A cinq mois des élections, la République démocratique du Congo entre dans le vif du sujet et dans le concret de ces scrutins maintes fois reportés. C'est à partir de ce mercredi que les candidats pour la présidentielle doivent déposer leur dossier. Ils ont jusqu'au 8 août pour le faire. Mais ce n'est que mi-septembre que l'on connaîtra la liste définitive des prétendants. Certaines figures ont déjà annoncé leurs intentions, alors que d’autres, comme le président sortant lui-même, laissent planer le doute.
Le bureau d’enregistrement des candidatures a bien ouvert à huit
heures ce mercredi matin dans ce qui sert habituellement de salle de
presse au siège de la Commission électorale à Kinshasa. Les dépôts
peuvent s’effectuer jusqu’au 8 août entre 8h et 16h30. Chaque jour,
promet la Céni, une liste actualisée des candidats ayant déposé un
dossier sera affichée. Pas question donc de se présenter en catimini.
Les candidats peuvent se faire représenter par un tiers, mais à
condition d’être déjà enrôlés sur les listes électorales. Sinon leur
présence est obligatoire.
Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba,
qui étaient hors du pays pendant la révision des listes électorales,
doivent donc être physiquement présents pour se porter candidats. Pour
les autres, ils peuvent désigner un mandataire, mais celui-ci doit
fournir un formulaire de consentement. Autrement dit, selon la Céni, une
plateforme électorale ne peut pas décider de présenter une candidature
sans un accord écrit de l’intéressé.
Quid de Katumbi et Bemba ?
Tout cela laisse planer beaucoup d’incertitudes sur la liste des
candidats. Certains candidats ont fait part de leur intention, mais on
ignore s’ils auront le droit de concourir. Comme Moïse Katumbi, toujours en exil, contre lequel plusieurs procédures judiciaires ont été engagées. Son avocat, Me Dupont Moretti a assuré que, selon lui, « en droit »
rien ne l’empêche de se présenter, car aucun jugement définitif n’a été
rendu contre lui. Une des procédures a été renvoyée au 10 octobre,
l’autre est en appel, quant à l’affaire sur une éventuelle nationalité
italienne, interdite par la loi électorale, l’avocat assure qu’elle est
basée sur un faux. Mais les autorités l’entendront-elles de cette
oreille ? Moïse Katumbi prendra-t-il le risque de rentrer comme il
l’annonce ? Alors qu’on s’en souvient, au moment de son départ, Kinshasa
avait promis de l’arrêter dès son retour.
Incertitude aussi pour Jean-Pierre Bemba. S’il a été acquitté de
crime contre l’humanité devant la Cour pénale internationale, il a en
revanche été condamné pour subornation de témoin. Ce délit sera-t-il
assimilé à de la corruption ? Ce qui l’empêcherait de se présenter,
selon la loi électorale. C’est une crainte formulée par son entourage
tout en affirmant : « La corruption et la subornation, ce n'est pas la même chose ».
Kabila candidat ?
Tout dépendra aussi d’un éventuel accord au sein de l’opposition pour
une candidature commune. Il en est question depuis plusieurs semaines,
mais aucun nom n’a émergé jusqu’à présent. Jean-Pierre Bemba, qui a
plaidé en ce sens sur RFI, promet de se réunir avec ses camarades de
l’opposition à son retour annoncé le 1er août. Mais avec une clôture des
candidatures le 8 août, cela laisse peu de temps.
Autre inconnue, l’identité du candidat du camp présidentiel. Pour l’instant, aucune information n’a filtré.
Le FCC, le Front commun pour le Congo, formé autour du président
Kabila, a promis un candidat unique. Joseph Kabila jure son total
respect pour la Constitution sans dire formellement qu'il quittera le
pouvoir. Et aucun nom pour un éventuel dauphin n’a encore été annoncé.
Cela alimente les soupçons de l’opposition qui accuse le président de
vouloir briguer un troisième mandat même si la Constitution ne l’y
autorise pas. Va-t-il tenter un passage en force ? C’est la question qui
alimente toutes les spéculations à Kinshasa. Nul doute que tous les
regards seront tournés vers la Céni pendant la quinzaine à venir. Fin du
suspense sur les intentions de l’actuel président au plus tard le 8
août.