
On ne le dit pas assez, mais l'impérialisme sévit en bonne et due forme au Cameroun. Pendant ce
La situation au Cameroun est catastrophique. Elle ne date pas
d’hier. La catastrophe est l’essence même du Cameroun. De l'Afrique.
Il ne s’agit pas d’un accident de parcours, d’un problème de casting du personnel politique (même si le pouvoir en place est fortement médiocre , dégoûtant et irrécupérable ). Il ne s'agit même pas de la fameuse "mal gouvernance" (qui fait beaucoup de mal aux pays pauvres).
La "corruption" n'a jamais été un frein au développement économique
d'un pays : c'est tout le contraire. Dans un monde soumis aux lois de la
concurrence, du profit, de l'argent, la "corruption" est une nécessité.
Une force. Ceci n'a rien de dystopique. Malheureusement.
La situation catastrophique du Cameroun n’est aucunement liée à la soi-disant « longévité » de Paul Biya au pouvoir. Car, la seule
accession de ce monsieur au Pouvoir, le 6 novembre 1982, constitue une
« tragédie » bien plus importante que ces 36 ans de règne. C’est cette
accession qui est un véritable doigt d’honneur aux résistants
camerounais, Um Nyobe et les siens, lesquels ont été assassinés et
jetés dans la fosse de l’oubli, de l’insignifiance collective. Par
ailleurs, aucun État africain, ne peut et ne pourra
égaler en longévité, mais aussi en « dictature », ce que l’on a pu
observer, et qu’on continue d’observer en Occident....ou ailleurs
(Arabie Saoudite), ce qui n'est ni un mérite, ni un déshonneur, mais un
fait. Fait qui peut nous emmener à une vérité, à savoir qu'il n'y a
aucun lien entre « l’alternance démocratique » et l'essor économique d'une nation, sa puissance, sa naissance, sa renaissance. Les délires des uns et des autres sur la nature « non -démocratique » des régimes en Afrique ou du régime de Biya ne relèvent que de la banale moraline, de l’impérialisme larvé ou ostentatoire. Caesar dominus et Supra grammaticam.
S’il y a, dans la petite histoire politique du Cameroun, quelque
chose de révoltant, c’est ce que Ahidjo, puis Biya et leurs compagnons
de route incarnent. Ils ne furent que des recommandés de la
France. Conséquence, aujourd'hui, dans les rues de Yaoundé ou Douala :
les noms Um Nyobe, Enerst Ouandié et compagnie ne représentent rien.
Leur digne combat, on peut le dire maintenant, a été une perte de temps.
Les noms Kennedy, François-Xavier Vogt, Général Leclerc sont davantage
présents dans les consciences, dans l'imaginaire ou l'imagerie populaire
des capitales camerounaises. Ceci, on le doit au sinistre pouvoir en
place.
L’Afrique, c’est, disons-le, la Catastrophe Promise. La
Catastrophe Présente. La Catastrophe Passée. En somme, la Catastrophe
Absolue. Ni l’exotisation du Rwanda par les Américains, ni la technologisation du Kenya par ces mêmes Américains, ni l'Union Africaine ne
pourront sauver l’Afrique de son global naufrage. Bien entendu, ce
naufrage n'empêchera pas l'émergence de quelques individualités
....Quelques têtes de gondoles par ci, par là, ça, l'Afrique et ses
Parrains pourront toujours les exhiber au monde. In aeternam. Ainsi, le
triste enjeu en Afrique sera celui-ci : que la condition plus-que-misérable du plus grand nombre soit tempérée par la succes story de quelques individus afro-rien, afro-bienveillants, afro-politains, afro-européens, afro-américains, afro-disiaques (ah oui, oui), etc.
La catastrophe au Cameroun (et par extension en Afrique), c’est l’état actuel de la jeunesse. Une jeunesse incroyablement malade, seule, silencieuse et donc en errance, où qu’elle soit et où qu’elle aille.
Que racontent les statistiques au Cameroun? Prenons juste deux données. Les moins de 15 ans représentent à eux seuls 43 % de la population. Les 15 -24 ans, 21, 1 %.
