Plusieurs communes et stations balnéaires se retrouvent face à un
dilemme: faire revenir les
touristes, nécessaires à leur survie
économique, tout en ne mettant pas en danger la population locale.
Le scénario du début de la crise du coronavirus va-t-il se
réproduire? En mars dernier, alors qu'Édouard Philippe venait d'annoncer
le confinement des Français afin de lutter contre la propagation du
Covid-19 sur le territoire, plusieurs dizaines de Parisiens faisaient fi
des règles sanitaires et se ruaient dans les derniers trains afin
d'échapper à la capitale le temps de la quarantaine.
"C'est la peur qui explique ces comportements"
Un exode qui n'avait que très modérément plus aux insulaires, notamment sur l'Île de Ré,
où certains avaient déploré l'arrivée massive de citadins, et avec eux,
le spectre d'une possible propagation alors que la région était à
l'époque vierge de tous cas de coronavirus. "Arrêtez de nous ramener le
virus", pouvait-on entendre, rapportait alors le quotidien Sud-Ouest. En Charente-Maritime, des véhicules immatriculés en Île-de-France avaient été dégradés.
Quelques
mois plus tard, la France est presque entièrement déconfinée et tente
de reprendre une vie normale, malgré les contraintes sanitaires et un
virus qui circule encore à bas bruit. Sur l'Ïle de Ré, la saison
touristique bat désormais son plein et les touristes sont de retour.
Malgré la méfiance de certains insulaires, les locaux se félicitent,
dans un reportage du Point, du retour en masse des vacanciers et tempèrent des actes de dégradations devenus minoritaires.
"Quelques-uns,
par stupidité, vont foutre en l'air toute notre réputation", explique
par exemple un commerçant, repris par un chef d'entreprise qui tente
quant à lui d'expliquer la réaction des Rétais en mars dernier.
"C'est
la peur qui explique ces comportements. On a montré l'île de Ré par le
petit bout de la lorgnette. Moi, je préfère que les gens viennent dans
leur résidence secondaire plutôt que de taper sur les gamins dans
un 30 m² à Paris", explique-t-il.
Malgré tout, certains insulaires
tentent désormais de nourrir la rumeur d'un potentiel retour de la
maladie avec la circulation des touristes, des faits invariablement
démentis par les autorités locales. À l'heure actuelle, aucun cluster
n'a d'ailleurs été identifié sur l'île.
Des tests au Cap-Ferret
Pour
autant, si le retour des vacanciers est majoritairement vu d'un bon
oeil sur l'Île de Ré et dans de nombreuses villes du littoral français
qui comptent sur la période estivale pour compenser le reste de cette
année, les municipalités souhaitent à tout pris agir afin d'éviter tous
risques.
Invité ce vendredi matin sur BFMTV, le maire de Lège-Cap-Ferret, Philippe de Gonneville, s'est dit inquiet "car le RO (le taux de reprodution effectif du virus, ndlr)
est remonté à 1,23 en Nouvelle-Aquitaine. Avec l'affluence touristique
très forte en cette saison et le mélange des populations, on redoute
l'apparition d'un cluster", explique-t-il. De fait, les masques seront
obligatoires sur les marchés de la commune.
L'élu a également annoncé que des tests seront proposés aux locaux et aux vacanciers sur ce même marché.
"En
partenariat avec l'ARS, nous allons proposer des tests Covid à la
population afin de tester, mais aussi appeler à la vigilance.
Vingt-quatre heures sont nécessaires pour connaître la séropositivité et
l'ARS prend en charge la conduite des opérations de façon à tracer les
personnes en contact et limiter les risques de pandémie", détaille-t-il
encore.
En guise de conclusion, Philippe de Gonneville réfute
l'hypothèse selon laquelle ces tests seraient anxiogènes pour les
vacanciers et la population locale.
"Ce n'est pas anxiogène. Cela
permet de contrôler cette infection et de permettre à ceux en vacances
de passer des bonnes vacances, dans de bonnes conditions de sécurité?
J'appelle à la responsabilité de tous."
"Nous ne méritons pas ces touristes, nous n'en voulons pas"
Si
la cohabitation avec les touristes semble, pour l'heure, bien se
dérouler en France, ce n'est pas forcément le cas chez plusieurs voisins
européens. Cette semaine sur Twitter, une vidéo montrant un groupe
d'Anglais, visiblement passablement ivres, se livrer à des dégradations
dans les rues de Magaluf sur l'île de Majorque ont scandalisé en Espagne, pays durement touché par la pandémie.
De
fait, la municipalité réputée pour son tourisme anglo-saxon parfois
agité a été forcé de fermer plusieurs rues de la ville aux touristes.
"Nous
ne méritons pas ces touristes, nous n'en voulons pas, et nous ne
voulons pas qu'ils viennent, conclut Iago Negueruela, responsable du
tourisme de la localité, dans les colonnes du Diario de Mallorca.
Par BFM TV