C’était inespéré. Il aura donc fallu une saison amputée d’une dizaine
de journées, un classement
calculé au nombre de points par match et la
victoire de Paris dans les deux coupes nationales pour voir le stade de
Reims retrouver la coupe d’Europe, près de 60 ans après sa dernière
participation (C1 en 1962-1963). Sixième de Ligue 1, les Champenois
auront, comme souvent ces dernières années, profité de leurs excellents
résultats contre les cadors (victoire à Paris, Marseille ou Rennes) pour
se parer de la tenue d’invité surprise au deuxième tour de
qualification de la Ligue Europa. Le fruit d’un travail de longue
haleine du président Jean-Pierre Caillot sur la restructuration de tout
un club depuis son arrivée en 2004, d’une mise en place tactique ultra
rigoureuse de son entraîneur David Guion, et d’une cellule de
recrutement qui a multiplié les bons coups dernièrement, misant sur des
joueurs d’Europe du Nord et de l’Est totalement inconnus en France.
«57
ans d’attente ! Le Stade de Reims retrouve l’Europe ! Quel bonheur, se
réjouit auprès du Figaro le maire de Reims Arnaud Robinet. C’est une
superbe récompense après une magnifique saison. Un grand club ne meurt
jamais. Reims est fière de son club et toute la ville sera derrière son
équipe pour son retour sur l’échiquier européen.» Au stade Auguste
Delaune de Reims, avant d’entrer sur la pelouse, les joueurs passent
sous un auvent marqué «Institution de football». Il faut dire qu’en
champagne, le foot a longtemps été roi, avant de sombrer dans les limbes
de la sixième division française en 1991. Finaliste de la Ligue des
champions en 1956 et 1959, 6 fois champion de France, le club de Just
Fontaine et Carlos Bianchi s’était construit sa légende autour de ces
grands noms du foot et d’épopées fantastiques. Depuis une vingtaine
d’années, il avait donc dû remonter cinq divisions avant d'atterrir
cette saison à la sixième place de Ligue 1.
Pour décrocher ce
classement, le stade de Reims a pu compter sur la révélation Axel
Disasi, jeune défenseur central de tout juste 22 ans qui devrait partir
cet été pour environ 15 millions d’euros, mais aussi sur son gardien
serbe Predrag Rajković, arrivé du Maccabi Tel-Aviv il y a un an et
numéro 1 à son poste aux notes de L’Equipe cette saison. Ce fut aussi la
saison de la confirmation en défense centrale pour le Marocain Yunis
Abdelhamid, un dur sur l’homme qui a su compenser son âge (32 ans) par
un placement toujours impeccable. Buteur 3 fois, il restera l’un des
pionniers de l’équipe pour les deux années à venir, son contrat ayant
été prolongé. L’éclosion au plus haut niveau de Moreto Cassamá, le jeune
et menu Bissaoguinéen de 22 ans, très fine plaque tournante au milieu
de terrain, a également été remarquée. Tout comme les 7 buts de
l’avant-centre Boulaye Dia qui disposera d’un bon de sortie cet été.
S'appuyer sur un jeu rugueux
Pour la saison à
venir, le stade de Reims devrait pouvoir compter sur l'ailier kosovar
Arbër Zeneli, qui avait fait une arrivée fracassante en ligue 1 en
janvier 2019 avant sa rupture des ligaments croisés en juin. Idoines
également, les arrivées en janvier et juillet 2020 du Néerlandais Kaj
Sierhuis, très habile dans ses déviations en une touche, et de Valon
Berisha, recruté à la Lazio et présenté comme un «top player» par le
club. En 4-3-3 ou en 4-2-3-1, David Guion devrait continuer cette année à
proposer un bloc équipe ultra compact, un jeu rugueux, robuste, fait de
récupération dans les 30 mètres et de projection rapide. Pas forcément
le plus romantique qui soit, il faut le reconnaître, mais drôlement
efficace. Et quoiqu’il arrive, la coupe d’Europe est de retour à Reims,
57 ans après !
Par Louis Heidsieck
Lefigaro.fr avec Sport24