Autrement dit, sur une population estimée à environ 24-25 millions,
plus de la moitié a moins de 25 ans. Le grand corps du pays est malade.
Le pays est également, en quelque sorte, en pleine crise de croissance.
Atteint d'une sévère maladie infantile.
La situation de la jeunesse camerounaise est le vrai drame de
ce pays. Nul ne s'en soucie! Nul ne s'en préoccupe! Nul n'en parle! Ni
les Camerounais eux-mêmes, ni leurs bien-aimés donneurs de leçons
occidentaux. La Catastrophe s'accompagne de la Distraction de cette
jeunesse. Le véritable drame présent au Cameroun, c’est
donc les conditions d’existence de sa jeunesse; Et plus globalement, on
pourrait dire que le véritable drame en cours dans le monde, c’est la
situation de la jeunesse africaine.
Si la jeunesse africaine est la jeunesse la plus inconsidérée
de la terre, y compris en Afrique, la jeunesse camerounaise est, quant à
elle, le parent pauvre des interminables gesticulations au Cameroun.
C’est une jeunesse, globalement, sans perspectives. Sans avenir. Sans
terre. Une jeunesse dépossédée, expropriée, baladée. Une jeunesse
orpheline. Sans un seul repère qui ne soit son point final. Une jeunesse qui monte rarement au niveau des nuages, du ciel, car elle prend peu l’avion. Elle est donc, par défaut, la plus écologique
qu’il soit. Une jeunesse débrouillarde : elle se livre à la mer comme
si de rien n’était. L’eau, c’est la vie, mais c’est aussi la mort pour
le jeune africain. Le jeune gambien ou érythréen qui coule en pleine
Méditerranée, c’est la même chose que le jeune cholérique du Nord
Cameroun ou le chétif déshydraté en Somalie.
La situation de la jeunesse africaine est dix fois plus effrayante
que la situation climatique. Et plus on s'échauffe pour le climat en
Occident, pour la Démocratie en Afrique, plus on oublie cette jeunesse.
On l'exclut. On la sacrifie.
****
Les "problèmes réels" du Cameroun ne sauraient être d'ordre "démocratique". D'autant plus que la "Démocratie"
(pouvoir du peuple), même dans les pays occidentaux où la population
est vieillissante, n'est qu'un écran de fumée, une savante mascarade,
une vaste plaisanterie, un cirque coûteux. Et le dire ne signifie pas qu'on soutiendrait un quelconque régime oppressif .
La jeunesse camerounaise a radicalement besoin de santé, d’éducation,
d’alimentation saine et équilibrée, de travail, de loisirs (ses seuls
loisirs pour l'heure étant l'alcool de très mauvaise qualité et
l'admiration du monde occidental’via satellite... c'est ça le village
planétaire).
Paul Biya n’est pas le sujet du Cameroun. Il ne peut être le sujet.
Il ne peut être ce qui doit mobiliser les uns et les autres. Il n’est
pas le problème et il est très loin d’être la solution. Biya, on sait ce
qu’il vaut depuis la nuit des temps : pas grand chose. Sujet clos. Il
faut arriver ne serait-ce qu'à ce stade primaire de la compréhension et
de l'analyse des choses.
Ce qui est important, c'est de voir si le camp d'en face, du moins,
les « camerounais » qui aspirent à renverser la marmite, qui prétendent
vouloir un "autre Cameroun" valent quelque chose, valent "mieux".
Sont-ils organisés ? disciplinés? Ont-ils des idées? Ont-ils une
méthode? Sont-ils porteur d'un avenir véritable? Nous pouvons répondre
très rapidement par la négative à ces cinq questions. Sur l'organisation,
il n'y a qu'à constater l'incapacité que les partis se revendiquant de
l'opposition ont eu, lors des récentes présidentielles, à surveiller les
élections. Le RDPC, parti au Pouvoir, fut le seul parti a avoir sur
l'ensemble du territoire, des scrutateurs. Sur la discipline, le
saccage imbécile des ambassades camerounaises à Paris et Berlin
démontrent à suffisance que le pays est davantage secoué par une bande
désordonnée d'ultra amateurs confondant l'abîme et l'aurore. Au niveau
des Idées, c'est le sahara total, le désert, la sécheresse. La haine à
l'état pur fait office de polémique. On s'invente des querelles
tribales, on ressasse un passé si peu éclairé et on le floute encore.
