
Les milices de Misrata et de Tripoli, loyales au gouvernement d'union nationale (GNA), s'acharnent depuis une douzaine de jours à repousser les forces du maréchal Haftar du sud de la capitale. Ces contre-offensives ont un objectif simple mais laborieux : avancer. Mais depuis le 4 avril, les mêmes positions passent d’un camp à l’autre sans qu’une partie ne réalise de percée. Les frappes aériennes se sont alors intensifiées des deux côtés. Le maréchal Haftar semble avoir une stratégie pour faire tomber la capitale : rallier les villes de l’ouest à son armée.
Une cinquantaine d'officiers de l'armée et de la police de l'ouest,
tous debouts devant la préfecture générale à Sabrata, ville située à 60
kilomètres de Tripoli, déclarent ce mardi avoir lâché le gouvernement
Fayez al-Sarraj. Ils intègrent l'Armée nationale libyenne :
« Nous
faisons ce choix parce que nous pensons qu'il est le meilleur, nous
croyons que l'ANL dirigée par le maréchal Haftar, peut réunifier la
patrie, lui rendre son prestige et rendre leur dignité aux citoyens.
L'ANL peut mettre fin au chaos, rétablir la sécurité et la stabilité.
Sauver le pays des mains des milices. »
Aussitôt, l'emblème
sur la page Facebook de ces forces change : l'image de l'aigle remplace
le croissant qui auréole deux épées croisées.
Les forces de
Sabrata ne font en fait qu'officialiser leur position... Car ce
changement de camp n'est une surprise pour personne. Le major-général
Omar Abdel Jalil, chargé en 2017 par le Premier ministre de combattre
l'organisation État islamique à Sabrata, constate que le gouvernement
soutenu par la communauté internationale n'est qu'un « gouvernement de milices ». Il soutenait donc secrètement l'Armée nationale libyenne.
Au
tout au début de cette guerre à Tripoli, une source bien informée à
Sabrata nous affirmait que les forces sécuritaires de la ville avaient
clairement pris position pour l'ANL. « Ce qui était sous la table est désormais au-dessus de la table », affirme cette source.
Des proches de l'ANL affirment que d'autres villes qui entourent Tripoli
feront de même et s'allieront à l'ANL très prochainement. Sur la liste,
Sarmane, Ajilat ou al Jamil, ses villes comme Gheryane, Bani Walid et
Tarhouna soutiennent déjà le maréchal.
Encercler la capitale par
des forces qui s'allient à sa cause semble être la stratégie de l'homme
fort de l'est pour gagner cette guerre.
L'aviation de Misrata,
loyale au gouvernement Sarraj, a mené des frappes hier mardi au sud de
Sabrata et des positions sur la ville de Gheryane.
Selon l'OMS,
345 personnes sont mortes et 1 652 ont été blessées depuis le début de
cette offensive lancée le 4 avril dernier par le maréchal Haftar.