![La pandémie de coronavirus a contaminé toute l'économie, dont l'industrie de la viande. [Photo d'illustration / CC Anthony Jauneaud].](https://static.cnews.fr/sites/default/files/styles/image_640_360/public/barbecue_illustration_cc_anthony_jauneaud_5f23e4759ce43.jpg?itok=XTIxcLaH)
Une bonne nouvelle pour la planète. Selon
l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et
l'agriculture
(FAO), après une première baisse enregistrée l'an passé, la consommation
mondiale de viande par habitant devrait cette année être à nouveau en
repli de 3 %, marquant la plus forte baisse enregistrée depuis l'an 2000
et la deuxième consécutive depuis 1961.
Relayés par l'agence de presse financière Bloomberg, ces chiffres, explique-t-elle, pourraient marquer un tournant décisif et s'expliquent notamment par la crise du coronavirus qui a bouleversé les lignes de production et la demande mondiale.
Si la tendance venait à se confirmer, elle marquerait un changement
radical et inédit pour une industrie alimentaire jusqu'ici basée sur une
croissance constante et quasiment ininterrompue.
les dépenses alimentaires en baisse
Fait notable, et non des moindres, cette inflexion se constate sur
tous les principaux marchés, y compris aux États-Unis, pays où la
consommation de viande par habitant ne devrait pas revenir aux niveaux
prépandémiques avant au moins l'année 2025, voire 2026.
Alors que le pays vient, jeudi 30 juillet, tout juste de rentrer
officiellement en récession, les consommateurs américains, dont beaucoup
ont perdu leur emploi et ne bénéficient pas d'assurance-chômage, ont dû
drastiquement faire des économies en commençant par réduire leurs
dépenses alimentaires, achats de viande en tête.
Par ailleurs, les multiples fermetures de restaurants ont affecté la
demande, la population n'ayant plus la possibilité de se rendre dans ces
établissements pour goûter grillades, brochettes et autres burgers.
Du côté de la Chine, qui représente environ un quart de la
consommation mondiale de viande, la baisse s'explique en revanche par
une méfiance accrue à l'égard des produits d'origine animale après que
le gouvernement a suggéré un lien entre les protéines importées et une
épidémie de coronavirus réapparaissant à Pékin.
De même, et cela s'est vérifié sur la plupart des marchés, les
usines, pandémie oblige, ont dû profondément réorienter leurs lignes de
production ce qui mécaniquement a engendré des problèmes
d'approvisionnement et, in fine, là aussi une baisse de la consommation
de viande.
Du côté des défenseurs du climat
et autres organisations écologiques et végans, cette baisse est bien
sûr accueillie comme une bonne nouvelle. Ces organisations plaident en
effet depuis des années pour une consommation plus réduite de la viande
et ont pour cela des arguments à faire valoir.
Un changement de modèle à confirmer
Il est désormais établi que l'agriculture génère plus d'émissions
mondiales de gaz à effet de serre que les transports, et que ces
émissions de gaz provenant du secteur agricole sont dues en grande
partie aux seules industries liées à la production animale, et notamment
à l'élevage.
La viande et les produits laitiers sont ainsi à eux seuls
responsables de 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre
d'origine humaine.
Que ce soit du côté des organisations écologiques ou des industriels,
la grande question est maintenant de savoir si - et jusqu'à quand - ce
changement de consommation va se confirmer dans le temps.
Car si les consommateurs s'habituent à consommer moins de viande avec
la pandémie, vont-ils modifier durablement leur régime alimentaire
lorsque la situation reviendra à la normale ? Ou, au contraire, vont-ils
diversifier leur alimentation
et manger moins de viande, ouvrant du même coup une nouvelle ère dans
les sociétés de consommation occidentales et plus largement mondiales ?
Alors que des millions de personnes pourraient se tourner davantage
vers des produits à base de protéines végétales en raison de
préoccupations environnementales, les opinions publiques suivent avec
intérêt ce qui se passe dans les abattoirs.
Elles sont notamment préocupées par l'explosion des infections à
coronavirus dans ces établissements (France, États-Unis, Brésil,
Allemagne) lesquelles ont braqué les projecteurs sur le sort des
salariés du secteur occupant des emplois dangereux et très globalement
sous-payés.
Les tendances à venir seront particulièrement scrutées par les
analystes. Mais s'il est toujours possible que la consommation de viande
connaisse un rebond, cela pourrait surtout s'expliquer par le fait que
la population mondiale croît plus rapidement que la production de viande
en elle-même.
Seules des analyses plus affinées, se concentrant sur les
consommations par tête, pourront continuer à indiquer si, et dans
quelles mesures, des baisses per capita sont certaines, marquant un
tournant industriel.
Par
CNEWS