Il n’y aura pas d’immunité pour le président sud-africain Jacob Zuma. C’est ce qu’a confirmé Cyril Ramaphosa, le président du parti au pouvoir, l’ANC, ce jeudi après-midi 8 février. Le sort du président Jacob Zuma n’est toujours pas fixé. On sait que des négociations sont en cours pour un départ anticipé du chef de l’Etat embourbé dans les scandales. De nombreux Sud-Africains spéculaient qu'une immunité contre toute poursuite judiciaire était au centre des négociations.
Cyril Ramaphosa a mis court à toutes spéculations. Une immunité
contre toute poursuite judiciaire ne fait pas partie des discussions
entre lui et le président Jacob Zuma, a-t-il indiqué jeudi après-midi
aux députés de son parti, l’ANC.
En effet, depuis que le leader de l’ANC a confirmé que des
négociations étaient en cours avec le chef de l’Etat pour un départ
anticipé, les spéculations vont bon train. Jacob Zuma menacé par des
poursuites judiciaires serait en train de négocier une protection pour
lui et sa famille.
L’ANC n’a pas les moyens de promettre une quelconque immunité, rappelle Pierre de Vos, juriste sud-africain.
« D’abord, si cela a été discuté, c’est totalement illégal, car
que ce soit le président ou qui que ce soit, selon la loi sud-africaine,
personne n'a le pouvoir d’accorder l’immunité. Deuxièmement, ça aurait
été quelque chose de très mauvais pour l’état de droit, car ça voudrait
dire qu’une personne en position de pouvoir n’est pas traitée de la même
façon que les autres par la justice. De plus, si le président Zuma
devait recevoir une quelconque immunité, ça ne serait pas une décision
très populaire. Cela provoquerait la colère d’une grande majorité des
électeurs s’il n’était pas poursuivi. De nombreux Sud-Africains attendent clairement que le président Zuma soit entendu par la justice comme toute personne accusée de corruption. »
Dans les mois qui viennent, le président Zuma pourrait avoir à répondre de 783 chefs d’inculpations pour fraude, racket et corruption. Il est accusé d'avoir touché des pots-de-vin lors d'un contrat d'armement.
Cyril Ramaphosa a également indiqué que les discussions avec le président Zuma seraient terminées d’ici 1 ou 2 jours.
L’opposition exige la fin de l'impasse
L’opposition en a assez. Le discours à la nation du chef de l’Etat,
qui marque habituellement l’ouverture du Parlement pour l’année, a été reporté. Et aucune nouvelle date n’a été fixée.
Pour Narend Singh député de l’opposition cette attente n’est pas acceptable.
« Nous ne pouvons pas donner à l’ANC le temps dont ils ont
besoin pour régler leur affaire en interne. L’Etat ne peut pas s’arrêter
de fonctionner à cause d’eux. Nous avons été très clairs, nous voulons
savoir, au plus tard lundi, quand aura lieu le discours à la nation », dit-il.
Toute l’opposition est catégorique, indique le député John
Steenhuisen. Ils ne laisseront pas Jacob Zuma prononcer le prochain
discours à la nation.
« Il ne s’agit pas d’une petite réunion du gouvernement. Il
s’agit quand même du président de la République, du chef de l’exécutif
et de son discours à la nation. Reporter ça indéfiniment est
problématique. De plus, plus cela traîne, sans qu’aucune décision ne
soit prise, plus cela affaiblit Cyril Ramaphosa », souligne-t-il.
Si le chef de l’ANC ne parvient pas à faire partir Jacob Zuma, l’opposition s’en chargera. Elle a d'ailleurs demandé que le vote d’une motion de défiance contre le chef de l’Etat, prévue le 22 février, soit avancé à mardi prochain.