Bref! Le Cameroun se meurt en chantant.
Ces opposants "Camerounais" veulent simplement la "place" que
Biya occupe. Nourris de leur bonnes intentions, ils ont la conviction
qu'ils seraient meilleurs "gestionnaires" des "aides" du FMI ou de la
Chine, meilleur ''démocrate'' que l'actuel président. Ils n'ont qu'une
obsession : devenir enfin les prébendiers officiels de la République du
Cameroun.
Le Cameroun, plus que d’un chef d’Etat élu démocratiquement, a
besoin de produire en masse des intellectuels (médecins,
mathématiciens, ingénieurs, philosophes, penseurs, architectes,
agriculteurs, artisans.. ) ...Les « produire » et mieux encore, les
organiser, afin de travailler avec et pour cette jeunesse. Et en lieu et
place des armées coloniales ou de conservation du pouvoir,
il faudra, en attendant que le fumeux "panafricanisme" se solidifie un
peu, que chaque État puisse mettre en place une véritable armée ayant
à cœur de défendre son territoire, et donc d’avoir une emprise
sur ses matières premières. Regardons ce malheureux Congo-Kinsasha.
Regardons le en face...
On ne peut travailler pour cette jeunesse en s’enfonçant dans
des crises superficielles de type « démocratique » ou
« ethnico-souverainiste » dans lequel les « africains » ne cessent de
persévérer. Avant hier le Nigéria, hier le Soudan, aujourd’hui le
Cameroun. (....)sed diabolicum!
L'impérialisme règne dans le monde
Autrefois appelés "colonies", les "Etats africains" sont
restés les proies des puissances impérialistes. Ce sont des zones où le
capitalisme se ravitaille en matières premières à moindre coût. Sans
cesse. Sans complexe. Sans véritable résistance...sinon celles des
moustiques porteurs de paludisme.
Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun sont des régions
stratégiques et économiquement rentables pour le pays. L'Etat du
Cameroun n'a aucune raison d'instaurer le chaos dans cette partie du
territoire. Hélas, ses tares intrinsèques, fondamentales, ont servi de
prétexte à des petits groupes de mercenaires pour prospérer "ouvertement", librement, sans qu'on entende les Organisations Internationales ou mêmes les puissances occidentales se liguer contre ces gens-là.
On ne le dit pas assez, mais l'impérialisme sévit en bonne et due
forme au Cameroun. Pendant ce temps, les apprentis démocrates locaux se
déchirent pour savoir qui a remporté les élections...Ils entretiennent
la confusion dans leur propre camp, ils détournent le regard des
populations des choses essentielles. Ils se laissent domestiquer par les
concepts de droits de l'homme et consort.
Que faire d'Achille Mbembe, intellectuel camerounais?
Le postcolonial, postintellectuel, postcamerounais,
post-tout-ce-vous-voulez Achille Mbembe, a lâché une tribune sur sa page
facebook en mai, dans laquelle il semblait indiquer ce qu'il fallait
faire. Hélas, l'intellectuel qu'il peut être parfois, par inadvertance, a
laissé place au perpétuel propagandiste post-machin ou enfumeur qu'il
est véritablement.
La jeunesse africaine est seule, disais-je plus
haut...Oui, cette solitude intellectuelle est la raison même de sa
perdition, de son errance, de sa dégénérescence.
Que voulez-vous que cette jeunesse terriblement cassée
par l'expérience fasse avec des Mbembe? Elle ne peut que se coucher,
fatigue oblige, et rêver...ou alors se maintenir debout et rêvasser.
Autrement dit, il existe un certain type d'intellectuels africains, les
plus côtés en bourse, qui sont tout aussi nuisibles à l'émancipation du
continent africain que les dirigeants qu'ils aiment "critiquailler"
matin, midi, soir.
