
Le chef de l’Etat, dont le deuxième quinquennat s’achève en 2020, a
souvent contesté la pertinence
de la limitation du nombre de mandats sur
le continent.
Les principaux partis d’opposition de Guinée,
des associations de la société civile et des syndicats ont annoncé la
création d’une coalition pour empêcher le président Alpha Condé de
briguer un troisième mandat en 2020. Ancien opposant historique et
premier président démocratiquement élu de cette ancienne colonie
française d’Afrique de l’Ouest régie jusqu’alors par des pouvoirs
autoritaires, Alpha Condé, dont le deuxième mandat constitutionnel
s’achève en 2020, a souvent contesté la pertinence de la limitation du
nombre de mandats sur le continent.
« Nous
nous opposerons par tous les moyens à la modification de la
Constitution, même si l’actuel président lui-même la souhaite
ardemment », a déclaré Mbadi Camara, responsable syndical, lors du
lancement mercredi soir 3 avril du Front national pour la défense de la
Constitution (FNDC). Ce dernier, qui rassemble opposants et
représentants de la société civile, appelle dans un communiqué à « contenir et anéantir cette volonté de troisième mandat ou de glissement de mandat » au-delà de 2020, notamment par la création de « cellules citoyennes » dans tout le pays.
« Présidence à vie »
Le chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, a lancé un appel aux « membres des forces de défense et de sécurité pour qu’ils s’inspirent du comportement de leurs collègues d’Algérie », en référence au départ du président Abdelaziz Bouteflika sous la pression populaire. « Il
ne faut pas qu’ils fassent preuve de naïveté en suivant aveuglément M.
Alpha Condé qui a envie de réprimer tout ce qui se dresse sur son
passage dans sa velléité de s’octroyer une présidence à vie », a ajouté M. Diallo, dirigeant de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG).
« Nous disons aux uns et aux autres : préparez-vous au combat parce qu’il va arriver. Nous empêcherons que notre pays sombre »,
a déclaré l’ex-premier ministre Sidya Touré, chef de l’Union des forces
républicaines (UFR). Pour Faya Millimouno, président du Bloc libéral, « Alpha Condé a un choix à faire : s’il veut terminer [son mandat], qu’il
respecte la loi. Mais s’il choisit de mettre le pied sur l’accélérateur
pour un autre mandat, nous allons écourter celui qu’il fait
maintenant ».
M. Condé,
81 ans, n’a jusqu’à présent pas annoncé de modification de la
Constitution afin de pouvoir se représenter en 2020, mais plusieurs de
ses déclarations récentes ont été interprétées en ce sens. « Personne en Guinée ne m’empêchera d’aller devant le peuple pour lui demander ce qu’il veut et faire la volonté du peuple »,
avait-il déclaré le 24 mars devant les militants de son parti. En
janvier, la présidence avait publié des propos de l’ambassadeur de
Russie, suggérant d’amender la Constitution pour permettre au chef de
l’Etat de briguer un troisième mandat, au grand dam de l’opposition et
de la société civile.
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