
À la suite des manifestations contre les résultats des
sénatoriales donnant le FCC de Joseph Kabila
vainqueur, le président
Félix Tshisekedi a décidé de convoquer le 18 mars une réunion
interinstitutionnelle, qui devrait déboucher sur d'importantes mesures.
La coalition de Kabila a rappelé la veille que le « cycle électoral est
âprement négocié ».
« Le cycle électoral en cours est âprement négocié » et
« mis en péril », a souligné dans la soirée du 17 mars le Front commun
pour le Congo (FCC), la coalition dirigée par Joseph Kabila, à l’égard
du parti politique de Félix Tshisekedi, l’Union pour la démocratie et le
progrès social (UDPS).
Une mise en garde adressée après les déclarations de Vital
Kamerhe, le directeur de cabinet du président, qui a annoncé la tenue
d’« une importante » réunion interinstitutionnelle le 18 mars, à la
suite des manifestations enregistrées dans le pays contre les résultats des élections sénatoriales.
Des annonces importantes devraient être formulées, a précisé Vital
Kamerhe. Le président de la République « veut frapper fort », a indiqué
à Jeune Afrique sous couvert d’anonymat une source proche de la présidence.
Plusieurs manifestations ont éclaté en RDC après la publication des
résultats des sénatoriales, qui ont donné le FCC de Joseph Kabila
largement vainqueur du scrutin. La coalition a remporté au moins 80
sièges, alors que tous les autres partis réunis – l’UDPS de Félix
Tshisekedi, l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe, le
Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba et la
plateforme de Moïse Katumbi – n’ont recueilli qu’une vingtaine de
siège
Tshisekedi « déçu »
Sous la pression de leur base, les autorités de l’UDPS ont exigé
l’annulation des résultats des élections sénatoriales. Félix Tshisekedi,
lui, se dit trahi par les députés provinciaux de son parti.
« Je suis plus que déçu par le comportement de ceux des nôtres qui
ont cédé à la tentation alors que le peuple leur a fait confiance », a
déclaré Félix Tshisekedi dimanche, alors qu’il échangeait avec un groupe
de la diaspora congolaise.
De son côté, la plateforme de Joseph Kabila refuse que soit annulé un
quelconque scrutin indirect (celui des sénateurs ou des gouverneurs et
vice-gouverneurs), tant que les opérations électorales prévues dans le
calendrier électoral de la Commission électorale nationale indépendante
(Ceni) n’auront pas été achevées.
Plaintes déposées
Parmi les mesures qui seraient en discussion, l’ouverture d’enquêtes
sur les allégations de corruption contre les députés provinciaux,
retarder les élections des gouverneurs prévues à la fin du mois,
suspendre l’installation du Sénat en attendant les enquêtes de la
justice, ainsi que la radiation des députés provinciaux au niveau de
leur parti politique respectif (UDPS-UNC). Des mesures qui devraient
être prises dans le strict respect de la Constitution et des
prérogatives du chef de l’État.
Le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, a déjà prévenu que
son parti traduirait cette semaine en justice plusieurs députés
provinciaux et engagerait la radiation de certains députés provinciaux.
Le porte-parole de l’ancien majorité présidentielle, André-Alain Atundu,
a déjà déposé une plainte contre quatre députés provinciaux dans la
province de la Mongala pour des faits de corruption.
Cette élection a été entachée par de nombreuses allégations de corruption,
poussant au retrait de plusieurs candidats. Avant la tenue du scrutin,
des personnalités de toutes les tendances politiques avaient dénoncé un
monnayage des voix par des élus provinciaux, qui exigeraient des sommes
allant de 20 000 dollars à 50 000 dollars (de 18 000 euros à 44 000
euros) par député provincial.