Pour justifier l'intervention de la "communauté
internationale" qu'il souhaite dans sa terre natale, le Révérend Achille
Mbembe argue que "Un tel niveau de saccage - en une période
aussi courte - de vies humaines, de biens matériels, d'infrastructures
et de ressources vitales, qu'accompagnent nécessairement maintes
atrocités et de très graves violations de droits humains - tout cela ne
relève plus d'une affaire intérieure." Mais le chômage
massif des jeunes camerounais, la pauvreté générale dans le pays, tout
cela bien sûr, ne relève que de la stricte compétence de Biya.
Achille Mbembe est très en retard. Il aurait
devancé Bernard Kouchner, qu'on lui aurait trouvé quelques mérites. Le
Cameroun n'est pas le seul pays au monde qui soit trempé dans les
conflits. La Libye, n'est-elle pas devenue une véritable
jungle du fait que, quelques savants ont affirmé qu’il ne s’agissait
plus d’une "affaire intérieure" et qu'il fallait dépêcher les humbles
serviteurs de l'OTAN?
Si Mbembe est vraiment scandalisé par le "saccage, les vies humaines, les biens matériels..."
le cas du Cameroun devrait moins le préoccuper. Nous pouvons lui
dresser une petite liste de Pays où il nous tarderait de lire, sous sa
plume, ce qu'il y a lieu de faire : Somalie, Soudan, RCA, RDC , Palestine, Libye, Irak, Syrie, Afghanistan, Yemen....Le
patrimoine mondial de l'Unesco n'a pas été saccagé au Cameroun mais en
Syrie. Que de villes détruites en Irak! Que d’œuvres pillées en
Syrie...Que de morts en RDC...Que de Squelettes au Yemen...Et le
Révérend Mbembe n'a pas bronché. Pourquoi donc? Y a t-il commune mesure
entre ce qui se passe dans ces pays et la réalité au Cameroun? Nein.
"Tout indique en effet, poursuit le postcolonial, que
le régime de Yaoundé a perdu le contrôle exclusif (l'un des critères de
la souveraineté) dans deux régions importantes du pays ou son autorité
est désormais violemment contestée."
Le Cameroun, tout comme d'autres pays africains utilisent le Franc des Colonies Française d'Afrique (F Cfa). Ce
volet de la souveraineté semble moins agacer l'Afro-intellectuel
Mbembe. Tout comme la sur-présence des militaires américains,
français..dans le Golfe de Guinée semble ne pas le gêner.
Le Nigéria, première puissance économique en
Afrique, a t-il le contrôle exclusif de son territoire? N'héberge t-il
pas le siège de Boko Haram? N'a t-on pas capturé et perdu de vue plus de
200 jeunes filles en 2014 du côté de Chibok au Nigéria ?
Ce ne sont pas deux régions qui contestent
l'autorité du régime de Yaoundé. Il y a des mercenaires qui ont enfin
décidé de passer aux actes. Ce sont ces mercenaires (qui ne représentent
qu'eux-mêmes) qui contestent l'autorité de l’État du Cameroun. Alors,
que des mercenaires installent un climat de chaos dans ces deux régions
ne veut pas dire que "deux régions" (la majorité de la population)
contestent le régime. C'est imbécile de ne pas faire cette petite
distinction. D'autant plus imbécile que la quasi totalité des déplacés
de ces deux régions, qu'on appelle "anglophones", se déplacent à
l'intérieur du pays, en direction des zones plus stables et calmes. Où
migrent, où se réfugient les populations de ces deux régions? Dans ce
que certains pourraient appeler la partie "francophone" du pays. La
majorité de la population est en quête de protection de l'Etat. Et il
n'y a qu'un Mbembe pour penser qu'il faut un "dialogue intégral"
lorsqu'en face on a des gens qui ont pris des armes, précisément parce
qu'ils n'ont rien à avancer comme argument, leur seule voie de
prospérité ne pouvant être que le chaos.
