Trois jours après la décision de la Cour constitutionnelle de
dissoudre l’Assemblée nationale et de
demander la décision du
gouvernement, l’Union nationale (opposition) a officiellement dénoncé
une manœuvre délibérée visant à un « coup d’État institutionnel ».
« Disons-le clairement, il y a derrière cette décision
la réalisation par la Cour constitutionnelle d’un véritable coup d’État
institutionnel au service de la conservation du pouvoir », a expliqué Casimir Oyé Mba lors d’une conférence de presse, jeudi 3 mai.
Selon le vice-président de l’Union nationale, le gouvernement a
délibérément attendu la veille du 28 avril, date prévue pour les
législatives, pour saisir la Cour constitutionnelle en indiquant que les
scrutins ne pourraient pas se tenir comme convenu. « En réalité, tout
cela était volontaire et délibéré », ajoute Oyé Mba.
« La Cour constitutionnelle a pris le contrôle du calendrier des
élections législatives, en même temps qu’elle place le président dans
une situation de pouvoir monarchique, sans contrôle ni partage », a
poursuivi le vice-président de l’Union nationale. Et de conclure :
« L’Union nationale s’alarme et s’inquiète de la gravité de la crise
institutionnelle ».
La pression est sur le CGE
« La Cour constitutionnelle est indépendante », a réagi un conseiller à la présidence, joint par Jeune Afrique.
« Cette décision est tout à fait libre et les autorités gabonaises se
doivent donc de l’appliquer », a-t-il ajouté, reprenant les propos tenus
quelques heures plus tôt par le porte-parole du gouvernement,
Alain-Claude Bilié By Nzé.
Dans la foulée de la décision de la Cour, le Premier ministre
« Emmanuel Issoze Ngondet a présenté la lettre de démission de son
gouvernement à la suite de la décision de la Cour constitutionnelle de
mettre fin aux pouvoirs de la législature actuelle dont la conséquence
est la démission du gouvernement actuel », selon un communiqué. Emmanuel Issoze Ngondet a été reconduit jeudi 3 mai. Il doit proposer sa nouvelle équipe dans la foulée.
Le nouveau gouvernement sera responsable devant le président de la
République, comme le veut la nouvelle Constitution gabonaise adoptée en
janvier et décriée par l’opposition. Il sera prioritairement chargé
d’organiser les législatives à la date fixée par le Centre gabonais des
élections (CGE). Ce dernier a prêté serment le 2 mai et est présidé par
Moïse Bibalou Koumba, magistrat proche de Marie-Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle.
Source: Jeune Afrique