Lors de la conférence de presse commune tenue à l'Elysée ce vendredi entre les présidents turc
et français, le sujet de la procédure laborieuse de la Turquie pour adhérer à l'Union européenne s'est invité dans les discours. Emmanuel Macron a appelé à mettre fin à "'hypocrisie", tandis que Recep Tayyip Erdogan a fait part de la "fatigue" de son pays.
En 1963, la Turquie faisait ses premiers pas en
direction d'une adhésion à une Europe politique qu'on n'appelait pas
encore l'Union européenne. Ce premier vendredi de l'année 2018, les
présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et français, Emmanuel Macron, ont
évoqué ce dossier qui n'a toujours pas abouti lors d'une conférence de
presse commune tenue à l'Elysée.
"J’ai rappelé qu’à mes yeux l’ancrage de la Turquie au sein de la convention des droits de l’homme était important", a d'abord dit Emmanuel Macron. "Je sais les choix qui ont été fait mais je souhaite que la Turquie reste pleinement membre de cette convention. Je pense que ça fait partie de son identité et que c’est notre intérêt commun", a-t-il poursuivi.
"Il faut sortir de l'hypocrisie"
Aussitôt
dit, Emmanuel Macron ferme clairement à la porte à toute entrée de la
Turquie à l'Union européenne. "Les évolutions récentes de la Turquie ne
permettent aucune avancée dans le processus d'adhésion à l'Union
européenne", tranche le chef de l'Etat. "Il faut sortir de l'hypocrisie
qui consiste à penser qu’une évolution naturelle nous conduira à ouvrir
de nouveaux chapitres dans la négociation", a-t-il conclu. Une question
de la presse l'a conduit plus tard à dire qu'il ne faudrait peut-être
pas chercher une intégration de la Turquie mais travailler dans le sens
"d’un partenariat avec une finalité: préserver l’ancrage de la Turquie
dans l’Europe."
Au moment de répondre, Recep Tayyip Erdogan,
qui a donné du "cher ami" à son interlocuteur, a lancé: "Dans le cadre
du processus de l’adhésion, nous voyons que depuis 53 ans la Turquie
attend dans l’antichambre de l’UE et aujourd’hui nous savons que la
France en est un pilier important". Relevant l'unicité de la situation
de son pays vis-à-vis des institutions européennes, il a regretté que
quand on le lui demandait, "l'Union européenne ne (pouvait) pas donner
les raisons de ces blocages".
"La fatigue" d'Erdogan
"Auparavant,
nous étions bloqués sur quinze chapitres, maintenant il y en
trente-cinq. Après, nous avons ouvert seize de ces chapitres mais aucun
n'a été clos", a-t-il détaillé. Le chef d'Etat turc a alors déclaré: "Ça
nous a sérieusement fatigués et ça a fatigué la nation (turque, Ndlr)
et ça nous pousse peut-être à prendre une décision, car on ne peut être
en permanence en train d’implorer qu’on nous laisse entrer, et je le dis
ici, en France."