
Après six mois de crise politique au Togo, le dialogue de la
"dernière chance" doit s'ouvrir lundi entre
pouvoir et opposition, suscitant un mélange d'espoir et d'incrédulité dans ce petit pays ouest-africain.
pouvoir et opposition, suscitant un mélange d'espoir et d'incrédulité dans ce petit pays ouest-africain.
"C'est le dialogue de la dernière chance. L'opposition et le pouvoir
ont intérêt à tout faire pour sortir définitivement ce pays de cette
situation d'instabilité", affirme à l'AFP Joël Afandjigan, commerçant à
Lomé. "Chaque camp doit mettre un peu d'eau dans son vin".
Pouvoir et opposition ont enfin décidé de se réunir autour de la même table, alors que le président Faure Gnassingbé, actuellement à la tête de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), fait face depuis cinq mois à une très forte contestation populaire.
Quasiment chaque semaine, des marches pour demander sa démission et
la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels rassemblent des
milliers, voire des dizaines de milliers de personnes.
Edoh Klavissou, conducteur de taxi-moto, n'attend rien du dialogue.
"Le parti UNIR (Union pour la République, au pouvoir) va encore
rouler l'opposition dans la farine. Ils vont encore discuter et signer
un autre accord, qui ne sera pas respecté par le gouvernement. C'est la
même chose et cela nous fatigue. Nous avons trop dialogué dans ce pays".
>> Lire aussi : Ouverture du dialogue politique au Togo
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Sur les réseaux sociaux, nombreux étaient ces derniers jours les
Togolais sceptiques, à critiquer la tenue d'un "énième dialogue" au
Togo, gouverné depuis plus de 50 ans par la même famille.
Faure Gnassingbé a succédé en 2005 avec le soutien de l'armée à son
père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait dirigé sans partage le
pays pendant 38 ans. Il a été réélu au terme de scrutins contestés par
l'opposition en 2010 et 2015.
Depuis l'avènement du multipartisme au début des années 90, une
quinzaine de dialogues et de pourparlers se sont tenus à Lomé, sans
jamais déboucher sur une alternance politique ni changement majeur.
La réforme des mandats présidentiels et du mode de scrutin, déjà
prévue par l'Accord politique global (APG) de 2006, n'a jamais vu le
jour, alors qu'elle devait permettre d'apaiser un pays exaspéré par les
violences (près de 500 morts selon l'ONU) ayant suivi l'élection de M.
Gnassingbé.
- 'Bonne volonté' -
L'ONU, l'Union européenne et les ambassades d'Allemagne, de France et
des États-Unis à Lomé ont "salué" la semaine dernière la tenue de ce
dialogue, encourageant "les acteurs politiques togolais à travailler de
bonne foi pour aboutir à un consensus".
Le président ghanéen Nana Akufo-Addo, l'un des médiateurs de cette
crise, est attendu dimanche soir à Lomé, où il accompagnera l'ouverture
des discussions lundi.
Toutefois, après quatre jours de travaux préparatoires réunissant des
représentants du gouvernement, du parti au pouvoir et de l'opposition,
très peu d'informations ont pour l'instant filtré.
"Ce qui nous impressionne, c'est la bonne volonté des deux parties et
l'enthousiasme qu'elles manifestent, afin de trouver une solution
durable à la crise", a déclaré samedi soir à des journalistes le
porte-parole de la délégation ghanéenne, Daniel Osei, sans fournir aucun
détail concret.
A propos du rôle du Ghana, il a précisé qu'il s'agissait davantage
d'une "facilitation" que d'une "médiation", les chefs d’Etat de la
Cédéao ayant décidé "que la crise trouverait sa solution à travers un
dialogue entre togolais".
Mais à la veille de l'ouverture du dialogue, le suspense demeure
entier sur l'ordre du jour et les parties prenantes aux discussions -
quels partis pour représenter l'opposition? Société civile et armée
seront-elles présentes?