hiver de
Pyeongchang en février. La vraie question – celle de l'arsenal nucléaire
nord-coréen – ne devrait pas être évoquée.
Mais, en choisissant
la voie de la négociation, le président sud coréen Moon Jae-in s'éloigne
de la ligne dure américaine pour rejoindre celle de Pékin, qui
privilégie les discussions avec Pyongyang. Le vice-ministre chinois des
Affaires étrangères a d'ailleurs été dépêché samedi à Séoul.
Ce changement de pied de la Corée du Sud ne réjouit pas la Maison-Blanche
Ce
changement de pied ne réjouit pas la Maison-Blanche. Certes, samedi,
Donald Trump s'est félicité de cette reprise des discussions, espérant
même qu'elles "iront au-delà" de la parenthèse olympique. Mais jeudi,
Moon Jae-in a dû s'employer pour le convaincre de reporter les manœuvres
militaires conjointes qui devaient se dérouler dans la région pendant
les JO. Et toute la semaine, les officiels américains ont aussi cherché à
discréditer l'initiative de mardi, qualifiée de "rafistolage" par Nikki
Haley, ambassadrice américaine à l'ONU.
Ils n'y voient qu'un
stratagème du leader nord-coréen pour fragiliser l'alliance
internationale créée contre lui. Ou simplement une façon de gagner du
temps afin de poursuivre son programme nucléaire. Lundi, dans son
message du Nouvel An, Kim Jong-un a, il est vrai, appelé son pays "à
produire en masse têtes nucléaires et missiles balistiques". Le site
spécialisé 38 North estime d'ailleurs que Pyongyang s'apprêterait à
tester un nouveau moteur de fusée.
Certains experts de la CIA
mettent désormais la pression sur Donald Trump, expliquant qu'il ne
reste plus qu'une fenêtre de trois mois avant que Pyongyang ne se dote
d'un missile nucléaire capable de frapper Washington. Outre-Atlantique,
l'option militaire reste donc sur la table.