
En RDC, on est donc en théorie à J-2 de la date officielle de la publication des résultats provisoires de la présidentielle. Et, avant cette échéance, les appels en direction de la Commission électorale se multiplient. L'Union africaine (UA) et la Conférence épiscopale demandent à ce que le verdict des urnes soit respecté. Ces dernières heures, les Etats-Unis et le Canada sont, eux aussi, montés au créneau.
Après le scrutin du 31 décembre, Washington demande les « vrais »
résultats des élections. Les Etats-Unis disent être aux côtés des
millions de Congolais qui se sont rendus aux urnes dimanche dernier, qui
se sont mobilisés pacifiquement, souligne encore le département d'Etat
américain, malgré « la confusion le jour des scrutins, retards dans
l'acheminement du matériel électoral, les problèmes de localisation, des
bureaux de vote, des listes électorales ». « La Céni doit tout faire », dit le gouvernement américain, « pour s'assurer que ces voix et ces votes soient entendus ». Washington qui se dit prêt à prendre de nouvelles sanctions.
Sur les réseaux sociaux, l'ambassadeur du Canada dit, lui, soutenir
les déclarations des missions électorales de l'Union africaine (UA) et de la Conférence épiscopale. La
mission de l'UA avait réuni mercredi les trois principaux candidats ou
leurs représentants, le président de la Commission électorale et avait
insisté sur ce point. Il faut que les résultats proclamés soient
conformes à la vérité des urnes. Le chef de la mission de l'UA, le
Malien Diouncouda Traoré, a été reçu ce matin à Addis-Abeba par le
président de la Commission, Moussa Faki. A l'issue de cet entretien, le
tchadien Moussa Faki a de nouveau insisté lui aussi sur le fait que « le respect du résultat des élections est crucial ».
La Conférence épiscopale est allée plus loin ce jeudi. L'Eglise
catholique a la plus grande mission d'observation électorale et la Cenco
assurait déjà connaitre le nom du président élu sur la base d'un
échantillon représentatif d'un peu moins d'un tiers des bureaux de vote,
mais dit attendre que la Céni proclame ces résultats, dans la vérité et
la justice, alors que des cas de fraude continuent d'être signalés.
Réunion à l’ONU
Au niveau de l’ONU, le Conseil de sécurité va se réunir ce soir sur
les élections en République démocratique du Congo alors que depuis
plusieurs jours beaucoup s'interrogent sur le silence des Nations unies
autour des dysfonctionnements et irrégularités dénoncées le jour du
vote. Pourtant, elles ont été informées, même si le secrétariat général
insiste sur le fait que la Monusco n'a « pas le mandat de faire de l’observation électorale ».
Si l’on en croit des rapports internes, l’ONU était informée
d’agissements de plusieurs groupes armés, dont celui du chef de guerre
Guidon Shimiray Mwissa mis sous sanctions du Conseil de sécurité depuis
février dernier. Avec ses alliés, l’UDPI, l’APCLS-renové, il a perturbé
les opérations de vote. « Dans le Masisi, après plusieurs tentatives
de forcer les électeurs à voter pour le candidat de la majorité, les
centres de vote de Bukombo et Nyabiondo ont été fermés par des éléments
du NDC-rénové sous supervision de Guidon », dit l’ONU, et ce, sans
intervention des forces sécurité. Le jour des scrutins, l’ONU a
documenté cinq cas de violences seulement et provoquées par des
suspicions de fraudes.
En revanche, il y a des dizaines de violations du droit de vote et
autres allégations de fraude électorale documentées par l'ONU. Des
intimidations, y compris par des agents de la Céni, des distributions
d’argent et de nourriture, le tout pour influencer le choix des
électeurs en faveur de candidats du FCC. Finalement, comme tout au long
du processus, il n'y a que très peu d’information de la division
électorale de l’ONU. Division qui emploie tout de même plus de 200
experts déployés en soutien dans toutes les antennes de la Commission
électorale.