Migrants: nouveau naufrage en Méditerranée alors que le flux a ralenti
Ce samedi 6
janvier, au moins 25 personnes sont mortes noyées au large de la Libye
dans le naufrage d'une embarcation transportant jusqu'à 150 migrants.
Une information transmise par deux ONG de secours. Un drame qui survient
alors que le le flux des départs s'est ralenti au fil de l'année 2017.
Les migrants qui quittent la Libye pour tenter de gagner les côtes
européennes partent dans des conditions extrêmement difficile. Ils
embarquent la plupart du temps dans des navire de fortune, parfois même
de bateaux gonflables, comme l'explique à RFI Francis Vallat, président
de l'association SOS Méditerranée, qui effectue des patrouilles de sauvetage en mer.
« Ce sont des bateaux faits n’importe comment, pour flotter
quelques heures... qu’il s’agisse de gonflables ou d’embarcations en
bois, etc. Par exemple, pour les gonflables, vous avez des
planches qui sont mises en dessous pour que les gens puissent tenir
debout dessus, avec les clous qui dépassent. Et à chaque fois on a des
blessés. Quelquefois - hélas - on a eu aussi des morts, puisque ces bateaux
sont surchargés. Non seulement ils sont précaires, mais ils sont
surchargés. Donc tout le monde est debout et la plupart des morts sont des
enfants, qui sont donc plus petits que les autres, qui respirent les
vapeurs d’essence, qui n’ont pas assez d’air pour respirer…»
Pour Francis Vallat, si sur terre, les conditions dans lesquels vivent les migrants sont de l'ordre «du crime contre l'humanité», «sur mer, oui, les conditions sont absolument sordides ! » Moins de migrants à tenter la traversée
Selon l'Organisation internationale de la migration (OIM), il y a eu
l'année dernière, deux fois moins de migrants africains qui ont tenté de
traverser la mer Méditerranée pour atteindre les côtes européennes. Une
tendance que confirment certaines organisations non gouvernementales,
comme SOS Méditerranée.
Pour Francis Vallat, président de cette association, le renforcement des patrouilles en mer a contribué à cette baisse. «Dans l’axe Libye-Italie, qui est le principal axe, l’année
dernière il y avait quasiment 190 000 migrants qui avaient été sauvés
par cette route, alors que cette année on doit être à peu près autour de
120 000-130 000 maximum. Donc il y a une diminution qui est nette».
Plusieurs facteurs contribuent à expliquer ce ralentissement comme l'attitude des autorités libyennes et la polémique sur le rôle des ONG notamment en Italie. «En fait, pendant l’été, il y a eu un tas de circonstances qui se
sont cumulées, avec des attitudes très problématiques, anxiogènes,
éventuellement qui pouvaient mettre en cause la sécurité, de la part de
certains Libyens en mer, poursuit Francis Vallat. Il y a eu aussi
un raidissement des autorités italiennes au niveau gouvernemental sous
la pression des populistes demandant qu’il y ait un code de conduite pour les ONG. Donc... il y a eu un coup d’arrêt assez brutal et qui a duré bien
plusieurs semaines, alors que traditionnellement c’est le moment où vous
avez un maximum de réfugiés, puisque c’est le moment où la mer est la
plus clémente, si je peux dire ».
FEDERICO SCOPPA / AFP | Lors du sauvetage de 255 migrants, en mer Méditerranée, dans la nuit du 25 au 26 décembre 2017.