Et, ne nous voilons pas la face, si l'Etat du
Cameroun est affaibli dans ces régions et même partout ailleurs à des
degrés divers et sous des formes différentes, c'est en partie grâce à
des specimens comme Mbembe. L'on s'amuse à mettre sur un pied d'égalité
l'Etat camerounais, aussi catastrophique soit-il, et les mercenaires
moribonds qui se réclament de l'Ambazonie. On peut constater que, ces
derniers temps, les moribonds ont gagné la sympathie de quelques petits
opposants assoiffés de pouvoir ayant pour mot d'ordre: l'opportunisme, notre demeure!
La détestation d'un régime ne saurait justifier sa
liquidation à n'importe quel prix. Il incombe aux plus instruits d'une
société, d'une société aussi fragile et misérable que la société
camerounaise, de ne jamais prêter le flanc aux aventuriers de toute
sorte. Sécessionnistes, fédéralistes et j'en passe, aujourd'hui
au Cameroun, sont des aventuriers...les pires qu'ils soient. A côté
d'eux, même le dégoutant et irrécupérable régime de Biya passe pour
sympathique.
"Au lieu de protéger ses citoyens, écrit Achille Mbembe,
en recourant au dialogue intégral, le gouvernement a déclaré la guerre a
ceux d'entre eux qui sont porteurs de revendications qu'il n'approuve
guère, dont la plupart sont, au demeurant, légitimes."
Nous y sommes. Il n'y a qu'un intellectuel de la
trempe d'Achille Mbembe pour penser qu'un Etat, une société, un groupe
puisse se protéger en recourant au dialogue avec les "ennemis".
Pendant que les mercenaires s'arment, il faut que l'Etat camerounais,
lui, se désarme, et ait recours au "dialogue intégral". L'expression ne
manque pas d'air.
Le gouvernement camerounais n'a jamais déclaré la
guerre aux enseignants et avocats du Nord-Ouest et Sud-Ouest Cameroun
qui avaient initié une série de revendications. L'historien Mbembe
reprend le fil des évènements à l'envers. Il ne distingue rien, il
mélange tout...Il entretient la confusion. Comme intellectuel, dans ce
passage à vide que connaît le Cameroun, il ne sert donc à rien. Que le
gouvernement déclare la guerre à une bande armée qui ne s'est jamais
inscrite dans le débat d'idées, une bande armée qui terrorise la
population, une bande armée qui croit que la sécession du Cameroun est
un droit divin dont elle serait la détentrice, est la moindre des
choses. D'ailleurs, il faudrait même regretter que chaque camerounais
n'ait pas ressenti comme une attaque personnelle dans sa chair et ses os
les attaques de ces mercenaires....C'est chaque camerounais qui devrait
déclarer la guerre contre ''ces gens''...Car, aujourd'hui, c'est le
Cameroun entier qui va mal et continuera d'aller mal.
Quant aux revendications légitimes, il
faudrait dire à Mbembe que ce n'est pas lui, devant son écran de
smartphone, sur sa page facebook, qui décrète la légitimité ou non d'une
revendication. De quelles revendications, partent-ils? Et en quoi sont-elles légitimes?
Faut-il confondre la revendication des sécessionnistes avec la
revendication des avocats et enseignants (que je trouvais, pour ma part,
tout à fait discutables)? Faut-il confondre la revendication malhonnête
du MRC avec la Revendications des sécessionnistes? Faut-il confondre
les revendications fédéralistes hétéroclites avec les revendications
d'on ne sait plus qui?
Le gouvernement camerounais vaut ce qu'il vaut
(pas grand chose), mais Achille Mbembe ne vaut pas plus que lui. Il est
en deçà du régime camerounais. Il ne saurait donc donner des leçons. Ce
n'est qu'un pompier pyromane.
Dans le rôle de pompier, après avoir contribué à mettre le feu, il déclare: " Dans
la mesure ou l'Etat n'est plus à même de préserver la vie et la
sécurité de centaines de milliers de civils contraints à la fuite (voire
dans la mesure où il fomente lui-même cette insécurité), l'on est
désormais face à une grave affaire internationale qui menace la paix
régionale et dont la solution requiert, par conséquent, le recours aux
outils et dispositifs juridiques internationaux."
