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Lors d'une audience tenue à huis clos, mardi, la Cour suprême a décrété
l'arrestation de l'ex-président
colombien, Alvaro Uribe, jugé pour avoir
tenté de soudoyer des témoins contre un rival politique. Le président
Ivan Duque a défendu l'"innocence" de son mentor.
C'est une décision inattendue pour les partisans d'Alvaro Uribe. La
Cour suprême colombienne a ordonné, mardi 4 août, l'arrestation de
l'ancien président qui est soupçonné d'avoir tenté de soudoyer des
témoins contre un opposant politique. Cette décision a été prise durant
une audience tenue à huis clos.
La Cour a indiqué, dans un
communiqué, que l'ancien chef de l'État (2002-2010) "purgera la
privation de liberté à sa résidence, et de là pourra continuer à exercer
sa défense avec toutes les garanties légales". Le sénateur et chef du
Centre démocratique (CD, au pouvoir), vit à Rio Negro, près de Medellin,
dans le nord-ouest du pays.
"La privation de ma liberté me cause
une profonde tristesse pour mon épouse, pour ma famille et pour les
Colombiens qui croient encore que j'ai fait quelque chose de bien pour
la patrie", a écrit Alvaro Uribe, sur son compte Twitter.
Il doit maintenant attendre la date de son procès devant cette cour, seule habilitée à juger les parlementaires.
Une décision saluée par HRW, dénoncée par ses partisans
Les
partisans du gouvernement ont farouchement critiqué cette décision,
qualifiant d'injuste le fait que l'ancien président soit arrêté alors
que les ex-chefs des Forces armées révolutionnaires colombiennes (Farc),
comparaissent libres devant la juridiction de paix issue de l'accord de
2016.
Lors d'une allocution publique, l'actuel président, Ivan Duque,
a pris la défense de son mentor : "Je crois et croirai toujours en
l'innocence et en l'honorabilité de celui qui par son exemple a gagné
une place dans l'histoire de la Colombie", a-t-il déclaré, en soulignant
son "amitié avec Alvaro Uribe".
Colombie : le président Duque défend l'"innocence" d'Alvaro Uribe
Mardi soir, ses partisans ont appelé à défiler en convois automobiles
dans Bogota, du fait de l'interdiction municipale de manifester en
raison du confinement en vigueur depuis près de cinq mois face à la
pandémie de covid-19.
Quelques concerts de casseroles en faveur ou contre l'ex-président ont aussi retenti dans la capitale.
Mais
d'autres, comme José Miguel Vivanco, directeur exécutif de la division
Amériques de l'organisation Human Rights Watch (HRW), l'ont saluée.
"Je
félicite la Cour suprême d'agir de manière responsable en ordonnant
l'assignation à résidence d'Uribe. La Cour démontre que tous — jusqu'aux
plus puissants — sont égaux devant la loi. Il faut respecter
l'indépendance judiciaire", a-t-il tweeté.
Soupçonné de manipulation de témoins contre un opposant
Alvaro Uribe, entendu le 9 octobre 2019 par les magistrats,
fait l'objet d'une enquête pour manipulation de témoins en sa qualité
de sénateur, affaire qui pourrait lui valoir jusqu'à huit ans de prison
pour subornation et fraude procédurale.
L'ex-président, qui
bénéficie encore d'un certain soutien populaire pour sa politique de
main de fer contre les guérillas de gauche, avait porté plainte en 2012
contre le sénateur Ivan Cepeda pour un complot présumé en s'appuyant sur
de faux témoins.
Il affirme que son principal opposant politique,
lui-même témoin dans l'affaire, a demandé à d'anciens paramilitaires de
l'accuser d'être impliqué dans des activités criminelles de milices
d'extrême droite armés contre les rebelles.
Toutefois, la Cour n'a
pas engagé de poursuites contre Ivan Cepeda, mais a décidé en 2018
d'ouvrir une enquête contre Alvaro Uribe pour la même raison :
manipulation de témoins contre un opposant.
"Aucune personne n'est
au dessus de la justice et de la loi en Colombie, toute influente et
puissante qu'elle soit", s'est réjouit le sénateur de gauche.
Une intense campagne pour défendre son honneur
Outre
cette affaire, il est visé par d'autres enquêtes pour des crimes
présumés liés au long et complexe conflit armé, qui mine la Colombie
depuis près de six décennies.
En juin, la Cour suprême a ainsi
annoncé l'ouverture d'une enquête pour une affaire d'écoutes illégales
menées par des militaires en 2019, visant quelque 130 journalistes,
hommes politiques, militaires en retraite et syndicalistes.
Malgré
tout, Alvaro Uribe a toujours clamé son innocence et son parti mène une
intense campagne médiatique pour défendre l'"honneur" de son chef.
Par FRANCE 24 Avec AFP