CAMEROUN: DIEUDONNE ESSOMBA:LES PARTISANS DE L’ETAT UNITAIRE ET LEURS ETRANGES ARGUMENTS


Les partisans de l’Etat ont construit une étrange ligne de défense fondée sur les arguments suivants :
1. LES ACCUSATION DE FETICHISME : ils nous accusent de fétichisme, alors même que c’est qui ont érigé l’Etat unitaire en un Totem que personne n’a le droit d’interroger. Contrairement à nous qui prouvons la capacité de la Fédération à résoudre les problèmes concrets que vit le Cameroun, par des exemples et le bon sens, vous ne les verrez nulle part évoquer le moindre argument économique, politique ou social en faveur de leurs thèses.
2. LE RECOURS AUX PROBLEMES DU NIGERIA ET DE L’ETHIOPIE : ils évoquent souvent les problèmes du Nigeria, mais on se demande si les massacres en Côte d’ivoire, en Sierra Léone, au Tchad, la pagaille politique en RDC, sans compter la RCA qui n’a même plus d’Etat étaient des Fédérations. Du reste, la Sécession anglophone vient-elle de la nature fédérale du Cameroun ?
Les pays fédéraux d’Afrique, à savoir l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Ethiopie nt une stabilité intrinsèque supérieure aux Etats unitaires, malgré leur plus grande taille. En tout état de cause, ils ne peuvent pas développer des chefs de guerre tels qu’on en connaît dans des Etats dits unitaires, où au moindre affaiblissement, des hordes armées se constituent et massacrent les populations : un Etat fédéral ne se délite pas, car même si l’Etat central est affaibli, les autorités des Etats Fédérés assurent l’ordre.
3. LA FEDERATION SERAIT L’ANTICHAMBRE DE LA SECESSION : c’est l’un des plus étranges arguments qu’ait pu concevoir le cerveau humain, quand on sait que l’Humanité a plutôt conçu ce système pour éviter les sécessions. Si des Communautés ne peuvent pas vivre dans une fédération, ce n’est pas dans un Etat unitaire qu’on va les obliger à vivre. Cet argument vient plutôt d’une perception dévoyée de l’Etat, réduit à une machine irrésistible capable d’obliger par des moyens de force une communauté à faire partie d’un ensemble.
Une vision hallucinée et irréaliste, quand son sait que cela a dépassé même la puissante URSS qui a fini par se déliter, à force d’être une prison des peuples.
La fédération est le dernier rempart contre la sécession et non son antichambre. Notons par ailleurs que certains pays ont retenu la leçon : l’Ethiopie est devenue fédérale à la suite de la sécession érythréenne, pour éviter de répéter la même histoire ailleurs. Et le Soudan qui avait supprimé la Fédération y est revenu subrepticement après le départ du Soudan du Sud, lui-même fédéral.
4. LA CONSTITUTION A PREVU LA DECENTRALISATION : ici, la première question qu’on est en droit de se poser est qu’elle est où ? Les autorités l’avait simplement adoptée lors de la Tripartite il y a 26 ans et inscrit dans la Constitution il y a deux ans, justement pour ne rien faire ! Cela leur permettait de dire : vous voyez vous-mêmes que nous avons adopté la décentralisation, mais elle doit aller à son rythme.
En réalité, les Etats postcoloniaux ne peuvent pas décentraliser sincèrement puisque par nature, ils ne peuvent pas accepter un pôle d’autorité qui leur échappe. Vous ne rencontrez jamais une telle décentralisation nulle part dans le monde, car elle ne peut jamais être sincère : les autorités centrales ne transfèrent que des missions dont ils veulent se débarrasser parce qu’ils ne peuvent plus les financer. En fait, c’est une manière de refiler aux Régions la patate chaude.