Dans quel pays au monde, monsieur le postcolonial a
t-il vu un Etat assurer, préserver la vie et la sécurité des civils par
le "dialogue intégral"? Lui qui enseigne dans les universités
américaines, peut quand même nous parler des jeunes noirs tués par la
police au nom de la sécurité, de la légitime défense et de l'ordre
public...Mbembe a t-il déjà pris sa pauvre plume pour s'attaquer à la
police américaine et exiger que la Communauté internationale se penche
un peu sur le cas USA?
Parlant des civils contraint à la fuite, c'est
archi vrai....Mais, Mbembe sait au moins que son pays le Cameroun dans
la sous-région, et même dans la région est une haute terre de réfugiés.
Au 31 mai 2018, le HCR (Haut Commissariat pour les
Réfugiés) recensait sur le sol camerounais 358 438 réfugiés. Près de
258 779 Centrafricains, plus de 90 000 Nigérians (du Grand Nigéria),
près de 2000 Tchadiens....des Rwandais, des Congolais, des Soudanais,
des Ivoiriens, etc. La fameuse paix régionale, Mbembe la découvre en
2019, mais qu'il sache enfin que le Cameroun n'y est pour rien. La
Centrafrique représente depuis des années maintenant une grave affaire (la France y a déposé les bagages de son armée)....Hélas, on n'a pas beaucoup entendu l'historien sur le sujet.
Les fameux "outils et dispositifs juridiques internationaux." n'ont
pas jugulé, ni réglé les crises soudanaises, somaliennes,
centrafricaines, congolaises....On ne voit pas pourquoi, soudain, ils
seraient d'une redoutable efficacité au Cameroun. On ne voit pas
pourquoi ces miraculeux dispositifs internationaux se pencheraient
d'abord sur le cas Cameroun alors qu'il y a des cas plus anciens, dont
ceux de nos chers voisins centrafricains et nigérians. Inutile de
renchérir sur la RDC, la Palestine...et que sais-je.
"Le recours aux instances internationales et
aux mécanismes juridiques associés se justifie d'autant plus que de
nombreux précédents existent, où la communauté internationale est
intervenue énergiquement, et pour des causes relativement bien moins
graves que celle-ci", insiste l'inutile intellectuel.
On peut tout justifier. L'intervention en Irak,
elle aussi, a été parfaitement justifiée par Sir Collin Powel. En Libye,
BHL s'est chargé du volet justification....Au Venezuela, les
justifications sont déjà là, simplement, la Russie joue au
trouble-fête...alors pas d'intervention pour le moment. Et si on
commence alors à justifier une intervention par une autre intervention,
sans se soucier du résultat, alors soit on est fou, soit on est corrompu
par ce "système d'intervention" (L'impérialisme). Que Mbembe procède a
un bilan des interventions de la "communauté internationale"...Juste un
bilan, pas plus. Ses analyses, qu'il les garde pour ses Ateliers de la
Pensée Négroïde ou Négrotique à Dakar.
Et, lorsqu'il évoque "des causes relativement bien moins graves que celle-ci.", on aurait bien voulu savoir lesquelles. "Graves"
par rapport à quoi et à qui? Quel est le référentiel de Mbembe? Estime
t-il ce qui se passe au Cameroun plus grave que ce qui se passe au
Yémen? Considère t-il le régime de Yaoundé plus inspportable que celui
de Riyad? C'est effrayant de voir cet Africain écrire une telle phrase.
Et par la suite, c'est ce même Achille Mbembe qui pondra un article dans Le Monde pour sermoner l'Afrique en disant que: "Les Africains doivent se purger du désir d'Europe".
