Jeune Afrique s’est procuré le document remis par le comité de haut
niveau au président Alassane
Ouattara et à Henri Konan Bédié, le
président du PDCI. Le texte, qui doit encore être validé, dessine les
contours du futur parti unifié du Rassemblement des houphouëtistes pour
la démocratie et la paix (RHDP).
Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ont « adopté le
principe de l’accord politique pour la création d’un parti unifié », à
l’issue de leur rencontre, ce mardi, au palais présidentiel du Plateau, à
Abidjan.
Dans deux documents fondateurs – le manifeste et les statuts
–, qui ont été adoptés « en première lecture » par le comité de haut
niveau, le futur parti unifié, qui prendra le nom de RHDP,
se dévoile. Ces textes ne sont pas définitifs : ils devront être
précisés, et éventuellement amendés, avant d’être validés par les
représentants des six partis du RHDP. Ils seront ensuite paraphés par
les chefs respectifs de chacun de ces partis, mais aucune date de
signature n’a pour l’instant été annoncée.
Jeune Afrique a eu accès à ces documents. Voici ce qu’il faut en retenir :
Idéologie : libérale, républicaine et laïque
Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la
paix – nom du futur parti unifié –, qui était jusque-là un groupement
politique, devrait être, dans un premier temps, une fédération entre ses
six partis fondateurs : le Rassemblement des républicains (RDR
d’Alassane Ouattara), le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI de
Henri Konan Bédié), l’Union pour la démocratie et la paix en Côte
d’Ivoire (UDPCI d’Albert Toikeusse Mabri), l’Union pour la paix en Côte
d’Ivoire (UPCI de Brahima Soro), le Parti ivoirien des travailleurs (PIT
de Joseph Séka Séka) et le Mouvement des forces d’avenir (MFA
d’Azoumana Moutayé).
Le RHDP adhère à l’idéologie du libéralisme économique et est résolument attaché à la forme républicaine et laïque de l’État
Ce n’est qu’au terme d’un processus compris entre douze et
dix-huit mois que le RHDP doit se transformer effectivement en un parti
unifié.
Selon ces statuts, qui doivent être signés par les
présidents des partis fondateurs, « le RHDP adhère à l’idéologie du
libéralisme économique et est résolument attaché à la forme républicaine
et laïque de l’État et à son contenu démocratique ».
Symboles : un bélier et les couleurs nationales
Toujours selon les statuts, le RHDP aura pour symbole un bélier – une référence à Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire, dont le nom, Boigny, signifie « bélier » en baoulé – dont se réclame la mouvance présidentielle du RHDP, créée en mai 2005.
Les couleurs du futur parti seront le blanc, le vert et l’orange, comme celles du drapeau national.
Organisation calquée sur le PDCI
Le comité de haut niveau présidé par Daniel Kablan Duncan,
vice-président de la République et vice-président du PDCI, et co-présidé
par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, premier vice-président du
RDR, a proposé la mise en place de divers organes, généralement copiés
sur l’organisation du PDCI.
À la base, on trouve ainsi les comités de quartier ou de
village, les sections, les délégations sous-préfectorales ou communales,
les délégations départementales, les coordinations régionales – ou de
district – et enfin la délégation extérieure pour les adhérents de la
diaspora.
Les organes centraux, quant à eux, seront le congrès,
désigné comme l’organe suprême ; la convention ; le(s) président(s)
d’honneur ; le président ; le secrétariat général ; le bureau politique
et le grand conseil.
Un comité de direction, calqué sur le modèle du RDR, jouera
le rôle de « gouvernement » du RHDP. Ce comité sera composé, notamment,
du président, des vice-présidents, du secrétaire général et de ses
adjoints.
Discipline et sanctions
Tirant sans doute des leçons des victoires de plusieurs
candidats indépendants face aux candidats du RHDP lors des législatives
de 2016 et des sénatoriales de 2018, ainsi que des déclarations hostiles
au RHDP de la part de personnalités politiques issues du PDCI, tel
Jean-Louis Billon, les rédacteurs des textes du parti unifié ont
introduit un article sur la discipline.
« Sont interdits et sanctionnés, notamment, les actes
ci-après : déclarations contre le parti ou les décisions prises par le
parti dans la presse écrite ou audiovisuelle ou à l’occasion d’un
rassemblement de militants, au nom du parti et sans son aval ».
Une interdiction qui pèse sur tous les membres du parti :
« Peu importe que ces déclarations émanent d’un responsable d’une
instance dirigeante ou d’un militant de base, candidatures indépendantes
contre des candidats investis par le parti, manquement à l’honneur et à
la probité », précise le document.
Les contrevenants s’exposeraient à un avertissement, un
blâme, une suspension ou même une exclusion temporaire, voire
définitive.
Des questions en suspens
Si le comité de haut niveau a adopté les différents textes –
manifeste, statuts et règlement intérieur –, plusieurs questions
restent posées. Sur le plan idéologique, l’adhésion de partis de gauche
comme le PIT aux principes du libéralisme économique semble ainsi
surprenante.
Sur le plan de la composition du bureau politique, les
textes n’ont pas tranché. De même que pour le nombre de personnalités
issues de chaque parti politique devant siéger dans les structures de
base et les organes de direction.
La question de la présidence du futur RHDP continue de fâcher Bédié
L’absence de précision sur ces points dans les documents
inquiète les « petits partis » composant la coalition. L’UPCI, qui a des
élus au Parlement, avait ainsi souhaité disposer d’au moins un poste de
sénateur, sans avoir été entendue. Le parti d’Albert Toikeusse Mabri
souhaite que les deux grands partis, le RDR et le PDCI, soient les
premiers à prononcer leur dissolution avant que les « petits partis » ne
leur emboîtent le pas.
De son côté, le MFA reproche à certains de ses alliés
d’entretenir la division interne à des fins personnelles. En effet,
alors qu’Azoumana Moutayé, le président du MFA, soutenu par Alassane
Ouattara, a paraphé le manifeste, le Premier ministre Gon Coulibaly
porte son choix sur un dissident du parti.
Enfin, la question de la présidence du futur RHDP continue
de fâcher Henri Konan Bédié, en dépit de l’accord qu’il a signé avec
Alassane Ouattara le 10 avril. Il serait en effet confiné dans un rôle,
taillé sur mesures, de président d’honneur « attribué aux anciens
présidents de la République ».
De son côté, ADO pourrait prendre la présidence du parti et
aurait alors la possibilité de « nommer, après accord du bureau
politique, un président délégué pour le suppléer dans ses attributions
et tâches quotidiennes ». Autant de questions qui devraient animer les
discussions d’ici à la signature de la version définitive du texte.
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Source: Jeune Afrique