5. LA CONFUSION PERMANENTE ENTRE LA PANACEE ET L’OPTIMUM : chaque fois qu’ils sont acculés, ils recourent à la confusion malhonnête entre l’optimum et la panacée, affirmant alors que la fédération ne résout pas tous les problèmes. Bien entendu, personne ne l’a jamais prétendu, mais comme dans tout choix, on prend le moins mauvais ! Nous ne prétendons pas que la Fédération viendra résoudre tous les problèmes, mais qu’elle les résout mieux que l’Etat unitaire. On ne raisonne jamais en sciences humaines en termes de perfection, mais en termes d’optimum ! C’est un peu comme le choix d’une voiture : toutes les voitures créent des pannes et consomment l’essence. Mais est-ce pour autant qu’on ne va pas choisir celle qui crée moins de problème ?
6. L’APPEL DOLOSIF A L’HISTOIRE : certains réinterprètent les postures des Nationalistes qui prônaient l’unité comme si la lutte pour l’indépendance avait quelque chose à voir avec l’organisation du pays après l’indépendance. D’autres appellent « évolution » la suppression de la fédération, ce qui est l’une des plus grosses bêtises qu’un Etat puise faire : on ne supprime jamais une Fédération! Cela se paie cash dans tous les pays du monde ! La bonne évolution aurait été de l’étendre dans les autres Régions du pays et c’est cela que font tous les autres pays.
7. L’ARGUMENT DE L’IMPREPARATION : comme s’ils ne retenaient pas les leçons de l’histoire, certains viennent nous dire qu’il faut aller lentement et préparer les gens. C’est le même argument qu’utilisaient les colons et leurs soutiens locaux pour refuser l’indépendance ; c’est le même argument d’immaturité des peuples qu’on utilisait pour maintenir les peuples sous la dictature du parti unique. Un argument qui, en l’occurence, n’a aucun sens ! Quand le Cameroun devient indépendant, il est gouverné par des gens qui n’ont que le CEPE, ce qui ne les empêche pas d’amorcer le développement du pays. Comment peut-on nous dire que ces milliers de Diplômés de l’enseignement supérieur en chômage, des anciens retraités, et même ces fonctionnaires en activité ne peuvent pas gérer un petit Etat ? On n’a absolument rien à préparer ! Les gars sont capables et prêts à gérer !
8. LE RECOURS AUX CONCEPTS MYSTTERIEUX : enfin, les plus instruits tentent de noyer une problématique pourtant simple dans des mots et des concepts mystérieux, comme si tous les Etats africains précoloniaux (empires, royaumes) qui étaient tous des Fédérations ou des Confédérations avaient besoin de ces théorie alambiquées pour s’organiser.
Tels sont, grosso modo, les arguments des partisans de l’Etat unitaire. Or, le seul débat qui aurait intéressé les Camerounais, c’est la comparaison des deux formes de l’Etat point par point :
-efficacité économique
-stabilité politique
-construction de l’unité nationale
-indépendance du pays par rapport à l’extérieur
-développement accéléré et équilibré
-etc.
Mais vous ne les verrez jamais débattre de ces points essentiels ! Malhonnêtes et fuyants, ils viennent subrepticement dans les murs des Fédéralistes pour lancer quelques traits venimeux avant de fuir précipitamment, comme les parfaits imposteurs qu’ils sont.
Aucun n’ose affronter un débat technique !
Je dis et je le répète, il faut fédéraliser le Cameroun et libérer les Communautés pour qu’elles se développent ! Un peuple qui perd ses repères pour adopter des soi-disant valeurs importées ne peut jamais se développer. On ne peut pas prétendre bâtir quelque chose d’utile et de solide dans le reniement de soi et l’adhésion à des comportements empruntés ailleurs dont nous ne comprenons ni le sens, ni la logique.
Il faut véritablement traîner une profonde tare pour soutenir l’Etat unitaire et ses « unités nationales » qui émascule les communautés camerounaises, tue toutes les initiatives et pervertit les peuples camerounais pour en faire des peuples-zombies.
Il faut un système qui permette à chaque communauté de s’assumer dans son être, telle qu’elle est, sans que cela entrave la construction commune. Et ce système n’est rien d’autre que la Fédération, dans laquelle chaque segment communautaire dispose d’un espace de liberté où il se développe sur la base de sa culture et de ses valeurs, à savoir un Etat fédéré, le tout chapeauté par une entité commune assurant les missions stratégiques et la coordination.
L’Etat unitaire n’est pas seulement stérile : il est absolument criminel.
Dieudonné ESSOMBA