Que Mbembe commence d'abord à se purger de son propre désir de «
communauté internationale » ...,de ses propres fantasmes. Voilà donc un
intellectuel camerounais dont le jeune pays est traversé par plusieurs
crises, et qui ne trouve qu’à quémander l'intervention du "Sorcier
blanc" (Communauté internationale), à s'en remettre aux "outils et dispositifs internationaux". Or, on sait très bien lorsqu'on parle d'Organisation internationale qu’il s'agit en réalité d'organisations foncièrement occidentales...qui
ont été pensées inconsciemment ou consciemment, dans le seul but de
préserver les intérêts des pays du Nord, d'assurer leur domination. Le
droit international, ce n'est pas un droit neutre ni un droit qui
traduit et assure une quelconque égalité entre États dans le monde. On
le voit très bien avec Trump et sa "brave" attitude. Il piétine et
marche sur les outils et dispositifs internationaux chers à
Mbembe, et au final, pas une seule sanction à son égard, pas une seule
sanction à l'égard des USA. Quand même, ne poussons pas le bouchon
si loin, sanctionner les USA? C'est le monde à l'envers...Sanctionner
l'Afrique, y intervenir, encore et toujours, en se foutant des regards
obliques, ça, c'est dans l'ordre naturel des choses.
Bien. Arrêtons de commenter du Mbembe. Cela n'a
rien de stimulant. Rien de plaisant. Tout franc lecteur aura compris que
ce type d'individus est davantage préjudiciable à la santé mentale de
l'Afrique et à son devenir que n'importe quel président de la République
mal élu.
Il y a bien sûr une dimension africaine, voire
internationale dans les crises qui traversent le Cameroun. Mais ce n'est
pas une raison d'écarter les camerounais de leurs propres
responsabilités. C'est à eux, que doit revenir l'honneur, le défi de
sortir leur pays de l'impasse, de la tombe. Pourquoi demander à la CI
d'intervenir?
Dans n'importe quel pays au monde, toute crise
mêle à la fois des causes internes (nationales) et externes
(internationales), est-ce pour autant que Mbembe en appelle à chaque
fois à ladite "Communauté internationale". D'ailleurs, la fameuse crise
des "gilets jaunes" avait ceci d'amusant que les "revendicateurs"
semblaient ne pas avoir très bien compris que le problème n'était
aucunement franco-français, que leur soif du "RIC" n'était qu'une
plaisanterie. Au lieu d'aligner drapeau tricolore et Marseillaise dans
les manifestations, de stationner dans les ronds-points comme si on ne
savait pas quelle sortie il fallait emprunter, les "gilets jaunes"
auraient pu faire preuve d'une toute petite culture marxiste. Niveau
enseignement révolutionnaire, il n'y a pas mieux. Bref, revenons sur le
cas Cameroun.
Il faut soutenir, contrairement à Achille Mbembe, qu'aucune intervention de la "communauté internationale" n'est
souhaitable et bienvenue au Cameroun. Sous aucun prétexte. Au regard de
l'histoire récente, on peut soutenir que les interventions de la
"communauté internationale" sont des interventions impérialistes. Et l'impérialisme, comme Lénine nous l'a démontré méthodiquement, c'est le stade suprême du capitalisme.
Conclusion
Peut-on éviter au Cameroun son destin? Le destin
de l'Afrique? Celui de la Catastrophe Promise? Difficilement. Les
conditions sont réunies pour que les différents acteurs persistent dans
leurs bêtises, leur aveuglement, leur soif de pouvoir, etc... Peut-on
limiter les dégâts? Assurément. Et ça, cela commence par un diagnostic
clair et limpide de la situation. Il faut déjà arriver à faire entendre
aux Camerounais qui croulent sous le poids des poncifs
occidentaux, des concepts creux locaux, d'analyses foireuses, un autre
son de cloche, une autre lecture de la situation présente, et donc
proposer un autre Cameroun, une autre Afrique, un autre monde. Tout est
lié. Il faut en quelque sorte désintoxiquer les cerveaux, les réarmer
intellectuellement ....Sans cela, rien de bon ne se fera.
Certains Camerounais opportunistes ont le
sentiment d'être dans une situation de pré-révolution. Le régime de
Yaoundé tombera, voilà leur conviction. Et après?
Il faut s'occuper urgemment et sans délai de la
jeunesse camerounaise, se mettre à son service. Point par point. Il faut
penser avec elle, s'organiser avec elle, et agir avec elle. Les
gesticulations autour de la forme de l'Etat, les éternelles critiques
milles fois entendues sur le régime de Biya ne sont d'aucun intérêt.
A bon entendeur, salut!
Par mediapart.fr