Alors que Juan Guaido, proclamé président vénézuélien par intérim, place
la question des aides
internationales au cœur de sa stratégie, le débat
sur une intervention étrangère est relancé, estime le journaliste du
service International du « Monde », Marc Semo.
Analyse. Le droit d’ingérence humanitaire était
passé au second plan depuis les attentats du 11 septembre 2001, et c’est
au nom de la lutte contre le terrorisme qu’avaient été menées les
interventions occidentales des dernières années. Il revient sur le
devant de la scène avec la crise vénézuélienne. Proclamé président par
intérim par le Parlement, seule instance politique nationale contrôlée
par l’opposition, Juan Guaido place la question des aides
internationales au cœur de sa stratégie.
Il a annoncé
que, le 23 février, des centaines de milliers de ses partisans forceront
les barrages de l’armée et commenceront la distribution des stocks de
nourritures et de médicaments – envoyés notamment par les Etats-unis –
qui s’entassent dans les entrepôts de villes frontières en Colombie.
Ces denrées sont bloquées par le régime de Nicolas Maduro qui, en dépit des évidences, nie toute « urgence humanitaire » et dénonce le « blocus » des Etats-Unis. « Empêcher ces distributions de vivres est un crime contre l’humanité »,
clame le jeune leader de l’opposition rappelant haut et fort ce qui est
une vérité au regard du droit international humanitaire.
Dans
un pays en plein chaos, avec une population aux abois frappée par la
malnutrition, ce thème de l’urgence humanitaire représente un efficace
levier politique pour Juan Guaido. Il en va de même pour Donald Trump.
Ses menaces d’intervention dans une région longtemps considérée par
Washington comme son arrière-cour semblent marquer le retour de la doctrine Monroe
mais, une fois n’est pas coutume, il joue aussi le multilatéralisme.
Dans son sillage, plus d’une quarantaine de pays, dont 21 des 28 de
l’Union européenne, ont reconnu Juan Guaido. L’aide pour un peuple au
désespoir représente une thématique porteuse.
Par le Monde