![«Ce ne sont pas les tweets mais les retweets qui vous causent des ennuis» selon Donald Trump. [SAUL LOEB / AFP] «Ce ne sont pas les tweets mais les retweets qui vous causent des ennuis» selon Donald Trump.](https://static.cnews.fr/sites/default/files/styles/image_640_360/public/000_1to8ox-min_5f1d5a2ddddfc_0.jpg?itok=OMVQUJ_F)
Le ton présidentiel n'aura duré que
quelques jours : Donald Trump a une nouvelle fois envoyé des
signaux
contradictoires et confus mardi sur le Covid-19, vantant
l'hydroxychloroquine et se posant en victime de critiques injustes sur
sa gestion de la pandémie, affirmant que personne ne l'aimait.
Visiblement fatigué, le locataire de la Maison Blanche a laissé
pointer de l'amertume face à la popularité de l'immunologue Anthony
Fauci et des autres scientifiques membres de la cellule de crise de la
Maison Blanche.
«Ils sont très respectés, mais personne ne m'aime, cela doit être ma
personnalité», a-t-il lancé, à moins de 100 jours de l'élection
présidentielle et au moment où il accuse un retard marqué sur le
démocrate Joe Biden dans les sondages.
Dans la nuit de lundi à mardi, Twitter a supprimé une vidéo
sur la pandémie partagée par le président de la première puissance
mondiale. «Les tweets comportant la vidéo violent notre politique
concernant la désinformation sur le Covid-19», a indiqué à l'AFP un
porte-parole du réseau social à l'oiseau bleu.
La vidéo, qui avait déjà été supprimée par Facebook et YouTube,
montre un groupe de médecins expliquer, entre autres, que les masques ne
sont pas nécessaires et qu'il «existe un médicament» pour traiter le
coronavirus, l'hydroxychloroquine.
Cet antipaludique a été promu avec force par Donald Trump au début de
la pandémie, mais plusieurs études scientifiques ont conclu à son
absence d'efficacité. L'Agence américaine du médicament (FDA) a
recommandé mi-juin de ne pas prescrire le médicament aux malades du
Covid-19.
«J'ai beaucoup lu sur l'hydroxy»
Appelé à expliquer ce soutien renouvelé à un traitement pour lequel
plusieurs essais cliniques rigoureux n'ont observé aucun effet positif
sur les patients, le président américain a mis en avant son instinct et
ses lectures.
«J'ai beaucoup lu sur l'hydroxy», a-t-il lancé, avant d'assurer que le dossier était devenu «politique».
«Lorsque je recommande quelque chose, ils aiment dire 'ne l'utilisez pas'», a-t-il ajouté.
Interrogé spécifiquement sur une médecin pro-hydroxychloroquine,
Stella Immanuel, très présente dans la vidéo qu'il a retweetée, il a
jugé qu'elle était "très impressionnante».
Les prises de position pseudo-scientifiques de cette dernière, qui a
notamment estimé que les dirigeants des Etats-Unis étaient des «esprits
reptiliens», «mi-humains, mi-extraterrestres», ont suscité de vives
interrogations sur sa crédibilité.
Le milliardaire républicain avait pourtant opéré il y a une semaine
un virage spectaculaire. Reconnaissant la gravité de la crise sanitaire -
«cela va sûrement, malheureusement, empirer avant de s'améliorer» - il
avait appelé clairement à porter le masque, et loué ses excellentes
relations avec les experts de la «task force» sur le virus.
Après une amélioration vers la fin du printemps, l'épidémie a repris
de plus belle aux Etats-Unis, pays le plus endeuillé au monde avec plus
de 149.000 morts.
La situation est particulièrement inquiétante en Californie, en
Floride et au Texas, où les autorités ont été contraintes d'imposer des
restrictions à rebours du déconfinement.
Fauci ne lit pas les tweets
Cible, une nouvelle fois, des attaques de la Maison Blanche, le Dr Fauci, directeur de l'Institut national des maladies infectieuses, a gardé son calme habituel.
«Pouvez-vous continuer à faire votre travail quand le président des
Etats-Unis met publiquement en doute votre crédibilité ?», lui a demandé
sur ABC le journaliste George Stephanopoulos.
«Je ne tweete pas. Je ne lis même pas les tweets», a répondu le
célèbre chercheur à l'accent new-yorkais prononcé, qui jouit d'une
grande popularité aux Etats-Unis.
«Je vais juste continuer à faire mon travail quoi qu'il arrive parce
que je pense que c'est très important. Nous sommes au milieu d'une
crise, d'une pandémie».
Depuis plusieurs jours, Donald Trump assure que la sortie de la crise
sanitaire est en vue grâce au «génie» pharmaceutique américain.
Au total, Washington a dépensé 6,3 milliards de dollars depuis mars
pour financer des projets concurrents, chez des laboratoires établis
comme Johnson & Johnson, Pfizer et AstraZeneca, et chez deux petites
sociétés de biotechnologie, Novavax et Moderna.
Le dirigeant a baptisé l'opération «Warp Speed» (un terme de
science-fiction signifiant «plus rapide que la vitesse de la lumière»)
et ne cache pas que son objectif est de vacciner l'Amérique d'abord,
loin des discours européens sur le vaccin comme «bien public mondial».
Par CNEWS avec AFP